Auteur : Thibaud Latil-Nicolas
Editeur : Mnémos
Genre : Fantasy
Pages : 347 et 464 pages (grands formats)
Résumé du tome deux : Les Chevauche-Brumes ont déserté les légions royales du Bleu-Royaume pour aller traquer les créatures maléfiques issues du brouillard noir : désormais dispersées aux quatre coins du monde, elles attaquent les populations civiles sans défense. Tandis que les réfugiés affluent à Antinéa, la capitale, et exacerbent les rivalités entre le régent du royaume et le clergé d’Enoch, sur mer, un monstre terrifiant fait des ravages parmi les navires. Les anciens de la neuvième compagnie pourront-ils faire face à tous ces périls ?
Attention, ici on risque de spoiler sévère sur la fin du tome un. Vous êtes sûrs que vous voulez rester ici ?
Okay.
Chronique : Dans ma petite vie de lectrice, j'ai jamais rencontré que deux types de bouquins : ceux qu'on lit, et ceux qu'on vit. Ces temps-ci, j'ai lu beaucoup mais pas vécu grand chose ; je suis restée spectatrice de la grosse majorité de mes lectures. Puis il y a un petit mois, il y a eu le tome deux de Chevauche-brumes qui m'a mis quelques claques, et derrière lui le tome trois qui m'a proprement éclatée. Pour vous la faire simple, j'ai vécu une expérience épique du genre à vous faire grimper sur votre toit pour crier "voilà, c'est pour des moments comme ça que je lis, bordel !". Alors je vous le dis tout de suite : cette chronique, c'est une chronique coup de cœur d'autant plus enthousiasmante à écrire que je n'en avais plus eu depuis un an au bas mot.
Mais avant de commencer avec du lourd, c'est une toute petite attention de l'auteur pour son lectorat qui a emporté mes faveurs : chaque tome débute avec un résumé des évènements précédents ~ yes, amen, Hallelujah ! ça devrait être une loi universelle dans le monde de l'édition ! (oui, ici on refait le monde, c'est cadeau). C'est pas grand chose, mais moi je me sens heureuse quand un auteur comprend que tout bon que son roman soit, on a le droit de pas se rappeler de tout. Bref, la lecture s'est d'entrée de jeu bien engagée... d'abord sur terre et ensuite en pleine mer avec, d'abord, ma découverte de Les flots sombres.
"Mais pourquoi ça cause de flotte ? Nous on veut de la brume et des cavaliers !" me direz-vous. Minute petit papillon, on se rappelle l'intrigue là où on l'a laissée: à l'issue du premier tome (que par ailleurs on peut à mon sens lire en one-shot), on avait assisté à la naissance des valeureux Chevauche-Brumes, cette troupe libre ayant pour noble but de préserver l'humanité des mélampyges qu'elle vient de lâcher sur le Bleu-Royaume et ses vassaux - la boulette. Parmi les territoires impactés par la horde monstrueuse, on trouve l'île de Biscale qui voit son économie sévèrement menacée par un monstre marin auquel personne ne prête paradoxalement beaucoup de crédit. Une certaine Ophélie est nommée capitaine d'un bateau trapu et fort peu taillé pour la chasse au kraken, tandis que côté terre le pouvoir et le clergé ne voient pas d'un bon œil l'arrivé des Chevauche-Brumes qu'ils considèrent respectivement comme renégats et hérétiques. Je ne vous le fais pas dire : dès le début du tome deux, ça sent les problèmes pour nos copines et nos copains.
