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  • 5 nov. 2019

    Apostasie de Vincent Tassy - Le conte gothique des buveurs de sang romantiques

    Auteur : Vincent Tassy
    Éditeur : Hélios
    Genre : Conte, fantastique
    Pages : 345 pages (format poche)

    Lu dans le cadre du « Pumpkin Autumn Challenge »

    Résumé : Anthelme croit en la magie des livres qu'il dévore. Étudiant désabusé et sans attaches, il décide de vivre en ermite et de s'offrir un destin à la mesure de ses rêves. Sur son chemin, il découvre une étrange forêt d'arbres écarlates, qu'il ne quitte plus que pour se ravitailler en romans dans la bibliothèque la plus proche. Un jour, au hasard des étagères, il tombe sur un ouvrage qui semble décrire les particularités du lieu où il s'est installé. Il comprend alors que le moment est venu pour lui de percer les secrets de son refuge. Mais lorsque le maître de la Sylve Rouge, beau comme la mort et avide de sang, l'invite dans son donjon pour lui conter l'ensorcelante légende de la princesse Apostasie, comment différencier le rêve du cauchemar ?


    Ma chronique : Dénicher un roman gothique qui me fasse de l’œil était une des tâches les plus ardues de ce Pumpkin Autumn Challenge, et vu la façon dont je me suis pliée à l'exercice je suis plutôt fière de moi, hé hé ! Pour l'originalité de la sélection on repassera toutefois car c'est pas sur n'importe quel titre que j'ai jeté mon dévolu : place à Apostasie de Vincent Tassy, un incontournable gothico-vampirique du challenge encensé par ses participants. Après lecture de dizaines d'avis plus ou moins conquis ma curiosité maladive a fait le reste, le moment passé a été hyper particulier et reposant - allez zou, c'est parti pour de la poésie macabre et de l'hémoglobine camouflée sous des couches de froufrous littéraires !

    Le temps d'Anthelme auprès de monsieur et madame Toulemonde est révolu. Totalement désabusé, cent pour cent rêveur, le jeune homme sent qu'il doit se retirer s'il espère poursuivre son existence en toute liberté et en préserver la magie. Il quitte son domicile, sillonne la compagne et au détour de ses errances met les pieds dans une étrange forêt qu'il baptise bientôt la Sylve Rouge. Havre de paix ou défilent les espèces inconnues et naissent les légendes, Anthelme s'y compose une retraire spirituelle frugale que nul ne vient troubler. Seuls les livres de la bibliothèque d'Alice le poussent au village une à deux fois par mois, et à chacune de ses visites Anthelme regagne la Sylve des dizaines d'ouvrages fantastiques sous les bras. Il s'évade de conte en légendes et vit de leurs mystères, jusqu'à ce qu'un jour d'automne un bellâtre issu de la sylve ne l'invite en la demeure de l'Effraie. Là bas la paix de la sylve se teinte de vermillon et le conte de la princesse Apostasie finit de l’ensorceler...

    Team lecteurs à plaid au rapport en ce pluvieux jour de novembre : Apostasie, c'est typiquement le genre de récit fait pour l'automne maussade et humide. Sous les jolis mots parfois un poil ampoulés de Vincent Tassy et les tournures de phrases froufrouteuses à souhait se cache un récit tout en simplicité : celui d'un jeune marginal qui décide de vivre sa paix à l'écart de monde, dans un endroit rêvé où les contes dont il est si friand ne peuvent que se réaliser. La sylve rouge, cette forêt qui n'apparaît que dans vos instants d'égarement total, ouvre ses bras à Anthelme et lui offre la retraite que ce grand désabusé mélancolique mérite ; une cabane au fond de ses bois, quelques fruits pour la subsistance, des espèces de légende pour compagnie... et la paix, la paix pour lire et engloutir tous ces contes qui le transportent. Le séjour est onirique, peuplé de créatures nouvelles et en plein dans l'intimité d'Anthelme. On est les compagnons invisibles de sa retraite morose, dépressifs s'abstenir mais pour les autres amoureux d'hémoglobine, de calme et de littérature, il y a de quoi faire


    De la plénitude, parfois un peu d'ennui mais surtout du calme, Apostasie ç'a été pour moi une petite cure de repos bien mérité ; un peu morose, glauque et plombant mais finalement tout doux.

