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  • 11 mai 2019

    Mers mortes de Aurélie Wellenstein - Oh capitaine, mon capitaine !

    Auteur : Aurélie Wellenstein
    Éditeur : Scrineo
    Genre : Fantastique
    Pages : 364 (grand format)

    Lu dans le cadre du « Mois de la Fantasy »

    Le résumé : Mers et océans ont disparu. L'eau s'est évaporée, tous les animaux marins sont morts. Des marées fantômes déferlent sur le monde et charrient des spectres avides de vengeance. Requins, dauphins, baleines..., arrachent l'âme des hommes et la dévorent. Seuls les exorcistes, protecteurs de l'humanité, peuvent les détruire. Oural est l'un d'eux. Il est vénéré par les habitants de son bastion qu'il protège depuis la catastrophe. Jusqu'au jour où Bengale, un capitaine pirate tourmenté, le capture à bord de son vaisseau fantôme. Commence alors un voyage forcé à travers les mers mortes... De marée en marée, Oural apprend malgré lui à connaître son geôlier et l'objectif de ce dangereux périple. Et si Bengale était finalement la clé de leur salut à tous ?

    Ma chronique : Premier roman lu de la titanesque PAL ramenée du Trolls & Légendes, et premier bon moment à la clé ! Sans être une autrice qui me convainc systématiquement, Aurélie Wellenstein est l'une de celles dont j'ai le plus de plaisir à suivre les parutions fantastiques. C'est donc sans surprise que son petit dernier Mers mortes a rejoint mes étagères, et clairement il n'a pas à rougir du voisinage. Bourré de noirceur mais aussi d'émotion, Mers mortes est loin d'être un long fleuve tranquille quoique certains de ses méandres valent plus le coup que d'autres. Inspirez, chauffez-vous correctement sur deux trois longueurs et faites le grand plongeon en la compagnie d'Oural du charismatique capitaine Bengale.

    Voici quinze ans que mers et océans ont déserté le monde en réponse à la folie de l'Homme. La rocaille règne aujourd'hui là où l'eau était maîtresse et chaque jour les rares survivants de cette humanité déchirée courent après des ressources qui s'épuisent. Pourtant, retranchés dans des bastions et autres places fortes, ce n'est ni la faim ni la soif que craignent les derniers Hommes ; ce sont les marrées fantomatiques qui déferlent régulièrement sur le monde et charrient avec elles une faune marine révoltée et avide de vengeance. Face à cette horde ectoplasmique, seuls les exorcistes ont prise. Oural est l'un d'eux. Membre choyé d'un camp de survivants qu'il protège farouchement à chaque nouvelle marrée, sa vie bascule lorsqu'avec les poissons la marrée amène à lui un navire pirate de cauchemar. Bengale, son capitaine insaisissable, est venu pour lui. Oural est arraché à ses compagnons qu'il abandonne livrés à eux-mêmes, et commence alors pour lui une quête inespérée en un lieu où se joue peut-être l'avenir de l'Humanité.

    Quittez la petite pataugeoire et plongez dans cette aventure ectoplasmique post-apo, et fissa ! Post-apo, vous avez bien lu, et me concernant ç'a été une vraie surprise d'en trouver une touche dans ce récit. J'attendais de Mers mortes un monde de pure fiction mais c'était mal connaître Aurélie Wellenstein qui en ces temps de troubles écologiques offre un roman futuriste divertissant mais surtout riche de sens. La cause océanique y est vaillamment défendue et porte le récit dans une niche qui n'est pas sans rappeler celle creusée par Autre-Monde de Maxime Chattam. Une parution qui tombe donc à point nommé et qui enflammera sans doute davantage une jeunesse engagée, la dimension fantastique en plus. Que les sceptiques sortent de leur syncope, Mers mortes n'est toutefois pas de ces récits moralisateurs pour autant. Le contexte écologique est posé avec ce qu'il souligne d'horreurs et d'inconscience, mais l'aventure débute sans mal et on tombe dans ses filets sans crier gare.

    On peut porter autant d'attention au contexte engagé qu'à l'aventure d'Oural ; c'est finalement à nous de faire de ce récit la lecture qu'on désire en choisissant d'y donner du sens - ou pas.

    Derrière l'oeuvre jeunesse engagée, il y a donc l'oeuvre jeunesse tout court et Mers mortes en est une très bonne. Aurélie Wellenstein demeure fidèle à elle-même avec un style et un récit sombres à souhaits qui, en plus de nourrir efficacement l'intrigue principale, explorent à leur façon les tréfonds de l'esprit humain - ou du moins en écaillent la surface. Oural et Bengale sont des protagonistes hantés par des dilemmes cornéliens qu'ils ne cessent de s'envoyer l'un à l'autre ; et même si au bout de trois cent pages ça fatigue un poil à force de répétition, on ne peut s'empêcher de courir après leurs savoureuses confrontations. Le charisme de Bengale est réel et comme Oural, on apprend à le haïr et à l'aimer tout à la fois, quoique je n'aurais pas craché sur davantage de développement. Les amateurs de bonne vieille piraterie pas si honnête que ça en auront cependant pour leur argent, tout comme les lecteurs à la recherche de mondes sur le fil et d' « aventure de la dernière chance ».

    En dépit de sa linéarité Mers mortes est le digne successeur des romans sombres de l'autrice ; peut-être bien mon préféré mais probablement pas la bombe que j'attendais.

    Et au milieu de toute cette noirceur, une ou deux touches de douceur et de lumière pour le contraste, des entretiens intimes déroutants et, finalement, un peu plus de complexité qu'il n'y parait. On n'échappe cependant pas à une fin douce-amère prévisible, mais est-ce franchement dérangeant ? Non, pas tant que ça. L'essentiel est dans la quête de Bengale et l'essence même de son personnage, dans le paysage apocalyptique du récit et surtout dans ces marrées fantomatiques qui dévastent le monde. On n'a pas pied dans un tel univers, on n'y a pas de flotteur et toute fiction mise à part, j'ai pas envie de m'y retrouver un jour. Pour le reste, si Aurélie Wellenstein ne vous dit encore trop rien, vous pouvez commencer sans pression et sans tracas à attaquer le morceau par Mers mortes. Tricorne à prévoir !

    Note : 16/20

    Date :  03 avril 2019 - 06 mai 2019

    4 commentaires:

    1. Depuis sa sortie je suis vraiment intriguée par ce roman, ta chronique me persuade encore plus de le lire un jour, quand l'occasion se présentera !
      J'avais déjà lu un roman de cette auteure, j'avais bien aimé l'ambiance sombre de l'histoire ; je suis contente d'apprendre que cette touche est également présente dans Mers mortes. La thématique me plaît aussi.
      Chouette chronique ;)

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      1. Merci à toi :-) ! Lequel de l'autrice as-tu déjà lu ? Ils ont tous une part sombre, c'est ce qui me plaît beaucoup chez elle et qui fait sans doute que je reviens toujours vers ses nouvelles parutions :-). De tous ceux que j'ai lu, celui-ci est mon préféré, donc n'hésite pas si tu le croise un jour en librairie !

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    2. Il me tente depuis sa sortie et j'ai vraiment hâte de pouvoir me le prendre. J'avais adoré le Roi des fauves pour son ambiance très sombre, La mort du temps était très intéressant et tout aussi sombre. Je suis tentée par les Loups chantants ainsi que le Dieu oiseau.

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      1. Celui-ci, c'est vraiment celui que j'ai préféré et de loin ! :-) J'espère que tu sauteras le pas et te jettera dedans bientôt n_n

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