Auteur : Andy Weir
Editeur : Bragelonne (anciennement Milady)
Genre : Science-fiction
Pages : 383 (format poche)
Résumé : Mark Watney est l'un des premiers humains à poser le pied sur Mars. Il pourrait bien être le premier à y mourir. Lorsqu'une tempête de sable mortelle force ses coéquipiers à évacuer la planète, Mark se retrouve seul et sans ressources, irrémédiablement coupé de toute communication avec la Terre. Pourtant Mark n'est pas prêt à baisser les bras. Ingénieux, habile de ses mains et terriblement têtu, il affronte un par un des problèmes en apparence insurmontables. Isolé et aux abois, parviendra-t-il à défier le sort ? Le compte à rebours a déjà commencé.
Chronique : Il y a des livres que je garde des plombes dans les limbes de la wish-list avant de les en sortir miraculeusement, et sans trop savoir pourquoi ni comment, l’heureux élu du mois d'avril a été un classique relativement neuf de la SF et du cinéma : l’à présent incontournable Seul sur Mars d’Andy Weir. Pour ceux qui comme moi tentent de se familiariser avec la SF (pas facile, vous en conviendrez), ce livre qui s'adresse à tout le monde tombe largement à point. Moi j'ai franchement goûté aux cinq cents sols et des floutes passés avec Watney, et vite fait bien fait laissez-moi vous convaincre de vivre aussi l'expérience si pas déjà fait ... que ce soit petit écran ou format papier, cette fois-ci ça fera aucune différence.
Voici des décennies que la NASA a conquis Mars grâce au programme Arès dont la troisième expédition occupe Acidalia Planitia. L'équipage surentraîné largué sur place a pour but de collecter quantité d'échantillons permettant une meilleure approche de l'histoire géologique de la planète rouge. L'arrivée d'une tempête inattendue abrège cependant la mission : pour Mark Watney, c'est retour sur Terre imposé. Hélas Mark est malmené par les vents martiens et perd le contact avec ses compagnons. Présumé mort, le véhicule d'ascension martienne décolle sans lui. Livré à lui même sur une planète où rien ne vit, Mark devra déployer des trésors d'ingéniosité pour se tirer de ce très mauvais pas et faire savoir au monde voisin qu'il est vivant.
Et parler de trésors d'ingéniosité, justement, c'est pas démérité. Mark Watney c'est le plus beau, c'est le plus fort : donnez-lui un couteau suisse et de l'eau gazeuse et il vous bricole vite-fait un hélicoptère last generation ; bref, Mark c'est le MacGuiver de Mars à la différence que lui est bardé de diplômes et bourré d'idées folles. Et c'est pas plus mal remarquez, parce que des idées folles, il va lui en falloir des tas pour régler la tonne de problèmes qui lui tombe dessus, à commencer par ses copains qui se font le malle sans lui - pas de bol, ça. Qu'à cela ne tienne, Mark a quand même pas mal de ressources matérielles sur place : en bons campeurs civilisés les astronautes de la NASA laissent derrière eux tout leur bardas depuis des années, rovers, habitat high-tech et carburant excédentaire compris. Avec ses mimines habiles, son sens de l'auto-dérision légendaire et ses diplômes d'ingénieur-botaniste, Mark va faire pas mal d'étincelles dans nos cœurs (évidemment) et même jusqu'à la NASA où oups, on va se rendre compte de l'immense boulette qu'on a commis ... et commencer à creuser pour ramener Robinson Crusoé vivant à la maison. Question de relations publiques, bien entendu - la mort ça fait mauvaise presse.
Sauf qu'aller sur Mars, ça se fait pas en claquant des doigts. On a beau avoir un roman de SF entre les mains, Andy Weir a le souci du détail et place son récit dans un cadre certes futuriste (je suis effectivement au regret de vous apprendre qu'on a encore envoyé personne sur Mars, désolée), mais pas tellement over-cheaté niveau technologique. Les voyages dans l'espace à la Star Wars ne sont pas encore d'actualité, la 4G porte pas dans l'espace et l'électronique en fait des siennes : la base du XXIe siècle, mais sur Mars. Ainsi donc Andy Weir ne se facilite pas la tâche et joue à fond la carte du réalisme. Ça passe par énormément de vulgarisation et de débrouille, mais avec un peu de concentration on suit Mark Watney dans ses plans fous. J'ai apprécié d'avoir affaire à de la SF en phase avec son temps - comme quoi les bonnes histoires, faut pas forcément les chercher au millénaire suivant ! La science c'est joli et ça permet beaucoup quand on sait s'en servir (« it works, bitches ! »), toutefois c'est limité par des lois universelles qu'on a pas encore appris à contourner à l'époque où Watney s'envole vers Mars - le vrai charme de Seul sur Mars, il est là.
