Auteur : Brandon Sanderson
Editeur : Le Livre de Poche
Genre : Fantasy
Pages : 850 (grands formats)
Lus dans le cadre du « Mois de la Fantasy »
Résumé du volume un : La Tempête Éternelle s’abat de nouveau sur Roshar, balayant sans répit la terre de ses éclairs rouges, et réveillant sur son passage la véritable nature des serviteurs parshes. Les Néantifères sont de retour, et leur soif de vengeance n’a d’égal que la grandeur de l’armée qu’ils constituent. Réfugié au-dessus de la tempête dans la mystérieuse et immense cité-tour d’Urithiru, le peuple aléthi se prépare à combattre les Néantifères. Mais, peu à peu, Dalinar Kholin réalise que son rêve d’un royaume unifié ne sera pas une tâche aisée, car les adversaires d’hier ont encore à l’esprit son passé sanglant, lui dont le surnom est toujours l’ Épine Noire, et ils n’ont pas l’intention de lui prêter allégeance si facilement.
Ma chronique : Les archives de Roshar ont beau faire partie du best of de ma vie, non, je ne me jette pas sur chaque nouveau tome à sa sortie (même si je suis jamais très loin de la crise d’apoplexie dès qu’on annonce la parution prochaine, d’accord). Comme beaucoup je fais partie de ces lecteurs qui savourent la chose et font durer, qui attendent le bon moment et le bon état d’esprit … d’autant qu’avec des doubles pavés pareils, mieux vaut être prêt à déguster. Donc plutôt que de me lancer en juin de l’année passée, j’ai laissé couler pour finalement faire sa fête à Justicière très récemment - et c'était plutôt raté d'ailleurs, parce que c’est le roman qui m’a (encore) fait la mienne. Je sais pas vous mais moi, ça m’étonne franchement pas : on cause de Brandon Sanderson et de Roshar donc pas besoin de vous faire un dessin, ce tome trois, c’est du très bon et je m'en vais vous expliquer pourquoi avec plaisir.
Après des millénaires de répit, l’humanité doit faire face à une nouvelle Désolation - l’Ultime Désolation d’Abjection et de sa horde de Parshes. Mais alors que la force de frappe ennemie est sans pareille, la résistance des hommes est incertaine : les royaumes ravagés par la Tempête Eternelle sont méfiants et divisés, et une union salutaire semble improbable entre les monarques. Dalinar Kholin, général aléthi, chef des Chevaliers Radieux et Forgelien lié au Père -des-Tempêtes en personne compte cependant mener la coalition à bien. Hélas l’Histoire de son peuple et de sa personne n’éveillent pas la confiance de ses semblables, et ce n'est que difficilement qu'émergent quelques alliés pour dresser premier rempart face à l’ennemi. C’est à la cité légendaire d’Urithiru où réside l’armée aléthie que le sort de l’humanité se joue, alors même que influence de l’ennemi commence à s'y faire mystérieusement sentir. Shallan et Adolin mènent l’enquête sur l’étrange influence destructrice alors que Kaladin Béni-des-foudres fait du Pont Quatre des Radieux en devenir et que Dalinar, suivant les conseils du Père-des-Tempêtes, cherche à pousser Abjection à accepter un duel de Champions pour résoudre le conflit séculaire qui l’oppose aux fils d’Honneur.
Avec Brandon Sanderson, il arrive forcément un moment où on se répète. Parce que chaque livre est un régal, parce que ça envoie du pâté cosmique et parce que ça vole à un niveau purement stratosphérique. Et à la longue, moi je sais plus trop quoi vous dire sur Les archives de Roshar. Vous n’avez pas lu le bonhomme ? Nan mais vous attendez quoi pour vous plonger dans la quintessence de la Fantasy, hein ?! A un moment j'aurais beau hurler sur tous les toits que c’est géant et que c’est bon pour vous et pour votre moral, c’est vous qui décidez d’écouter la pauvre Choupaille (ou pas) et de dégainer la carte de crédit (ou pas). Donc, partant du principe que j’ai déjà fait le tour du côté épique, complexe comme il faut, travaillé à mort et ultra profond de la saga dans la précédente chronique (ici), on va ce coup-ci s’attaquer au fond et faire le tour de ce qui m’a plu et déplu dans cette bombe littéraire. Parce que ouais, ç’a beau être excellentissime et d’un niveau rarement égalé d’après moi, moi et moi, j’ai failli pinailler à deux-trois reprises - et c'est pas plus mal d’avoir pour une fois à y redire sur du Sanderson : ça fait du contenu un peu nuancé (preuve qu'ici on est honnête, oui oui) !