    Apostasie
    sent bon la chrysanthème et évidemment les asphodèles, et quand le récit révèle sa vraie nature on en est plus envoûtés encore. Mine de rien le roman dégaine ses tiroirs et c'est un conte dans le conte qu'on découvre. On quitte Anthelme pour rejoindre un royaume lointain, un roi, une reine et une certaine princesse Apostasie portée disparue - en oubliant évidemment pas de faire la connaissance d'un groupuscule de buveurs de sang digne d'un roman d'Anne Rice, goût du mélodrame et touches baroques en plus. Quand Anthelme cède la narration du roman à l'hypnotique Aphélion, on bascule dans une nouvelle histoire : celle du château d'Ormoy, d'un amour déçu et d'une ribambelle d'immortels désabusés en quête de leur mortalité perdue. Apostasie brille de son absence, on la cherche aux côtés des vampires de la Sylve Rouge et d'Anthelme tout le long du roman et j'ai énormément goûté à cette quête de l'impossible - quand bien même sauter d'une narration à une autre entre deux incursions contesques n'est pas toujours évident.

    A force de témoigner de l'intimité d'Anthelme on a l'impression de dire au revoir à un vieil ami quand vient la fin du roman. Un ami qui a eu droit à son lot d'horreurs, de désillusions terribles et de flots vermillon mais qu'on a aimé suivre en dépit de petites manies littéraires un peu lourdes. Apostasie plaira ou déplaira franchement, j'ai du mal à concevoir qu'il existe un juste milieu pour un récit si particulier. Lecteurs en mal d'immortels, ouvrez vos bras à Vincent Tassy pour autant qu'un peu de poésie et parfois de lourdeur ne vous fassent pas peur !


    Note :  17/20

    Date :   27 octobre 2019 - 31 octobre 2019

    6 commentaires:

    1. J'ai lu et chroniqué Comment le dire à la nuit pour le PLIB2019 et l'histoire me semble avoir les mêmes défauts et qualités de ce dernier! De la poésie à la pelle et une ambiance folle mais quelques longueurs (la dernières partie de Comment le dire à la nuit était pas bien jaugée je trouve!)
      J'ai bien envie de le tenter malgré tout peut être pour l'automne prochain! Quoiqu'il arrive faut que je retente cet auteur hihi

      Super chouette chronique ! "froufrous littéraires" devrait rentrer dans le dico pour désigner l'écriture de Tassy je pense ^^

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      1. Ah ben de mon côté je voulais me garder "Comment le dire à la nuit" pour l'automne 2020 justement, je sens qu'il va tomber pile poil dans l'ambiance ^-^ ! Les longueurs, on peut s'y faire si le reste est à la hauteur et je pense bien que ce sera le cas avec le second bébé de Vincent Tassy ... apparemment tout aussi froufrouteux que son grand frère :-D ! D'ici là j'irai jeter un œil à ta chronique, histoire de me mettre en appétit !

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    2. Vincent Tassy est un auteur que je veux absolument découvrir et ta chronique ne fait que confirmer cette envie. Tu écris super bien et j'ai envie d'aller l'acheter tout de suite ! ^^

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      1. Merci merci merci *.* ... et ravie de contribuer à l'allongement de ta PAL ! J'espère que tu apprécieras, c'est un peu un roman qui me donne l'impression de ne pas faire dans la demi-mesure : on aime ou on déteste.

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    3. Pour le moment j'ai adoré Effroyable porcelaine, moins aimé Comment le dire à la nuit, je tenterai bien celui-là quand même

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