Stand still, stay silent, tomes 1 et 2 de Minna Sundberg - Pandémie (post) apocalyptique

Auteur : Minna Sundberg

Editeur : Akileos

Genre : Fantasy, Post-apo

Pages : 320 et 250 (format BD)

Lus dans le cadre du « Mois de la Fantasy »

Résumé du tome un : 90 ans ont passé depuis la grande maladie, et la plus grande partie du vieux monde a été oubliée et laissée à la merci des trolls, des bêtes et des géants. Une petite équipe d'explorateurs nordiques se lance dans la première mission de recherche officielle.

Chronique : Avec le webcomic Stand still, stay silent une fois n’est pas coutume : je m’écarte un peu de mon format de prédilection pour vous causer d'une BD ... mais pas n’importe laquelle s'il vous plaît - ouais, ici on mise sur la qua-li-té ! Si le titre se fait discret depuis sa sortie papier auprès des non-initiés mais gagne en popularité chez les lecteurs qui en entendent parler sur un malentendu, moi j’ai envie de donner un coup de fouet mérité à cette histoire surprenante de trolls, de géants et de mages en plein contexte pandémique post-apo. Cette chronique ne sera pas la plus longue que le blog ait connue car on est clairement sur deux tomes qui posent les bases avec plus de belles cases que de texte, mais franchement c’est tant mieux parce je suis présentement vannée - un peu de répit pour les blogueurs, c'est ça qu'on veut ! J'espère que vous êtes immunisés contre la Rouille, parce que là dehors le monde est déjà assez dangereux pour pas avoir à se tracasser d'attraper la saloperie qui a mis l'humanité à genoux - et non, je cause pas du Corona !

Un siècle s'est pratiquement écoulé depuis que le fléau de la Rouille a déferlé sur le monde et renversé l'ordre établi. Les contrées civilisées ont décliné et du vieux monde ne demeurent plus que des ruines, exception faite des bastions de fortune nordiques où se sont retranchées les populations survivantes - norvégiennes, suédoises, finlandaises, danoises et islandaises - désormais seules dépositaires des vestiges d'avant la grande pandémie. Et bien que la maladie soit tenue à l'écart par une immunité collective croissante, le danger est toujours là, en dehors des zones sécurisées : des trolls, des géants et des spectres ont surgi alors que reculait l'humanité. Malgré le danger, quelques idéalistes se décident à financer une expédition vers le monde perdu, en quête des savoirs d'antan ... et peut-être des réponses qui font tant défaut quant à l'apparition de la grande pandémie.

Lire Stand still, stay silent en pleine pandémie non pas de Rouille mais de Covid-19, c'est la grande classe et ça me fait penser qu'il faudrait que je tente un coup à l'euromillion. J'ai le roman en ma possession depuis un an, je remets toujours à plus tard et quand enfin je me lance, c'est pour découvrir que l'intro catastrophe de l’ablum fait écho aux nouvelles des derniers mois - pandémie dans les starting blocks, fermetures des frontières, familles confinées et méfiance générale. Bref, lire Stand still, stay silent aujourd’hui, c’est la grande classe : comme quoi la SF est jamais vraiment loin de la réalité, même si ici ce n'est que le temps d'un premier chapitre - parce qu’après, on vire en Fantasy avec un quête (presque) convaincante à la clé, et des protagonistes aux liens franchement touchants.

Une quête presque convaincante, oui, parce qu’en deux tomes on n’en dévoile pas assez à mon goût pour se faire une idée du schéma global de la saga, ni pour que j’y accroche à fond. Le premier volume est purement introductif : il y a une pandémie, un siècle passe et on monte une expédition de jeunes aux compétences très diverses pour explorer ce nouveau monde. Là dedans j’ai trouvé pas mal de choix que je ne m’explique pas totalement (comme celui d’introduire une dizaine de personnages au chapitre un pour finalement ne plus jamais en entendre parler - et ça, ça bouffe pas mal de pages pour pas grand chose), mais passé au tome deux ça y est, il y a de l’action et de (très) belles planches qui commencent enfin à donner un gros côté immersif à l’album. On découvre en même temps que la troupe de jeunes nordiques le monde d’avant ravagé et on affronte à leurs côtés les quelques bestioles bien dégueulasses qui croisent leur route. Le récit est maigre en réponses et je pressens qu’il n’y en aura pas vraiment, mais croisons au moins les doigts pour qu’une quête plus ambitieuse que de visiter  de vieilles librairies émerge (même si risquer sa vie pour bouquins, c’est dramatique et ça me parle). Pour l’instant c’est trop léger pour que je m’emballe tout à fait, mais je ne demande qu’à voir la suite.

Chacun ses petits critères, mais moi je vois Stand still, stay silent comme une saga fantasy ; on a la magie, les créatures malfaisantes, la troupe hétéroclite et la quête qui unit tout ce petit monde, et moi ça me suffit ! Ce qui m’a particulièrement séduite là-dedans, c'est la place qui est faite à une culture qui n’est pas franchement bien représentée dans ma bibliothèque : celle des pays nordiques. Dans notre groupe de petits jeunes, on en a pour tous les goûts côté caractère et racines, et ça c’est un vrai plus. Déjà parce qu’on sort du schéma où les U.S.A sauvent le monde (toi même tu sais), et ensuite parce qu’au détour des volumes de Stand still, stay silent, on en apprend beaucoup sur la linguistique et les liens entre ces ethnies qu’on visite rarement. Pour aérer le récit il y a des planches format paysage qui vous font retourner l'album dans tous les foutus sens pour les déchiffrer (c'est hyper ludique et graphiquement sublime, j'ai adoré), il y a des arbres linguistiques, des bestiaires, des cartes établies avec les moyens du bord et des traités sur l'art de vivre et d'appréhender la magie après la grande pandémie. Bref tout ça donne aux albums un côté « vieux grimoire aquarelle », et c'est hyper réussi.


J'attends donc de voir à quoi ressemblera la longue suite que je devine pour me prononcer à cent pour cent, mais en tant qu'intro ces deux albums font le job - et même s’il y a des faiblesses, ils le font bien. Par contre il y a des chats, alors j'ai un peu fondu, j'avoue.

Note : 15/20

Date : 12 mai 2020 - 18 mai 2020