Pas de panique, on commence avec du lourd : les méchants. Pas de bol pour l’humanité, les esclaves d’hier sont devenus les tyrans d’aujourd’hui suite au passage de la Tempête Eternelle. En plus des caprices climatiques qui jettent littéralement les cités à bas, les Parshes accèdent à la conscience et après un petit millénaire de servitude, ils sont pas franchement prêts à faire des concessions. Les Hommes sont parqués comme des bêtes et oeuvrent aux grand projets d’Abjection que les généraux Fusionnés veillent à mener à bien avec beaucoup de zèle … mais aussi avec beaucoup de Néantiflamme histoire de jouer à armes égales avec les Radieux - bah oui, autrement c’était beaucoup trop facile pour la team Dalinar dopée à la Fulgiflamme. Pourtant au delà de ces vilaines gens fort attendus, Justicère c'est aussi le livre de la surprise. Le livre des Radieux promettait des Parshes menés d’une main de fer et c’est ce qu’on a, mais Justicière va plus loin encore et donne vie aux récits que les Hommes du vieux Roshar se murmuraient au coin de feu pour se foutre la trouille. Et oui, avec Abjection qui s’en revient Roshar a également droit au retour des Incréés : neuf haut-sprènes badass prêtes à faire fondre sur le monde le fléau que chacune d’elle incarne. Comptez avec ça un mystérieux Champion maléfique dont ont fait planer la menace pendant mille cinq cent pages, et on a une équipe d’opposants par-faite.
Ah, et je vous laisse voir vous même l’identité du Champion des forces obscures, vous allez trop apprécier.
Mais des antagonistes « méchants sans raison », ça tiendrait pas debout et ce serait trop léger pour Sanderson. L’auteur prévoit donc de grosses révélations qui remettent l’intégralité de l’histoire en perspective et offrent un jour nouveau sur la Félonie des Radieux dont on entend causer depuis trois tomes déjà - enfin, 3 x 2 tomes en VF (c'est que ça commence à faire long, tout ça ...). Justicière, c’est un donc double volume qui nous fait avancer sur deux tableaux à la fois : il y a l’axe « se battre au présent » et l’axe « comprendre le passé » et on jongle très habilement entre l’un et l’autre. C’est pas toujours évident de s’y retrouver parce que c’est très complexe et que la lecture des premiers volumes remonte à loin, mais ça fait du bien de sentir que la machine s’est définitivement mise en branle - notamment grâce à un Abjection qui cesse d’être un concept abstrait pour s’incarner à plusieurs moments clés et dialoguer pépère de l'apocalypse avec nos héros. La tournure politique que prend ce tome y est aussi pour beaucoup dans sa complexité : il y a des personnages qui fleurissent de partout et une volonté de jouer sur l'international plutôt que de rester centré sur Alethkar - et il était temps que l'idée d'une coalition germe, non didju !
Question héros justement, Justicière est un tome hyper satisfaisant … mais aussi diablement touffu. C’est le livre de l’évolution, encore plus que ses prédécesseurs qui plaçaient déjà la barre de la psychologie très haut, mais à tel point que ç’a en devient ici un peu trop lourd par moments. Comme chaque opus avait jusqu'à présent ses figures de proue, Justicière ne fait pas exception : ici la star, c'est Dalinar Kholin. Je vous rassure, on a toujours beaucoup à vivre aux côtés de Shallan, Kaladin et Adolin ... mais cette fois c'est pas eux qui tiennent les rennes du récit. En bon (presque) cinquantenaire, Dalinar a derrière lui beaucoup de vécu, mais surtout beaucoup de zones d'ombre. Ce troisième tome, c'est l'occasion pour Sanderson de faire le point sur le personnage et de fouiller dans sa vie pour nous en déterrer tous les petits secrets qu'on n'aurait certainement pas imaginés vu le character-building qu'on nous sert depuis cinq ans. Dalinar, c'est la droiture, la loyauté, le good-guy de Roshar ... sauf que non, grosse désillusion : une vingtaine de flash-back remettent le personnage à sa place et lui apportent un côté obscur inattendu mais carrément bienvenu. Ces chapitres sont redondants et longuets, je les voyais venir un peu à reculons, mais à l'idée d'en apprendre plus on finit par laisser couler ... et même par en redemander - si, si ! Ca s'articule finalement à merveille avec le point final de ce troisième tome, et honnêtement la fin aurait pas eu le même panache sans tout ce bagage qu'on nous déballe.
