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  • 6 juin 2018

    Hex de Thomas Olde Heuvelt

    Auteur : Thomas Olde Heuvelt
    Éditeur : Bragelonne (2017)
    Genre : Fantastique, Horreur, Thriller
    Pages : 378 (grand format)

    Le résumé : Quiconque né en ce lieu est condamné à y rester jusqu’à la mort. Quiconque y vient n’en repart jamais. Bienvenue à Black Spring, charmante petite ville de la Hudson Valley. Du moins en apparence : Black Spring est hantée par une sorcière, dont les yeux et la bouche sont cousus. Aveugle et réduite au silence, elle rôde dans les rues et entre chez les gens comme bon lui semble, restant parfois au chevet des enfants des nuits entières. Les habitants s’y sont tellement habitués qu’il leur arrive d’oublier sa présence. Ou la menace qu’elle représente. En effet, si la vérité échappe de ses murs, la ville tout entière disparaîtra. Pour empêcher la malédiction de se propager, les anciens de Black Spring ont utilisé des techniques de pointe pour isoler les lieux. Frustrés par ce confinement permanent, les adolescents locaux décident de braver les règles strictes qu’on leur impose. Ils vont alors plonger leur ville dans un épouvantable cauchemar… 

    Ma chronique : Hex est un roman qui a longtemps traîné dans ma wish-list, et j'avoue qu'après des mois infructueux à le guetter d'occasion, j'ai finalement cédé et l'ai acheté en librairie à son plein prix ; soit une vingtaine d'euros. D'après les avis très positifs que j'en avais lu et entendu, j'estimais ne rien avoir à perdre à courir le risque. Mais voilà, j'aurais certainement dû modérer mon enthousiasme ; car à trop idéaliser un livre, on s'expose à un retour de flammes. Et autant vous dire qu'avec Hex de Thomas Olde Heuvelt, j'ai pas mal roussi.

    Black Spring a tout d'une charmante petite bourgade des Etats-Unis. Élégant cadre de verdure, communauté soudée, épiceries familiales et voisins avenants... à première vue, de quoi donner envie à n'importe qui d'y poser bagages. Et pourtant, les habitants de Black Spring font tout pour éviter qu'une telle chose arrive - allant jusqu'à saboter les entretiens immobiliers des potentiels acheteurs. C'est que la ville est maudite, et chacun entend bien que cela demeure caché ; car si le secret d'une authentique sorcière aux yeux et à la bouche cousus se baladant dans tout Black Spring venait à s'ébruiter, la communauté toute entière serait menacée. En effet, bien que la dénommée Katherine van Wyler ait tout l'air d'une poupée désarticulée sans dessein ni volonté, chacun à Black Spring a appris à vivre avec elle autant qu'à la craindre. Mais de trop nombreuses années séparent la jeunesse de Black Spring du dernier incident et, forts de leurs certitudes adolescentes, un groupe d'amis commet l'irréparable et plonge la ville dans les ténèbres.

    Sachant l'auteur d'origine hollandaise, plus d'un lecteur se questionnera sans doute sur la volonté de celui-ci à situer son intrigue aux Etats-Unis plutôt que dans son pays natal. Côté marketing mis à part (il faut bien avouer que les petites villes américaines isolées, c'est vendeur et accrocheur), l'idée est en soit instructive et tend à écarter, du moins pendant un moment, Hex des sentiers battus du genre (quand bien même situer l'intrigue en Hollande lui aurait valu une distinction plus grande encore). Car tandis qu'il introduit les divers éléments de son intrigue, Thomas Olde Heuvelt administre au lecteur une piqûre de rappel plutôt bienvenue concernant la genèse des Etats-Unis qui, bien loin d'être le seul fait des Anglais, doit beaucoup à la Hollande. Et quoi de mieux, pour marquer le coup, que d'affubler la sorcière de Black Spring d'un nom bien de chez lui ? 

