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  • 17 nov. 2022

    Le sang des Parangons de Pierre Grimbert - Vertu sous roche

     

    Auteur  : Pierre Grimbert
    Editeur : Mnémos
    Genre : Fantasy
    Pages : 320 pages (grand format)

    RésuméLe monde des hommes est en train de s’effondrer. Et toutes les prières, tous les sacrifices, semblent incapables d’y remédier. L’humanité assiste, impuissante, à son crépuscule. Une dernière chose doit cependant être tentée. Une folie, à la hauteur de cette situation désespérée. Chaque nation, chaque territoire a ainsi désigné son champion. Certains sont des sages, des savants, ou des dévots. D’autres sont des mercenaires, des aventuriers ou des chevaliers. Il y a même des rois et des reines… Ils ne se connaissent pas, ils ont parfois des intérêts contraires, mais ils ont été réunis pour former le groupe des parangons. Une escouade d’exception dont la mission représente la dernière chance de survie de leurs peuples respectifs. Ensemble, ils vont devoir pénétrer la montagne sacrée, siège du palais souterrain des dieux. Et s’ils parviennent jusqu’aux éternels, malgré les dangers légendaires que renferme cet endroit, ils devront les convaincre de sauver leur monde agonisant. En les suppliant… ou bien en les défiant, si nécessaire. Mais combien de parangons verront leur sang versé sur le chemin, pour permettre aux autres de continuer ? En restera-t-il un seul, qui pourra prouver que l’humanité mérite vraiment d’être sauvée ?

    Mon avis : Le mois où on a manqué de justesse un gros carambolage pour cause de betterave sur l'autoroute, une bonne nouvelle est venue nous enjailler : monsieur Choupaille a gagné un exemplaire du Sang des Parangons de Pierre Grimbert à un concours Mnémos. Mille merci à eux, on a bien reçu le colis (la Belgique c'est loin, il aurait pu se perde ou se prendre une betterave en route, qui sait ?). Toujours est-il qu'en bonne crevarde que je suis, je l'ai fauché à mon cher et tendre pour le lire sous son nez... et conclure qu'il aurait plutôt intérêt à le lire fissa, parce que c'est un one-shot de qua-li-té !

    Le terre meurt et se fend sous les cités démunies des Hommes, déchaîne sa lave en fusion sur les plaines fertiles et accule face à l'océan dévorant peuples et tribus. Face à ce déchaînement des éléments, seuls les Dieux semblent en mesure d'intercéder en la faveur de l'Humanité avant que ne sonne sa fin. Des émissaires sont envoyés implorer leur aide dans la Montagne Sacrée, puis des groupuscules musclés et enfin des armées entières, tous vomis démembrés sur son flanc en un macabre et implacable spectacle. Alors les seigneurs, les reines et les chefs de guerre se décident à unir leur force en une expédition unique et symbolique, la dernière chance de l'Humanité : les Hommes envoient leurs Parangons, les meilleurs représentants de chaque peuplade. La troupe hétéroclite s'engage sous la Montagne, déterminée à convaincre les Dieux tapis au fond de leur Palais. Mais les tunnels sont traîtres et la volonté de la Montagne ferme : on n'accède pas si facilement au palais des Dieux...

    Vous le sentez, le pitch net et efficace ?

    J'ai connu Pierre Grimbert avec la saga Le secret de Ji - comptez une bonne dizaine de tomes passionnants (au passage, je recommande à fond !). Après avoir lu une tonne d'avis conquis, j'ai décidé de commencer Le sang des Parangons sans pression. On ne peut pas attendre la même chose d'un one-shot que d'une saga complète, que je me disais. Faux ! En trois cent pages, Pierre Grimbert ficelle un roman zéro-reproche, multi-genres et tous publics (comprenez par là qu'il est capable de plaire à une autre sphère que celle des purs lecteurs Fantasy). Le Sang des Parangons est un stand-alone solide qui se dévore rapidement ; il devient ma nouvelle recommandation passe-partout aux collègues et amis qui ont envie de sortir de leur zone de confort littéraire. C'est qu'il y en a, des éléments pour plaider en sa faveur !

    Premièrement, malgré ses trois cent petites pages, j'ai été positivement surprise par l'éventail très riche des personnages, leur profondeur et leur qualité. Sur la quarantaine de Parangons qui s'engage sous la Montagne (guerriers et guerrières émérites, assassin, voleurs, mercenaires, savants, prêtres, moines, mages et j'en passe), on en suivra peut-être une quinzaine à tour de rôles, avec quelques fétiches qui reviennent davantage. Mais à travers cette multitude de protagonistes, Pierre Grimbert dépeint aussi leurs coutumes respectives, et c'est d'autant plus fort que c'est fait sans lourdeur et sans impacter le rythme très soutenu du récit. Dresser un tableau pareil sur un one-shot sans que l'histoire en pâtisse, c'est simplement dingue. Et si vous pensez que tel personnage est à l'abri parce que "on ne tue pas un narrateur", nope. Chacun a une belle épée de Damoclès au dessus de la caboche, et plus on descend dans les entrailles de la Montagne, plus elle vacille...

    Car si la troupe avance avec confiance les premiers instants, ses membres les plus dégourdis comprennent assez rapidement qu'il y a une couille dans le pâté. Des murmures à gauches, des pièges mortels à droite et droit devant, des galeries luminescentes comme sorties d'un autre monde. A mesure qu'on descend même l'espace et le temps semblent perdre leur droits, au point que de roman Fantasy Le sang des Parangons passe presque à un récit fantastico-horrifique à huis clos. Il y a des bestioles de cauchemar et cette volonté malsaine de la Montagne de stopper net la quête des Parangons : on ressent très bien ce climat lourd et oppressant, ça rend la lecture hautement addictive. Je lui trouve d'ailleurs, pour son esprit sanglant et ses morts au compte goutte, une petite touche du Dieu-oiseau d'Aurélie Wellenstein.

    Tout le long de leur périple, les Parangons n'en ont que pour les Dieux : qui sont-ils, pourquoi se terrent-ils dans un palais dont on leur refuse manifestement l'accès avec tant de malfaisance ? Si certains appellent la sainte rencontre avec ferveur, d'autres ont finalement envie d'en découdre après des semaines de terreur dans les boyaux de la Montagne qui, aux yeux des Parangons, n'a plus rien de sacré. La conclusion du récit, le face à face et la révélation finale, est à ce titre incroyable (et arrive après un boss de fin mémorable !). La chute a beau ne pas être une surprise totale, ça n'empêche pas Pierre Grimbert de clore son one-shot avec une fin ouverte qui tombe terriblement juste. C'est un vrai sans faute avec ce roman et une belle pièce à avoir dans sa bibliothèque, sans aucun doute ! Et paf, deux lectures coup de cœur d'affilée !



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