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  • 14 nov. 2022

    Bazaar de Stephen King - Bonnes affaires et mauvais tours

     

    Auteur  : Stephen King
    Editeur : J'ai lu
    Genre : Fantastique, horreur
    Pages : 384 et 445 pages (format poche)

    Résumé : Au hasard, Balthazar... Ce  pourrait être l'enseigne du bazar qui vient d'ouvrir à Castle Rock. Pourtant, rien, ici n'est laissé au hasard. Perles noires, pâtes de verre, ticket gagnant, saintes reliques... le moindre objet excite al convoitise de chacun des habitants, répondant à ses plus secrets désirs. Un rêve qui tourne vite au cauchemar car le sieur Gaunt, propriétaire des lieux, est un habile commerçant. Si ses prix sont dérisoirs, les blagues soi-disant anodines qu'il demande en échange de ses faveurs ont une saveur empoisonnée ! Qu'importe ! La voix du démon est douce à l'oreille et, pour une pacotille qui les met tous en transe, Brian, Nettie, Wilma et les autres gens de Castle Rock n'hésitent pas à vendre leur âme ...

    Mon avis : Mais quel plaisir de renouer avec Stephen King, et quelles retrouvailles ce fût de le faire avec ce roman incroyable ! L'automne bien frais et brumeux se prête toujours à une lecture horrifique et le maître de l'horreur est ma référence en la matière, l'un des essentiels de ma bibliothèque, et chaque automne je pioche un de ses romans. Il y a un bail j'ai eu la chance de faire main basse sur une vielle collection de King : une vingtaine de romans aux tranches jaunies ont rejoint mes étagères, et parmi eux, Bazaar (paru en 2 volumes VF en 1995 - oui, cette édition est presque aussi vieille que moi). Un roman au pitch aussi séduisant que les étals de Leland Gaunt...

    Castle Rock est en effervescence, un nouveau commerce vient d'y ouvrir ses portes : Le bazar des rêves, magasin de bric et de broc tenu par le charmant, l'autoritaire, le cauchemardesque, le mielleux Leland Gaunt. Un à un les habitants de la petite ville passent sa porte, par simple curiosité, eux qui ne cherchent rien mais repartent tous avec l'objet de leurs désirs inavoués. Le prix ? Dérisoire - le contenu de leur poche et un petit tour à jouer à un voisin, une maîtresse d'école... Les conséquences ? Funestes. A mesure que la tension monte dans la ville, le shérif Alan Pangborn flaire les miasmes démoniaques qui parasitent Castle Rock. Quelle est la source de la menace, et comment la contrer ? Deux volontés s'opposent pour sauver la ville et ses habitants, avant que n'explose le chaos.

    On commence par se fait alpaguer doucement, comme sur un souk - venez mes amis, matez-moi cette belle marchandise et la populace qui s'y agglutine... On met un pied à Castle Rock, on y pointe timidement le bout de son nez pour découvrir sa nouvelle boutique mystère. Un antiquaire, un prêteur sur gages ? Non, c'est bien plus. C'est le Bazar des rêves et son gérant dur en affaires, Leland Gaunt. C'est la cache où se rassemblent les désirs brûlants des habitants d'une ville entière : une canne à pêche, un gri-gri, une carte de collection. C'est l'antre du démon qui se repaît des âmes qu'il damne. Il demande quelques dollars à ses malheureux clients (mais en demanderait-il des centaines qu'ils les lui donneraient tout de même), et une mauvaise blague. Rien de méchant, vous trouvez ? Attendez, attendez que Leland Gaunt ne vienne exacerber les querelles de voisinage, les griefs communautaires, qu'il glisse ses doigts repoussants là où ça fait bien mal... 

    Attendez que la pression monte progressivement et explose en apothéose sanglante...

    Mais parmi toutes les âmes damnées de Castle Rock, il en demeure une petite poignée pour faire face. D'authentiques gentils que l'emprise du mal ne laisse certes pas indifférents, et qui devront allier leur forces à celles du shérif Alan Pangborn. Grand amateur de tours de passe-passe (attention, c'est important hé hé hé) Alan est un héros lumineux dans une ville rongée par le mal et habitée de base par quelques authentiques crevards. Mais le blanc immaculé, ici, ça n'existe pas : le shérif a vécu sont lot d'épreuves et une bonne partie du roman creuse ce personnage au bord de l'abîme. De quel côté basculera Alan ? Parviendra-t-il à passer outre ses propres démons pour passer sur le corps de Gaunt ? Pour une fois je n'adresse donc pas mon sempiternel reproche à King : dans Bazaar, les héros ne sont pas tout à fait irréprochables - ils sortent de la masse sans être des parangons de vertu.

    Les amis du King reconnaîtront en Alan le héro de La part des ténèbres, roman antérieur se déroulant lui aussi à Caslte Rock et dont il est vaguement question dans Bazaar (principalement pour planter le personnage d'Alan à ceux qui le rencontrent pour la première fois) - je ne l'ai pas lu mais croyez bien qu'il a rejoint ma wish list. Des liens, toujours des liens (et j'adore ça !): Bazaar fait aussi quelques références timides à Cujo (Castle Rock) et Salem (Jerusalem's Lot). Et quand King rappelle que Castle Rock est une petite ville du Maine, on ne peut s'empêcher de penser à la fameuse Derry (Ça, en partie 22/11/1963) et à Ludlow (Simetierre), toutes proches. Ma conclusion : le Maine, ça pue vraiment d'y mettre les pieds, voyagez ailleurs ; mais toutes ces références, ces liens mêmes ténus entre des romans qui ont été écrits à des décennies d'intervalles, c'est le feu ! Et bien qu'on n'en fasse pas explicitement mention (c'est justement ça qui est bon), je flaire un peu de Shining aussi ... je vous laisse le soin de trouver où. Bref Bazaar occupe dans la collection de l'auteur une place bien campée, et qu'il n'a pas volée.

    Par dessus tout ça le déroulement du roman est en lui-même une prodigieuse leçon d'intensité. Le chaos monte crescendo, parfois même un peu trop puisque arrivés à la énième blagounette de Gaunt, on peut trouver le schéma un poil répétitif. Heureusement ça ne dure pas puisque que passé ce moment, les évènements décollent pour atteindre une apothéose diabolique que ne saura contrer que notre cher Alan. J'ai lu le roman en VF de 1995, paru en deux parties, et la séparation arbitraire en deux tomes a vraiment nuit au rythme. Si vous avez le choix, privilégiez une édition one-shot, vous serez gagnant. Le conclusion est prenante et surtout (c'est ce que je préfère) douce-amère. Je ne vous en dis pas plus et vous laisse découvrir par vous même qui sortira vainqueur de la lutte pour Caslte Rock ; quelle que soit l'issue, le roman vaut de toute façon le détour !

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