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  • 10 juin 2018

    Arca de Romain Benassaya

    Auteur : Romain Benassaya
    Éditeur : Pocket (2018)
    Genre : Science-fiction
    Pages : 543 (format poche)

    Le résumé : Les espaces infinis sont enfin devenus accessibles ! Grâce à l'Artefact, une étrange matière découverte sur un satellite de Saturne, on peut désormais voyager à la vitesse de la lumière. La Griffe du Lion, une exoplanète ayant révélé des caractéristiques semblables à la Terre, devient un objectif possible. Une aubaine alors que la Terre doit faire face à une surpopulation grandissante accompagnée d'un épuisement des ressources. Et que la colère des colons gronde sur Mars, où la terra- formation n'a pas tenu ses promesses. Heureusement, la construction du vaisseau à destination de La Griffe du Lion arrive à son terme. Quatre mille pionniers embarquent pour un voyage de huit ans. Mais, bientôt, une mutinerie éclate à bord... 


    Ma chronique : C'est dans la Kube du mois dernier que j'ai reçu Arca, un roman de science-fiction dont je n'avais encore jamais entendu parler mais dont l'édition en grand format chez Critic n'augurait que du bon. Et si dans l'ensemble décourvir Arca fût un plaisir, certains éléments peu maîtrisés (voire assez grossiers dans certains cas) ont gâché la fête.

    A seulement vingt-deux ans, Sorany Desvoeux peut se vanter d'être à l'origine de la découverte scientifique du millénaire et de tous ceux à venir : celle de l'Artefact, une matière mi-organique mi-minérale originaire d'Encelade et dont personne sur Terre ne parvient à percer les secrets. D'elle, on sait cependant deux choses : son affinité avec Sorany elle-même et l'énergie inconcevable qu'elle est capable de générer, équivalente à des centaines de millions de centrales nucléaires. Et c'est l'Arca que le groupe Horizon a choisi d'équiper de cette technologie considérée comme divine par beaucoup, lui permettant ainsi de distancer la lumière et d'envisager la colonisation de la Griffe du Lion, une planète habitable située à des dizaines d'années-lumières de la Terre. Car après l'échec du projet de terra-formation de Mars, la Terre n'a plus le choix : il lui faut placer tous ses espoirs dans la colonisation galactique. Vaisseau-cité pionnier transportant plus de trois milles passagers, l'Arca s'engage dans un voyage mouvementé que certains, sur Terre, souhaiteraient ne pas voir aboutir ; et tandis qu'il approche la vitesse de la lumière, la fanatisme religieux grandissant de nombre de passagers menace son fragile équilibre.

    Arca est un roman truffé de bonnes idées, c'est indéniable. Romain Benassaya est parvenu à créer un récit qui surprend et étonne ses lecteurs à partir d'éléments courants du
     genre (Terre à l'agonie et conquête spatiale, pour ne citer que ceux-ci). Sans aller jusqu'à affirmer qu'il donne un nouveau souffle au space-opéra (je ne m'y connais d'ailleurs pas assez en la matière pour en discuter), Arca fait partie de ces romans dans la moyenne qui, s'ils ne révolutionnent pas le genre, ont le mérite d'en porter les couleurs relativement haut - ou du moins suffisamment pour ne pas faire rebrousser chemin aux lecteurs s'y essayant pour la première fois. Hélas les bonnes idées ne suffisent pas à assurer à elles seules une réussite, et bien que je salue celles de Benassaya, leur concrétisation maladroite laisse à désirer. Ainsi, l'Artefact devient rapidement un gigantesque outil narratif fourre-tout, raison de tout mais que l'on n'explique pourtant pas. Et quand l'espace et le temps se mêlent à lui, apportant une conclusion abracadabrantesque au récit, l'ensemble pourtant jusque là cohérent est déforcé d'un seul grand coup. Mais la pilule aurait cependant pu passer s'il n'y avait eu cette plume quelconque et cette ponctuation catastrophique qui, non content de briser net le rythme du récit, n'aident en rien le lecteur à se l'approprier

    Et pourtant ce n'est ni l'emplacement malheureux d'une centaine de virgules, ni l'improbabilité totale de la chute du récit qui porte le coup le plus rude à Arca. La pire erreur de Benassaya, c'est d'avoir imposé une romance à un scénario qui se suffisait à lui-même, et ce sans en maîtriser les codes. Ainsi, tandis qu'il tente de se coiffer d'une casquette qui n'est définitivement pas la sienne, le ridicule prend le pas sur tout le reste. De tous les axes prometteurs qu'il y a à développer, Benassaya en choisit un qui ne fait pas partie de l'équation initiale. Du beau gâchis pour un roman au si fort potentiel.

    Soulignons toutefois un sens global de la narration plutôt maîtrisé, avec des chapitres travaillés et centrés sur deux protagonistes dont les points de vue s'alternent en toute équité. Voyageant à travers le temps et l'espace, le lecteur apprend à mieux connaître Sorany ainsi que Franck, un officier chargé d'enquêter sur l'avènement du culte enlinéen menaçant l'équilibre du vaisseau. Passant continuellement de l'Arca à Mars ou Encelade, le lecteur découvre un univers - le sien, par ailleurs - riche et surprenant. En ce qui me concerne, Benassaya a fait fort avec la terra-formation de Mars et l'enfer de ses mines qui rappelle le pire des bagnes, mais surtout le pire de l'Homme.

    Un roman qui aurait donc pu être infiniment meilleur, mais qui n'a pas non plus à rougir du petit succès qu'il connaît après de certains (bien que je sois décidément bien plus mitigée).

    Note : 12/20

    Date :  02 juin 2018 - 07 juin 2018

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