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  • 14 avr. 2019

    Artémis de Andy Weir - Do it yourself spatial

    Auteur : Andy Weir
    Éditeur : Bragelonne
    Genre : Thriller, Science-fiction
    Pages : 333 (grand format)

    Le résumé : Jazz n'a pas demandé à devenir une héroïne. Elle voulait juste être riche. Pas riche comme tous ces milliardaires qui visitent Artémis, sa ville, la seule colonie humaine de l'espace. Mais assez riche pour dormir dans un vrai lit et manger autre chose qu'une infâme bouillie d'algues. Alors, Jazz a saisi sa chance. certes, elle a mis son intelligence et ses compétences au service du crime - au menu : contrebande, mécanique et explosions en tout genre. Mais mission accomplie ! La problème, c'est que, sans le savoir, Jazz a pris part à une conspiration qui menace la sécurité d'Artémis. Et ça, Jazz ne peut pas laisser faire. Poursuivie par un tueur et désormais hors-la-loi, elle doit trouver le plus le plus génial de tous les mondes si elle veut sauver sa peau.



    Ma chronique : Dans ma quête actuelle vers davantage de SF, j'aurais eu bien du mal à ne pas passer par la case Andy Weir. Auteur du roman et film à succès Seul sur Mars en 2014, c'est en 2018 que sort son second roman Artémis dont les droits ont d'ailleurs déjà été achetés pour le grand écran - quand on a trouvé le bon filon, pourquoi aller creuser à côté, hein ? Sans avoir lu le roman, j'avais franchement accroché à l'adaptation de Seul sur Mars et plaçait donc la barre relativement haut pour Artémis. Il y a eu de l'humour, de l'action, quelques petites montées d'adrénaline bien placées, mais pour le reste je ressors de cette lecture lunaire avec une petite moue pas totalement convaincue.

    Jasmine Bashara, dite Jazz, est saoudienne. Enfin, était. Depuis que son père et elle ont émigré vers la Lune alors qu'elle n'avait que six ans, Jazz se considère comme citoyenne artémisienne avant toute autre chose. Artémis est sa maison et quand bien même la vie y est rude,  il est hors de question pour elle de remettre ne serait-ce qu'un orteil sur Terre. La gravité terrestre, six fois supérieure à celle lunaire, le lui permettrait de toute façon difficilement. Mais depuis l'étroitesse du cercueil qui lui sert de chambre, Jazz rêve de faire fortune et de se refaire une vie loin des quartiers populaires d'Artémis. Contrebandière affirmée, Jazz n'hésite pas à viser plus haut et accepte une mission de sabotage aux enjeux financiers alléchants. Mais l'opération ne se déroule pas comme prévu et la situation dérape. Le crime organisé est à ses trousses et seule, Jazz a toutes les chances d'y passer. Pas le choix, il lui faudra accepter de tendre la main pour s'extirper de cette situation délicate. Un exercice avec lequel elle n'est pas des plus à l'aise...

    Je reproche souvent aux grandes productions et aux œuvres qui les inspirent de tourner autour d'un seul et même type de héros patriote. Le bel Américain blanc, le Caucasien moyen qui s'il n'est pas méchant et ne manque la plupart du temps ni d'humour, ni d'héroïsme, n'offre pas des masses de diversité (Mark Watney, si tu passes par là...). Découvrir donc dans Artémis une jeune femme saoudienne de caractère, voilà qui fut une bonne nouvelle doublée d'une belle surprise. Jazz joue de ses origines avec panache pour noyer certains poissons et se tirer de quelques mauvais pas, on s'en délecte avec elle et on se réjouit de cette héroïne à la répartie facile qui casse le mouleArtémis - la ville - n'est pas non plus en reste : c'est une cité cosmopolite réaliste où se bousculent technologie et tradition, et où chaque ethnie se distingue à sa façon. Un microcosme travaillé, diversifié et loin d'être rose tous les jours, surtout pour les classes sociales les plus pauvres. Les motivations de Jazz à s'élever sont claires et on ne peut que rêver le meilleur avec elle et pour elle.

    Là où il y avait le rêve américain, il y a à présent le rêve artémisien et son lot de désillusions, et c'est à Andy Weir qu'on le doit.

    Toutefois Artémis aurait pu être davantage développé. La narration à la première personne a ses atouts - on apprend à connaître Jazz comme notre poche et à voir son monde par ses yeux - mais aussi ses bons gros bémols, et de ce côté il y en a un petit paquet. A tout filtrer à travers Jazz dont les opinions sont très arrêtées, on n'a d'Artémis et de la vie lunaire qu'un jugement biaisé par une quantité impressionnante de mauvais choix, d'aigreur et ressentiment avec lesquels il est difficile d'être en accord. On commence à s'attacher à Jazz pour finalement ne plus en pouvoir d'elle et de son je m'en-foutisme légendaire, et c'est bien dommage. D'une héroïne de caractère on passe sans transition à une héroïne de mauvais caractère sautant sans cesse du coq à l'âne, et de ça je ne suis pas demandeuse. Le scénario souffre en conséquence, victime d'un trop plein d'action et de rebondissements dont on se serait bien passé. Je n'aurais pas craché sur plus de profondeur, moins de linéarité et pourquoi pas, une narration à plusieurs voix.

    De l'action et des punchlines savoureuses, Artémis en a beaucoup, mais à la longue ça fatigue et ça lasse.

    Mais finalement tout ça n'est-il pas annoncé en couverture et quatrième de couverture ? Si, évidemment que si. Artémis appartient à la collection Thriller des éditions Bragelonne, et ce n'est pas un hasard. La science-fiction n'est ici que prétexte à une intrigue dynamique et décalée, bourrée de courses poursuites et de do it yourself que les fanas de mafiosi et de MacGyver apprécieront. Pour les amateurs purs et durs de bonne vieille SF, passez votre chemin, ce roman n'est clairement pas pour vous... à moins que vous ne cherchiez un roman spatial qui se lit comme du petit lait pour vous divertir le plus simplement du monde et sans prise de tête - là, signez tout de suite pour Artémis. Le contexte science-fictionnel y est peut-être purement figuratif, mais au moins tout ça tient-il solidement la route. A lire en cas d'indigestion de hard SF ou tout simplement pour souffler un coup. Ça divertit, ça fait sourire, mais est-ce que ça casse trois pattes à un pauvre canard ? Ce sera à vous d'en juger, mais de mon côté la réponse est non.

    Note : 14/20

    Date :  06 avril 2019 - 11 avril 2019

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