Attention toutefois, Justicière ne mise pas tout sur le même cheval. Comme je vous le disais, Shallan, Kaladin et Adolin sont de la partie et mis à part ce dernier dont la bonne humeur et l'humilité sont toujours au beau fixe (et heureusement, un peu de constance psychologique, ça fait du bien !), gros ménage introspectif en perspective pour Shallan et Kaladin. Sans vous en dévoiler plus qu'il n'en faut, sachez qu'on est clairement dans un tome de transition où chacun doit faire face à sa façon à ses nouvelles responsabilités de Chevalier Radieux. Shallan pousse le mensonge si loin qu'elle peine à savoir qui elle est désormais, Kaladin lutte pour sauver la veuve, l'orphelin et les chatons dans une guerre où rien n'est finalement tout noir ou tout blanc ... et milieu de tout ça, Sylphrena et Motif angoissent de voir leur Radieux respectif se torpiller. Ce n'est pas tous les jours qu'on voit des développement pareils, alors par pitié si vous êtes portés sur la chose et encore étrangers au Cosmère de Sanderson, allez-y les yeux fermés : y a du très beau monde - quel que soit le bout par lequel vous choisissiez de démêler la pelotte.
Bref le Cosmère en a dans le bide, et pour ceux qui veulent creuser à fond l'oeuvre monumentale de Sanderson (Roshar inclus) je recommande très franchement la Coppermind Wiki (ici) sur laquelle je n'ai passé « que » quelques heures la semaine dernière (hum...).
Et même si j'avais dit que cette fois-ci j'attaquais le fond sans vous rabâcher les oreilles avec les scènes épiques de pure folie auxquelles on a droit dans Justicière ... je résiste pas à l'envie de vous en toucher quelques mots quand même - c'est beaucoup trop énorme pour être contourné, que voulez-vous ! Parce que si certains passages sont effectivement un peu longuets à force d'enfoncer le clou, on a encore droit à deux cents cinquante pages du feu de dieu en fin de second volume - une constante d'un tome à l'autre que je suis heureuse de voir taper dans le mille à chaque. foutue. fois. Le genre de scène millimétrée qui vous colle les frissons, les larmes aux yeux inavouables qui vont avec et le cœur qui cogne dans les oreilles tellement c'est du haut vol et qu'on n'en lit pas des aussi bonnes tous les jours. Quand tu relèves les yeux du bouquin en te disant « voilà, c'est pour ça que je lis » tu sais que ta vie à dilapider des fortunes en bouquins et des heures en solo vaut le coup d'être vécue. Rien que ça. Parait-il qu'il y a encore deux tomes en V.O au programme ainsi que cinq autres pour former un préquel ; comme d'habitude, je ne me rue sur rien mais j'en bous pas moins intérieurement. Sérieusement : commencez cette saga, je crois que c'est le meilleur conseil que j'ai pour vous.
Date : 27 avril 2020 - 11 mai 2020
Note : 18/20
Rah là là, il faut vraiment que je me lance dans les sagas de Brandon Sanderson, tu arrives toujours à me donner envie de me les procurer le plus rapidement possible ! Surtout que je suis sûre d'adorer cette lecture, vu tous les points que tu cites. Encore merci pour la découverte :)
RépondreSupprimerRolala, ça fait bien envie quand même ! J'ai toujours pas testé l'auteur en fantasy (parce que tu le dis si bien trop de livres et pas assez de temps), et j'ai le deuxième tome de Skyward à lire mais le premier était si bien que ça m'a donné envie de lire tous les livres de l'auteur mais bon comme ils font 1500 pages chacun, j'ai du BOULOT mdr
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