Les Flots sombres, c'était selon moi un récit à double tranchant (c'est pour ça que je ne m'y suis jetée que tardivement), car si Thibaud Latil-Nicolas nous avait prouvé qu'il avait la Fantasy dans le sang avec Chevauche-Brumes, poursuivre la chose avec une intrigue se déroulant pour moitié en mer, c'était osé : faut gérer les termes marins et parvenir à donner une dimension épique à ce qui peut très vite tourner au gros bordel. A croire que je me tracassais pour rien : l'auteur a largement bravé la tempête en faisant au passage des chapitres maritimes mes favoris du tome, une prouesse d'autant plus remarquable que cette partie de l'intrigue est pour l'essentiel portée à bout de bras par une nouvelle protagoniste : Ophélie. Elle ne sera d'ailleurs pas la seule femme trempée dans l'acier qu'on introduira dans l'histoire (dans ce tome comme dans le suivant) et j'insiste lourdement sur le fait que les personnages féminins sont présents en nombre et en qualité. Ce qui est très loin d'être la norme en Fantasy est un exercice d'un naturel déconcertant pour Thibaud Latil-Nicolas qui nous a écrit des femmes, des meneuses, des capitaines et des guerrières de rêve comme on en croise peu - voire jamais - en Fantasy. Le troisième tome, L'Appel des Grands Cors, leur fait hommage à toutes et je me souviendrais longtemps d'une certaine charge de cavalerie qui n'a rien à envier à celle du Rohan au pied de Minas Tirith.
Et comme les armées se bougent au son du cor de guerre et que des armées, y en a justement un paquet qui fleurissent dans le tome trois, laissez-moi vous dire que ça claironne de partout sur la fin et qu'on atteint des niveaux épiques de baston.
Derrière la baston qui engage rapidement le Bleu-Royaume, ses voisins et les mélampyges, il y a toutefois une intrigue magique à démêler. On se plaît à découvrir avec Jerod, le petit mage, les origines des mélampyges et à tenter de trouver une solution plus intellectuelle qu'un coup d'épée dans la tronche à leur déferlement. Le récit ne déçoit pas sur ce point et cet arc narratif mené en parallèle des enjeux plus politiques trouve franchement bien sa place - une aubaine qu'il y ait autant de vétérans de la Neuvième légion pour faire vivre toutes ces facettes de l'histoire ! Ainsi donc, grâce à cette transition subtile, je clos cette chronique en vous touchant quelques mots sur ceux qui portent ces trois tomes sur leurs épaules massives et couturées : les Chevauche-Brumes. Hormis quelques-uns qui ne peuvent pas se blairer mais dont on se sépare bien vite, l'ambiance parmi eux est celle d'une fratrie dont chaque membre n'hésite ni à se lancer dans la bataille, ni à saigner pour ses confrères (et consœurs!). Eux qui ont vécu en fripouilles une bonne partie de leur vie ont à cœur de la poursuivre en héros. Thibaud Latil-Nicolas n'épargne aucun des vétérans et s'attache à les faire briller jusqu'au bout - toujours dans la joie, la bonne humeur et les insultes fleuries qu'on aime tant se les voir lancer à la gueule.
Dans son ensemble, Chevauche-Brumes n'est pas une trilogie constante ; elle fait de mieux en mieux : on part de la case "très bien" pour arriver en beuglant notre enthousiasme à un niveau de coup de cœur intergalactique. Pour une lecture mémorable de très grande qualité, aux personnages incroyables et au rythme endiablé, vous savez quoi lire. Moi, j'ai plus de mots pour vous en parler.
Note : 20/20
Merci. C'est tellement beau comme chronique que ça me donne envie de relire mes propres bouquins (quel gros megalo...)
RépondreSupprimerJ'en ai la chair de poule!
Un peu de fierté bien placée, ça fait jamais de mal :-D ! Merci pour ce super moment lecture.
SupprimerJe suis très tentée par cette trilogie, j'ai hâte de pouvoir la découvrir. Merci pour ce chouette avis !
RépondreSupprimerFONCE FONCE FONCE !
SupprimerJ'avais bien aimé Chevauche brume mais sans vraiment ressentir le besoin de continuer. Je sais pas encore si je vais le faire mais ta chro est sublime en tout cas !
RépondreSupprimerAaaaah merci ! *.*
SupprimerAvec le recul, le premier est "le moins bon". Les deux suivants envoient vraiment du pâté, un truc de fou. J'espère que tu seras tentée !