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  • 24 mars 2018

    Il neige sur Encelade de Olivier Moyano

    Auteur : Olivier Moyano
    Éditeur : Chat Noir (2014)
    Genre : Fantastique
    Pages : 192 pages (grand format)

    Le résumé Après avoir survécu au meurtre de sa mère, Steven est placé en institution et confié aux bons soins de Sylvère Murat. Une relation particulière s'établit peu à peu entre le psychologue et son patient de quatre ans, obsédé par le mystère du « chat qui s'allume », dernières paroles de sa défunte mère. Cependant, au fil des sessions, le thérapeute décèle dans l'ombre du garçon un énigmatique inconnu qui parle au nom du petit. L'étrangeté de ce phénomène atteint un point de non-retour le jour où l'enfant disparaît sans laisser de traces. Pour Sylvère, le lien n'est pas pour autant rompu. Au contraire, une série d'inexplicables coïncidences vient le renforcer, poussant le psychologue à mettre sa vie routinière entre parenthèses afin de partir à la recherche de Steven. Mais ce qu'il trouvera au terme de son voyage sera au-delà de toute imagination... 



    Ma chronique : Il neige sur Encelade est un roman sur lequel je suis tombée par hasard alors que je feuilletais le catalogue des éditions du Chat Noir. Quand, parmi toutes ces couvertures affichant des jeunes filles plus belles et mystérieuses les unes que les autres, vous voyez arriver celle-ci ... il y a de quoi être intrigué, en mal ou en bien. Si de mon côté je l'ai été en bien, ma lecture s'est révélée bien plus particulière que ce à quoi je m'attendais, de sorte que si je salue effectivement le travail d'écriture de l'auteur, je ne peux pas affirmer pour autant l'avoir apprécié.

    Steven a quatre ans lorsque il est placé en centre spécialisé par les services sociaux suite à l'assassinat de sa mère par son père. Bien que privé de tout repère, l'esprit du garçonnet démontre une incroyable faculté à surpasser le drame qu'il vient de vivre, préférant se focaliser sur les dernières paroles de sa mère, des plus mystérieuses, plutôt que d'affronter la réalité telle qu'elle est. Sylvère Murat est directement intrigué par le nouvel arrivant du centre dans lequel il exerce en tant que pédopsychologue, d'autant plus lorsqu'il réalise, au fil des séances, qu'une entité paranormale s'exprime de temps à autres à travers lui. Trois ans durant Sylvère tente de percer ce secret qu'il conserve d'ailleurs pour lui-même de peur de voir sa réputation en prendre un coup. Car qui pourrait croire à une telle chose ? Mais lorsque Steven disparaît du jour au lendemain, Sylvère sent poindre en lui le besoin irrépressible de partir à sa recherche. Il est certain que ses questions trouveront leurs réponses au bout du voyage, qu'importe sa destination.

    Comme mentionné plus haut, c'est bien le contraste existant entre cet ouvrage et les autres du catalogue des éditions du Chat Noir qui m'a fait m'y intéresser. Ça et sa disponibilité sur momox, plateforme de vente d'occasion en ligne, à trois euros (à la place de quinze à neuf). Autant vous dire que si j'avais payé ce roman plein tarif, je l'aurais certainement détesté. Mais à trois euros, tout passe mieux.

    Le récit débute du point de vue de Steven. Le lecteur le suit à travers ses différentes séances de psychothérapie, et l'auteur le présente rapidement comme un enfant à l'intelligence prononcée. Cela se perçoit à travers sa façon de s'exprimer et, surtout, à travers les mécanismes défensifs qu'il a mis en place. Plus précisément, Olivier Moyano propose au lecteur les monologues de l'enfant. Sans être monotones, on ne peut cependant pas dire qu'ils soient bien passionnants. Steven se répète beaucoup, et ses tics langagiers qu'on peut apprécier dans les premières pages finissent par agacer peu à peu. Fort heureusement, Steven grandit et sa façon de parler évolue. Plutôt bien joué de la part de l'auteur, même si d'un point de vue du contenu, les années passées n'ont pas permis au garçon de renouveler ses sujets de conversation. Une introduction que j'ai ressentie fort longue (trop à mon goût) et répétitive.

    Mais Steven n'est pas seul maître de son corps. De temps à autre, il permet à une autre entité d'en prendre les commandes. Cette dernière est rude, adepte du franc parlé et particulièrement sèche, impatiente et injurieuse. Un contraste net avec l'enfant dont elle emploie le corps et que l'auteur a visiblement souhaité mais qui, chez moi et en regard de l'intégralité de l'oeuvre, n'est pas particulièrement bien passé. Car les chapitres se succèdent sans apporter au lecteur de réponses claires concernant cet être. Les éléments que Moyano dévoile perdent davantage le lecteur plutôt que de lui montrer la voie, car à trop vouloir se montrer créatif et surprenant, l'auteur part dans des délires que le lecteur peine à suivre.

    Du côté de Sylvère, les choses ne sont pas roses non plus. Bien que ce dernier ravisse à Steven la place de protagoniste principal (ce à quoi le lecteur ne s'attend pas, un bon point de surprise pour l'auteur), le lecteur peine à s'y attacher. En effet, Moyano ne parvient pas à réduire la distance entre le psychologue et le lecteur, de sorte qu'à aucun moment ce dernier ne se sent concerné par ce qu'il lui arrive. D'ailleurs, de façon générale, l'intrigue en entier souffre de cette distance. 

    Il neige sur Encelade est cependant un roman des plus surprenants. C'est avec une facilité déconcertante et une jolie maîtrise de sa plume que l'auteur nous entraîne dans un univers improbable où psychologie, astronomie, biologie et ésotérisme se rejoignent. Certes, pas toujours de façon pertinente, mais avec une harmonie indiscutable. Presque avec une touche de poésie. Le lecteur est tour à tour surpris, instruit et perturbé. Un véritable ascenseur émotionnel qui, s'il n'a pas toujours pour destination la satisfaction, frappe par sa mécanique bien huilée.

    Je peux donc comprendre la raison qui a poussé les lecteurs de ce roman à lui donner de si bonnes notes sur le net, et à la qualifier d'OVNI. Il est certain qu'on ne rencontre pas des romans pareils à tous les coins de rue. Mais personnellement, si j'en ai apprécié l'écriture et l'originalité, je déplore le fouillis général du récit et le manque de place laissé au lecteur dans l'intrigue. Vous savez ce qu'il vous reste à faire : dégainer Il neige sur Encelade, et vous en faire votre propre avis !

    Note : 9/20

    Date : 21 mars 2018 - 22 mars 2018


    2 commentaires:

    1. Réponses
      1. A prix plein, c'est cher pour ce que c'est ... par contre si tu arrives à le dénicher d'occasion, ça peut valoir le coup de te faire ton avis ! :-)

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