Auteur : Estelle Faye
Editeur : Folio SF
Genre : Erotisme, poésie, post-apo, science-fiction
Pages : 384 (format poche)
Résumé : Un siècle après la Fin du Monde. Paris est devenue une ville-monstre, surpeuplée, foisonnante, étouffante, étrange et fantasmagorique. Une ville-labyrinthe où de nouvelles Cours des Miracles côtoient les immeubles de l'Ancien Monde. Une ville-sortilège où des sirènes nagent dans la piscine Molitor et où les jardins dénaturés dévorent parfois le promeneur imprudent. Là vit Chet, vingt-trois ans. Chet chante du jazz dans les caves, enquille les histoires d'amour foireuses, et les jobs plus ou moins légaux, pour boucler des fins de mois difficiles. Aussi, quand un beau gosse aux yeux fauves lui propose une mission bien payée, il accepte sans trop de difficultés. Sans se douter que cette quête va l'entraîner plus loin qu'il n'est jamais allé et lier son sort à celui de la ville, bien plus qu'il ne l'aurait cru.
Chronique : Je n'ai pas aimé Un éclat de givre - paf, d'emblée la couleur est annoncée ! Et vous savez ce qui me plaît le plus quand je me brise les dents sur un roman ? Pas de casser vilainement du sucre sur le dos de l'auteur après coup, non - pas le genre de la maison et par ici on estime trop Estelle Faye pour ça, de toute façon - ; non, ce que j'aime, c'est l'idée d'écrire un avis à contre-courant qui servira peut-être à d'autres (ou pas, vous êtes libres de m'ignorer complet) ... ou bien qui se noiera dans la masse des avis conquis (plus probable, mais au moins j'aurais essayé !). Un éclat de givre a son petit public de convaincus, Estelle Faye ses lecteurs dévoués (dont je fais toujours partie, oui oui) et le post-apo le vent en poupe, mais il n'empêche : entre cette autrice que j'aime lire, ce genre qui m'emballe à fond et les bons avis glanés çà et là, cette lecture m'a profondément, viscéralement et très regrettablement ennuyée. Alors sans m'étaler plus que nécessaire parce que je n'apprécie pas forcément d'avoir à remettre les pieds dans ce Paris de bohème largement revisité, on va faire le tour de ce qui m'a déplu - vite et bien, à l'inverse de Chet quand il tire son coup.
La Fin du Monde est derrière les Parisiens depuis un gros siècle, depuis que les habitants de l'Ancien Monde ont fracturé la Terre pour en extraire ses ultimes ressources énergétiques. Heureusement pour l'Homme et les Français (pas tous, évidemment), Paris a tenu bon dans la débâcle qui a suivi. La ville se dresse aujourd'hui au cœur des Terres Vides comme l'un des derniers bastions de l'espèce, une cité fantastique et tordue, transformée par ce qui Dieu seul sait à résulté de l'Apocalyspe. Dans les sous-sols parisiens épargnés par la canicule infernale de l'été, Chet chante du Jazz le soir, rejoint sa mansarde pour y pioncer le jour et rêve de ses amis et amours perdus. Le jour où un bellâtre lui glisse une mystérieuse note dans un bar où il vient de se produire, Chet se retrouve malgré lui propulsé dans une affaire qui le dépasse, avec à la clé le salut de la ville entière.
Disclaimer préalable : j'adore Estelle faye et je pense avoir lu suffisamment de ses écrits pour continuer dans cette voie malgré mon expérience salée avec Un éclat de givre - un titre qui au passage claque et intrigue de loin. Des romans qui me reviennent en tête (la trilogie de La voie des oracles, Les seigneurs de Bohen, Les révoltés de Bohen, Porcelaine et Les nuages de Magellan), je me souviens d'une Estelle à la plume toute en légèreté, avec parfois quelques envolées lyriques, mais toujours toutes maîtrisées et surtout vachement bien dosées. Dans Un éclat de givre, plutôt que de poursuivre avec ce joli équilibre que j'aime d'amour (parce que je suis douce et que j'ai besoin de douceur, parfois), on a avant tout mis en avant un très, très beau texte, puis seulement (en second plan et très loin derrière) une sombre affaire de drogue post-apocalyptique pour le servir. Le bouquin, à mes yeux, c'est avant tout une tonne de froufrous littéraires (comme j'aime appeler ça) et loin sous des couches et des couches de voiles et de tutus, il y a le frêle petit squelette qui doit soutenir tout ça : le post-apo, la ville qui se meurt, l'urgence à se bouger les fesses et à déjouer le complot citadin. C'est clairement un parti pris, un souhait de l'autrice de proposer un roman pareil et je respecte ça - d'autant que si je parle très objectivement, c'est hyper bien écrit ... et c'est sans compter la force de ce Paris "survivant" d'une apocalypse de cauchemar.