    Des noms, d'ailleurs, le lecteur en a droit à un paquet ; juste ce qu'il faut de protagonistes pour donner du corps et de la personnalité à Black Spring. Quoique le lecteur apprécie, il le trouvera : du cinglé en isolement à la bouchère fanatique en passant par la brute bagarreuse, le père de famille dévoué, le paysan qui s'improvise prophète et le maire intransigeant. A titre personnel et contrairement à de nombreux lecteurs, c'est la vieille Griselda qui a eu ma préférence. Usée par la vie et prise en pitié par la ville entière, elle se révèle au fil du récit non pas comme une héroïne, mais comme une bonne femme dont la crédulité et la bêtise crasse ne manquent pas d’atterrer le lecteur autant que de l'amuser. Et pourtant, ce n'est pas à elle que Thomas Olde Heuvelt cède le rôle principal de son récit, mais à Steve et Tyler Grant ; un père et son fils à la relation fusionnelle. Tandis que certains seront charmés et émus par ce duo, je suis pour ma part restée de marbre face à ces protagonistes trop propres et lisses en regard du reste de la communauté de Black Spring.

    Côté angoisse, je reste persuadée que l'auteur aurait pu mener sa barque dans une direction plus terrifiante. Tout dans son récit se prête en effet à une longue et lente descente aux enfers faisant resurgir le pire de chacun ; et si en fin de roman Thomas Olde Heuvelt parvient à donner l'illusion qu'il est parvenu à réveiller la bête qui sommeille en tout habitant de Black Spring, je n'ai pour ma part pas été dupe. Car au lieu de se centrer sur ses protagonistes et leur évolution malsaine, l'auteur s'égare dans la description de scènes répétitives. Ainsi, Hex souffre d'un énorme problème de rythme. Les chapitres qui auraient dû, selon la quatrième de couverture, faire office de brève introduction occupent les trois premiers quarts du récit. Les trois quarts, soit plus de deux cent soixante pages de surenchère constante. Et alors qu'il parcoure le récit, le lecteur s'interroge de plus en plus sur la promesse qui lui a été faite... et qui n'est finalement tenue qu'une petite soixantaine de pages avant la fin. Certes, cette intention de faire monter crescendo la tension est louable, mais ce crescendo, justement, dure bien trop longtemps. Finalement, ne récit n'est plus qu'une gigantesque montée en puissance répétitive et plutôt ennuyeuse. De ce fait, je suis complètement passée à côté de l'horreur qu'on m'avait tant vantée dans ce roman. 

    Malgré cela, il faut reconnaître que la dernière centaine de pages n'est pas dénuée d'un certain rythme. Cependant, avec le recul nécessaire, Thomas Olde Heuvelt donne l'impression de trop en faire. Visions terrifiantes, hystérie collective, déchaînement de violence : tout tombe d'un même coup sur Black Spring ; et si le message que l'auteur cherche à faire passer par la même occasion n'est pas sans fondements, il tombe néanmoins comme un cheveux dans une soupe qui, hélas, n'était déjà pas spécialement appétissante en ce qui me concerne.

    Bref, on m'avait vendu du rêve, un Projet Blair Witch romancé ; et voilà qu'à la lecture, Hex se trouve être un roman qui ne me fait ni chaud, ni froid et qui, de mon point de vue, ne respecte pas ses engagements vis-à-vis du lecteur. Plus qu'une déception, Hex est une leçon qui, malgré quelques points à mon goût, m'apprendra à tempérer mes ardeurs.



    Note : 13/20

    Date :  27 mai 2018 - 31 mai 2018

    1 commentaire:

    1. Bonjour,
      J'ai suivi le lien Livraddict et je débarque ici.
      Je partage ton avis mais avec un peu plus d'enthousiasme. C'est vrai qu'il y a pas mal de répétitions, une forme d'insistance dont l'auteur aurait pu se passer.
      Dans les remerciements de l'édition de poche, l'auteur dit qu'il a réécrit ce roman après sa première édition néerlandaise (surement après l'achat des droits par les américains), qu'il a déplacé l'action aux States (cela se passait en Hollande à l'origine) et changé la fin.
      Ps, il faut toujours tempérer les romans qui buzzent, avec le recul et le temps, les voix discordantes s'élèvent.

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