Seulement voilà, pour moi, l'histoire de Mark c'est une bonne histoire, mais sans plus. Sauter d'un problème à sa solution avant d'en attaquer un nouveau, puis encore un, puis encore un ... après quatre cents pages, j'ai fini par trouver ça un peu longuet et répétitif - même avec Mark le rigolo aux commandes du récit relativement court. Quand c'est pas les patates martiennes qui manquent d'eau, c'est les panneaux solaires qui tombent en rade ou bien la station d'épuration portative qui fait des siennes et Dieu seul sait quoi encore. Pour un roman qui expose avec brio les grands principes de la loi de Murphy, ruez-vous sur Seul sur Mars mais faites-vous malheureusement une raison : pour la surprise, ça ne se passera pas ici puisque tout tourne (presque) toujours mal - et ça c'est à la fois la force et la faiblesse du roman. A force de constamment tomber sur une couille dans le pâté on n'attend plus vraiment de surprise ; j'aurais moi aimé avoir droit à quelques bribes de la vie de Watney avant Mars pour aérer tout ça.
Andy Weir m'a cependant à moitié entendue puisqu'entre les entrées quotidiennes du journal de bord de Watney, il est venu glisser des chapitres concernant la NASA ou l'équipage d'Arès 3. Ceux-là sont les très, très bienvenus et cassent un peu la monotonie ; ça fait du bien !
En plus d'être un roman bien exécuté, Seul sur Mars c'est aussi un film qui a eu son petit succès et que j'ai encore regardé y a pas si longtemps - là dessus je vous apprends rien. Seulement dans l'éternel débat des adaptations ciné de grands bouquins, Seul sur Mars risque de ne pas faire couler beaucoup d'encre : l'un et l'autre sont terriblement en phase, l'image et le papier restituent la même histoire à une ou deux mésaventures près et à choisir, je suis pas sûre de me tourner vers le roman : pour une histoire pareille, je trouve personnellement que le format ciné passe carrément mieux, sans doute parce qu'à l'inverse de quatre cents pages de déconvenues, de blagues et de tension, on ramasse ça en deux heures bien plus efficaces. Le seul véritable regret que me pose le film, c'est d'avoir influencé la ligne éditoriale du roman au point d'imposer à des milliers de lecteurs la tête de Matt Damon sur leur table de chevet - mais bon, j'imagine que certains s'en plaignent pas trop, a-ha ! Il n'empêche je conseille malgré tout cette lecture aux non-initiés de la SF, qu'ils veuillent aller plus loin par après ou juste tâter un fois du pied un peu de rouille martienne. L'aventure vaut le détour !
Date : 21 avril 2020 - 26 avril 2020
Note : 15/20
Le film comme le livre me tente énormément ^^ En lisant ton avis, je reste curieuse de découvrir le livre !
RépondreSupprimerAaaaah, tu l'as pas vu ?! Je le trouve très chouette et digeste ! A toi de voir si tu veux d'abord lire le livre avant d'attaquer le film ... mais bon, les deux valent la peine malgré ma préférence perso pour le film ^-^
SupprimerJ'avais bien aimé le film. Je reste là-dessus alors ^^
RépondreSupprimerDisons que tu ne perds rien à ne pas lire le livre, effectivement :-) !
SupprimerJe n'ai pas vu le film, mais je ne sais pas si je serais tentée par le livre... J'ai peur de m'ennuyer, surtout que tu insistes bien sur les longueurs et les répétitions du schéma narratif.
RépondreSupprimerJe testerai donc le film à l'occasion :D
Si tu aimes la musique disco, les patates, et Matt Damon, tu vas passer un bon moment :-D !
SupprimerJe n'ai ni vu le film ni lu le livre et j'avoue que l'un comme l'autre ne me tente pas !!!😖 Ce genre de truc, c'est beaucoup trop anxiogène pour moi puis j'ai vraiment peur des longueurs que tu évoques.
RépondreSupprimerMerci tout-de-même pour ta chronique !
Mmmmh je trouve justement que le gros avantage du film et du livre, c'est les traits d'humour du Mark Wattney et son auto-dérision. Il a un GROS problème mais le ton est super léger, donc je te rassure on est pas sur un livre anxiogène, pas du tout du tout. Finalement je le trouve même (un peu) feel-good, en fait :-)
SupprimerPar contre pour les longueurs du livre ... là j'ai pas de quoi le défendre ^-^'
J'avais beaucoup aimé le film que j'avais trouvé très sympathique et très efficace. Il m'avait donné envie de découvrir le livre, mais à ce que tu en dis, je n'en fais pas une priorité sans pour autant exclure de le lire un jour. (Mais je vais commencer par attendre d'avoir oublié le film.)
RépondreSupprimerC'est une bonne idée !
SupprimerRemarque on n'arrête pas de bouder quand on a des adaptations infidèles, alors pour une fois qu'on en a une qui respecte à fond le livre, autant donner leur chance aux deux si on en a le courage ! ^-^
C'est tellement vrai ! Mais je reconnais que je suis assez difficile sur les adaptations. Quand elles sont infidèles, ça m'énerve ; quand elles sont un copié collé du livre, je trouve que ça n'apporte finalement pas grand-chose. Je suis vraiment casse-pieds en fait ! ^^
Supprimer