Mais pour ceux qui comme moi sont généralement du genre terre-à-terre, action avant tout et trémolos loin derrière, Un éclat de givre est d'un grand ennui. On vit le sauvetage de Paris (de sa banlieue monstrueuse aux temples télékinétiques, catacombes comprises) par les yeux de Chet, sauf que Chet, il est du genre artiste jazzy-maudit à se complaire dans son malheur et son mal-être ... et si ça en touche profondément certains, moi ça m'a prodigieusement lassée passé le tiers du roman. Les protagonistes torturés et mélancoliques, ça va cent pages, après ça lasse. Aurélie Wellenstein est une autre autrice francophone que j'aime beaucoup mais qui elle est plutôt du genre à aller droit au but (souvent un peu trop franco, justement) et avec le recul je me dis que l'histoire que me raconte Estelle Faye, j'aurais finalement bien aimé l'entendre racontée par Aurélie Wellenstein. C'aurait été davantage remuant. Il y avait pourtant un chouette scénario (quoique la corde de la nouvelle drogue qui débarque en ville ait déjà été un peu, un tout petit peu surjouée), comme quoi ici j'ai surtout rencontré un problème de forme que de fond, et en un sens ça me rassure parce qu'Estelle et moi, on reste copines. Pour faire court, j'ai pas accroché au contraste texte-fond du roman, pas du tout du tout.
Et parce que je suis quelqu'un de complexe, je tiens à souligner que j'ai adoré les froufrous littéraires de Vincent Tassy dans Apostasie. Oui, le cœur a ses raisons que la raison ignore !
Enfin comme dans pas mal de ses romans, Un éclat de givre c’est l'occasion pour Estelle Faye de mettre en lumière un héros à voile et à vapeur torturé par ses amours perdus (mais un peu trop torturé pour moi, vous avez compris). La solitude de Chet fait franchement mal au cœur, surtout qu'on comprend vite que le souci c'est pas son côté introverti, mais son incapacité à nouer de vrais liens avec quiconque. Il y a des coups d'un soir, des collègues de longue date ... mais des amis ? Non. Pouce vert et même chapeau bas parce que la psychologie de Chet est top moumoute, mais je reste dubitative sur la nécessité de nous rappeler constamment le galbe parfait des fesses de Galaad - son crush ténébreux dont il nous rabâche les oreilles dès la première page - comme pour enfoncer clou sur clou et bien nous faire rentrer dans le crâne que Chet, il se sent seul mais se l'avoue pas. Trop c'est trop, et j'en ai eu suffisamment que pour me demander, parfois, si j'étais toujours en post-apo ou bien dans une romance érotique avec de la gueule. A vrai dire je me pose toujours la question et du coup j'ai pas résisté : j'ai épinglé le premier (et dernier, j'espère) libellé "érotisme" du blog à ce billet ! Une chose est sûre : cet échec m'empêchera pas de suivre les parutions d'Estelle Faye !
Ma note : 12/20
ohnooon du froufrou littéraire (j'adore cette expression, je pense que je vais te la piquer :p) ! pareil, j'adore Estelle Faye (enfin même si j'en ai lu moins que toi) et du coup, ce titre me tentais un peu vu qu'il est à ma bibli et qu'il me fait les yeux doux à chaque fois que je passe devant là. Bin ça me refroidit un peu parce que je suis dans le même genre que toi et que je pense que ça me frustrerait aussi ! De l'action que diable !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ta chronique en tout cas :)
Attention je vais la breveter LOL :-D !
SupprimerDe l'action, oui oui oui, on en veut, mais je crois que ce qui m'a VRAIMENT manqué, en fait, c'est le post-apo : ici c'est plus un décor qu'autre chose pour donner du contraste au roman, et QUEL DOMMAGE de ne le réduire qu'à ça :-( ...
Merci beaucoup *.*
Je n'ai lu que le premier tome de La Voie des Oracles (je devrais d'ailleurs lire la suite, parce que j'avais bien aimé), mais si je devais en lire d'autres de l'autrice ce n'est clairement pas celui-ci que je vais mettre en haut de la liste o/
RépondreSupprimerLa Voie des Oracles <3 !
SupprimerJ'espère que tu seras prochainement tentée par le tome deux. Pour ce qui est d'Un éclat de givre, je dirais pas que c'est une lecture à éviter ... mais clairement selon moi c'est pas LA priorité si on veut lire du Estelle Faye, parce que c'est pas le plus équilibré ^-^'.
Merci pour ton intervention !
Les nuages de Magellan, tout Les seigneurs de Bohen, Les révoltés de Bohen, ils m'attirent davantage que celui-ci. Toutefois, je reste curieuse, justement tu apportes un autre regard et peut-être qu'un jour je me plongerai dans ce titre ^^ Merci pour ce retour !
RépondreSupprimerRanh mon préféré de tous les temps, ça restera La Voie des Oracles, pourtant <3. J'espère qu'un jour tu te laisseras tenter !
SupprimerJ'ai beaucoup entendu parler d'Estelle Faye grâce aux Seigneurs de Bohen mais il ne me semble pas avoir entendu parler d'Un éclat de givre. Ce n'est pas le livre de l'autrice qui me tente le plus mais pourquoi pas :)
RépondreSupprimerSûr, ce n'est effectivement pas celui qui a le plus fait parler de lui ! Ceci dit je pense qu'il est parmi les plus abordables avec les Nuages de Magellan : c'est un one-shot et il est pas très épais. Autrement dit il n'engage à rien et j'apprécie ce genre de lecture :-) !
Supprimerça rend toujours tristoune de pas être convaincu par un livre d'un auteur chouchou... J'espère que le prochain titre te plaira davantage !! Je n'ai jamais lu de titre d'Estelle Faye (il me semble (quelle belle mémoire xD)), mais je suis très tentée (je ne commencerai peut-être pas par Un éclat de givre, même si j'aime bien les ambiances poétiques, à voiiiir ihi) !
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