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  • 18 mars 2018

    Silo de Hugh Howey


    Auteur : Hugh Howey
    Éditeur : Actes Sud (2013)
    Genre : Science-fiction
    Pages : 558 pages (grand format)

    Le résumé : Dans un futur post-apocalyptique indéterminé, une communauté d'hommes et de femmes a organisé sa survie dans un silo souterrain géant. Du monde extérieur, devenu hostile, personne ne sait rien, sinon que l'atmosphère y est désormais irrespirable. Les images de mauvaise qualité relayées par d'antiques caméras, montrant un paysage de ruines et de dévastation balayé de vents violents et de noirs nuages, ne semblent laisser aucune place à l'illusion. Pourtant, certains continuent d'espérer. Ces individus, dont l'optimisme pourrait s'avérer contagieux, représentent un danger potentiel. Leur punition est simple. Ils se voient accorder cela même à quoi ils aspirent : sortir.


    Ma chronique : Je ne me suis réellement lancée dans la science-fiction qu'il y a peu. Et à la lecture d'un livre tel que Silo, je sais que j'ai eu raison... et que ce genre a beaucoup à m'apporter.

    Imaginez un monde dévasté. Toxines mortelles et atmosphère irrespirable, terre de poussière et ruines de ce qui fût jadis des villes pour seul horizon. Un monde où les hommes ont trouvé refuge sous terre, dans un silo bétonné de plus de cent étages. La durée de son ascension ? Trois jours. Et pour seule fenêtre vers le monde désolant qui le surplombe, un écran géant relayant à tous des images du dehors... dont il n'est pas permis de rêver. Mais si la majorité de la communauté du silo s'est faite à la rigueur de la vie en ses murs, certains contestent l'authenticité de ces images et osent espérer un monde meilleur là en haut qu'il ne l'est en bas. Ceux-là se voient alors punis à la mesure de leur témérité : le silo leur ferme ses portes à jamais. Le shérif Holston est d'ailleurs le dernier à en avoir fait les frais ; et c'est à Juliette, une machiniste de trente ans, qu'on propose le poste désormais vacant. Une nomination qui n'est pas du goût du directeur du département d'infotechnologie du silo. Or ce dernier a en sa possession connaissances et moyens pour changer la donne ...

    L'un des points essentiels d'un roman de science-fiction, c'est d'être capable d'accrocher le lecteur dès les premières lignes. C'est de s'assurer que l'immersion soit immédiate et efficace ; et que le lecteur ne demande rapidement plus qu'une seule chose : en (s)avoir encore, en (s)avoir plus. Et c'est exactement l'effet qu'ont eu sur moi les premiers chapitres de Silo. Car en six chapitres, Hugh Howey joue déjà avec vos nerfs et vous bouscule. Il force d'entrée de jeu le lecteur à remettre en question tout ce qu'il croyait avoir saisi de son univers, et à repenser totalement ce qu'il tenait pour intrigue principale. Et j'aime être percutée de la sorte.

    Objectivement parlant, Silo est un roman sacrément volumineux... et c'est tant mieux, car il y en a alors davantage à savourer ! Mais si certains y verront un obstacle (les pavés ne plaisent pas à tout le monde, c'est sûr), sa découpe en chapitre de cinq à dix pages en facilite grandement la progression. Les choses sont simples : pas le temps de se poser des questions qu'on a déjà lu une centaine de pages. Ici, le piège du "allez, encore un chapitre et puis j'éteins !" se referme immanquablement sur le lecteur.

    D'autre part, et même si Hugh Howey donne l'illusion en début du roman de ne suivre qu'un seul et même protagoniste, Silo est une oeuvre aux points de vue multiples. Un élément supplémentaire qui apporte de la fluidité et du rythme au récit même si, comme bien souvent dans ce cas, le lecteur a ses préférences. En l’occurrence, c'est Juliette qui a eu la mienne, et c'est avec plaisir que je l'ai suivie tout au long des cinq cent pages du roman. Car Juliette est une mécano. Représentante d'une profession que j'ai peu rencontré au cours de mes lectures, Hugh Howey use impeccablement de ses compétences pour influer sur l'intrigue. Ce que j'ai grandement apprécié, car bien souvent les métiers de cette trempe ne sont associés à des protagonistes féminins que pour leur donner davantage de caractère... comme si résolution, opiniâtreté et fermeté s’acquerraient nécessairement dans le cambouis.

    Bernard, l'antagoniste suprême de ce récit, intervient pour beaucoup dans le succès du roman. En tant que chef du département d'infotechnologie, il jouit d'une immunité et d'une influence quasi totales et, surtout, d'un savoir qu'il est le seul à détenir : celui des raisons qui ont poussé les hommes à se terrer sous la surface. Ainsi, Bernard est un homme qui a fait ses choix et qui les assume. En regard du passé, il accepte le prix à payer pour maintenir la vie au sein du silo. Et en cela, on s'écarte du manichéisme classique de la littérature de l'imaginaire. Bernard n'est dur, calculateur et pragmatique que par nécessité et non par nature. Il pose d'ailleurs certaines réflexions pertinentes quant au poids des responsabilités qui lui incombent, et la façon dont il leur fait face 
    (certes très discutables mais, dans le fond, pas si incompréhensibles que cela). Un personnage tout en nuances de gris plutôt que d'un noir de jais, à l'image de nombreux autres protagonistes de Silo

    Claustrophobes, cependant, s'abstenir. Comme son nom l'indique, Silo se déroule essentiellement en espace clos. Une tour gigantesque, toute de béton et de tôle, enterrée sur des kilomètres et des kilomètres et surplombé d'une atmosphère irrespirable... il y a de quoi se sentir oppressé à plus d'une occasion. Mais c'est cela également, le charme de Silo : cette tension palpable de la masse confinée, cette insurrection ascendante qu'on sent poindre à l'horizon ... et cet éclatement final, véritable feu d'artifice. A l'image d'une cocotte minute, la pression monte, et monte, et monte, et monte dans le silo, sous les yeux du lecteur qui n'attend plus qu'une chose : savoir quel élément mettra réellement le feu aux poudres.

    Enfin, Silo, c'est aussi un discours et un imaginaire d'une force incroyable qui s'impriment en vous sans que vous y preniez gare. Même refermé, ce roman garde votre esprit captif pour un moment. Un peu comme une toile d'araignée dont on n'arrive pas à se défaire tout à fait. Et vu la nature de la toile, c'est avec plaisir que j'en suis restée (et en resterai encore un moment) prisonnière. Que vous dire de plus, si ce n'est que Silo est mon troisième coup de cœur de l'année ?
      

    Note : 20/20

    Date : 15 mars 2018 - 18 mars 2018

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