Auteur : Lionel Davoust
Éditeur : Folio SF (2017)
Genre : Fantasy
Le résumé : Rhuys ap Kaledán a été condamné, adolescent, à huit ans de servitude dans la Marine. A vingt-deux ans il est toujours en vie mais a tout perdu : sa demeure, sa famille, ses titres de noblesse... Lorsqu'il débarque à Aniagrad, la Cité franche, il a la tête pleine d'idéaux et est bien décidé à se faire un nom et, qui sait, à retrouver la place qui aurait dû être la sienne. Mais la cité du mensonge va vite le faire déchanter. S'il veut survivre, Rhuys devra faire bien des concessions et, même, prendre les prédateurs qui le chassent à leurs propres pièges.
Ma chronique : Ce n'était qu'une question de temps avant que je renoue avec Lionel Davoust, chouchou parmi mes petits chouchous, et le moins que je puisse dire c'est que malgré mes grandes et terribles attentes, j'en ai pris plein les mirettes - paillettes, licornes et compagnie en plein dans la figure ! Le moment était aussi reposant que grandiose, et si le bestiau n'est pas le meilleur de l'auteur, il envoie sacrément et mérite de trôner dans votre bibliothèque. Allez, on s'arrache pour Aniagrad, la cité où tout s'achète si vous allongez derrière ~ et ouvrez les écoutilles, y a de l'émotion au rendez-vous.
Huit ans se sont écoulés depuis que Rhuys ap Kaledàn a été contraint de quitter le domaine familial pour éponger les dettes contractées auprès d'Amiran Gheze. Huit années à servir dans la marine et dont nombre de jeunes gens seraient revenus brisés mais dont Rhuys, fraîchement débarqué à Aniagrad, revient des idéaux plein la tête. Déterminé à reprendre terres et titre, il ne dispose cependant que d'un nom pour reconstruire sa vie : celui d'Edelcar Menziel, ancien ami et collaborateur de son défunt père. Et lorsque Menziel lui fait part de son ambitieux projet de ressusciter l'artech du légendaire empire d'Asrethia, Rhuys déborde d'enthousiasme et s'engage lui aussi dans l'aventure. Mais la vie à Aniagrad est tout sauf un long fleuve tranquille ; surtout lorsque la route de Rhuys croise celle d'une mystérieuse Vendeuse d'âme qui lui ouvre peu à peu les yeux au monde et à la nuit.
Commençons fort, commençons bien et parlons d'un superbe point : le style, madre de dios ! Pas vraiment surprenant pour qui connait l'auteur, mais quel moment reposant à passer entre de superbes lignes. Un moment de calme, de plénitude et de poésie à l'état brut mais garanti sans formulations pompeuses, ça fait du bien par où ça passe et surtout ça ne se refuse pas après une dure journée de boulot. Davoust tranche net avec la fantasy à l'anglaise et son rythme endiablé : il prend son temps pour conter son histoire, y mettre la dose de sensibilité voulue - mais pas de pathos, c'est promis - et si tout le monde ne tombera pas sous le charme d'une roman d'une densité aussi assumée, il y a matière à toucher un certain public. Moi, j'en fais clairement partie et je signe de suite pour d'autres romans de cette trempe - ah ça oui mon petit !
"Comment un homme conciliait-il ses principes, ses valeurs, avec les réalités du monde ? "
Aux côtés de Rhuys et de la Vendeuse, il y a Aniagrad, la cité où le commerce est roi et où les lois ne pèsent pas plus lourd qu'une bourse bien pleine, la ville où tout se monnaie pour autant que vous sachiez allonger derrière. Labyrinthique au possible, toute en ruelles et venelles tortueuses, la ville est un gigantesque être vivant en constante évolution. On s'y représente aisément ses habitants confinés dans des cabanes branlantes bâties à même les anciennes constructions. C'est qu'à Aniagrad on ne détruit pas, on construit par dessus. On entasse et on prie pour que ça tienne alors que la promiscuité échauffe esprits et administrateurs crapuleux.
Mais Port d'Âmes c'est aussi une nouvelle facette d'Evanégyre que nous dévoile Lionel Davoust - petits chanceux que nous sommes ! Des siècles après les événements encore à paraître des Dieux Sauvages et bien après ceux de La Volonté du Dragon et de La Route de la Conquête, il y a matière à dévoiler encore davantage, à creuser encore plus loin et à frapper toujours plus fort. Au centre de cet univers où tout se complète parfaitement, il y a l'empire technologique d'Asrethia, ce qu'il a laissé derrière lui, ce qui a été oublié et ce que chacun en Evanégyre aspire à ressusciter. Une véritable civilisation légendaire dont Davoust dévoile des fragments de ci de là et qu'on se plaît à assembler comme on peut ; une intrigue dans les intrigues en somme, et un combo gagnant pour tout le monde. Evanégyre se fait tentaculaire et s'enrichit roman après roman, les informations se recoupent, s'additionnent et dévoilent peu à peu un tableau complexe et passionnant. Le monde a tout pour plaire et n'est pas sans rappeler les meilleurs du genre - ouais, je parle bien à mi-mot d'une trempe à la Gemmell et à la Sanderson, rien que ça !
Vous avez dit fantasy, science-fiction et post-apo ? Bienvenue en Evanégyre, bienvenue chez Davoust et bon vent !
Vous avez saisi, je suis con-vain-cue par cet auteur et je vous conseille plus que vivement ses récits - si toutefois un peu de densité ne vous fait pas peur. En ce qui le concerne, j'ai trouvé dans Port d'Âmes une touche de poésie et d'authenticité à laquelle je ne m'attendais pas et malgré un récit dense je ressors de ma lecture l'esprit apaisé. Pas de coup de cœur pour cette fois, mais ce n'est pas passé loin.
Note : 18/20
Date : 20 mai 2018 - 26 mai 2018
J'avais beaucoup aimé aussi, et particulièrement la ville d'Aniagrad !
RépondreSupprimerSi tu n'as pas lu d'autres livres de l'auteur, je te les conseille :-) !
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