Auteur : Susan Fletcher
Éditeur : J'ai lu (2013)
Genre : Roman historique
Pages : 455 (format poche)
Le résumé : Au cœur de l'Ecosse du XVe siècle,
Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le
clair-obscur d'une prison putride, le révérend Charles Leslie, venu d'Irlande,
l'interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Mais, depuis sa geôle, la
voix de Corrag s'élève au-dessus des légendes de sorcières et raconte les
Highlands enneigés, les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse. Jour après
jour, la créature maudite s'efface. Et du coin de sa cellule émane une lumière,
une grâce, qui vient semer le trouble dans l'esprit de Charles.
Ma chronique : Que ce soit clair dès le début de cette chronique, ce
roman a été l'un des plus grands coups de cœur que j'ai jamais eus. Si ce n'est
le plus grand.
Un bûcher sous la
neige est un récit à deux voix. D'un côté, il y a celle de Corrag, une jeune
femme accusée de sorcellerie et retenue prisonnière dans une cellule glaciale
et austère en l'attente du dégel. En l'attente de son bûcher. D'un autre,
il y a celle du révérant Charles Leslie, un jacobite en quête de témoignages
discréditant Guillaume d'Orange, alors assis sur le trône d'Angleterre. En
route pour Glencoe où vient d'être perpétré un massacre à l'encontre du clan
McDonald, il fait escale à Invernary et s'entretient plusieurs jours durant
avec Corrag. Car la sorcière, la gueuse comme il se plait à
l'appeler, détient des renseignements qui lui seraient utiles. Mais la jeune
femme n'accepte de lui conter le massacre auquel elle a assisté qu'à une
condition : qu'il l'écoute lui raconter sa vie. Qu'après sa mort, il plaide sa
cause et dise au plus grand nombre que Corrag était bien loin d'être une
créature du Diable. Au fil des jours, la voix de la prisonnière s'élève donc,
et pénètre le cœur du révérant.
Le ton du roman et sa narration inédite sont sans aucun doute
possible ses plus gros points forts. Point de dialogues ici. Corrag partage son histoire sans
enjoliver, sans discontinuer et sans s'interrompre, ou presque. Si elle ne sait
ni lire ni écrire, elle sait indéniablement raconter. Elle sait faire jaillir la magie des
mots les plus simples. Son ton est à la fois simple et poétique, rythmé et
léger. Il vous fend le cœur et vous le réchauffe à la fois. De
temps à autres, une autre voix s'élève, celle de Charles Leslie. Une voix qui
raconte d'une autre manière, sous forme de lettres adressées à son épouse, les
échanges qu'il a avec la gueuse. Mais très vite, gueuse ne
sera plus le mot que Charles emploiera pour désigner Corrag. Car les paroles de
la jeune femme font mouche, et pas que sur le lecteur. Le récit se veut un
hymne à la tolérance d'une poésie incroyable.
L'amour que la jeune
femme porte à la nature est sans limite. Au delà du roman historique, Un
bûcher sous la neige est aussi une ode à la nature. Un conte écologique,
presque. Le lecteur est transporté en Ecosse, à Glencoe. Il y est témoin de la
ronde des saisons, il y vit la vie solitaire et frugale de Corrag. Il se
recentre sur l'essentiel : la beauté intrinsèque des lieux, la simplicité d'une
vie.
Mais Corrag aime
aussi un peuple ; et dans ce peuple, un homme : Alasdair. Et c'est là que se
confirme le génie de Susan Fletcher. Elle aurait pu faire passer cette romance
au premier plan, elle aurait pu laisser la poésie perdre du terrain au profit
de la romance, mais non. Les deux s'équilibrent l'une l'autre. Elles se
répondent et se complètent. Elles se mettent mutuellement en valeur.
Et cette fin. Cette
fin de dingue. Pas de révélation de dernière minute, pas de cliff-hanger. Juste
ce qu'il fallait pour clôturer un roman aussi bon. La note que j'attendais pour
refermer ce livre et en rêver encore pendant des semaines, je l'ai eue, et bien
plus encore.
Je ne suis pas
historienne et les romans historiques ne sont pas mes préférés. Mais
celui-ci est différent. Tellement, tellement, tellement. L'approche est
différente, le schéma narratif l'est aussi, tout comme le ton. Je n'avais
jamais lu ça, je n'avais jamais vécu pareille lecture. Au delà de la simple
recommandation, je vous conjure de vous procurer cet incroyable roman.
Date de lecture : 05 février
2018 - 07 février 2018
Premier article et j'ai déjà envie de lire un nouveau livre. MERCI HEIN !
RépondreSupprimerIl vient de passer dans ma liste de priorités.:D
Julie
Du coup j'espère qu'il te plaira, Ju ! :D Tiens moi au courant !
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