Auteur : Terry Pratchett
Éditeur : Pocket
Genre : Fantasy, Humour
Pages : 228 (format poche)
Le résumé : Sentant venir sa mort prochaine, le mage Tambour Billette organise la transmission de ses pouvoirs, de son bourdon, de son fonds de commerce. Nous sommes sur le Disque-Monde. La succession s'y effectue de huitième fils en huitième fils. Logique. Ainsi opère le mage. Puis il meurt. Or, il apparaît que le huitième fils est cette fois... une fille. Stupeur, désarroi, confusion : jamais on n'a vu pareille incongruité. Trop tard, la transmission s'est accomplie au profit de la petite Eskarina...
Ma chronique : Retrouver Pratchett et le Disque-Monde le temps de deux soirées et quelques trajets en voiture, voilà qui fait plaisir et donne une pêche d'enfer pour attaquer comme il faut une dure semaine ! Le vieux filou n'a rien perdu de son mordant entre les tomes deux et trois, ça pique toujours aussi sec sous couvert d'humour déjanté et ça respire bon la fraîcheur - jusqu'à ce qu'on arrive évidemment à Ankh-Morpok, s'entend. Soyez pas timides et venez faire un tour de tortue céleste, m'sieurs dames !
Tambour Billette est un mage d'instinct. Il flaire la magie et se fie à son jugement en toutes circonstances, même lorsque la Mort lui colle aux trousses. Sur le point de rejoindre la Faucheuse et de se réincarner en seule-A'Tuin-sait-quoi, Billette déniche un huitième fils de huitième fils et lui transmet comme le veut le protocole pouvoirs et bourdon - le bâton hein, pas l'insecte. Hélas la magie a parfois ses petits moments de faiblesse et ses ratés, et comme tout bon mortel qui se respecte, ses bonnes grosses bourdes. Horreur, malheur : l'enfant à qui Billette vient de léguer des millénaires de tradition exclusivement masculine est ... une petite fille. Farce de l'univers ou coup du sort, il faudra faire avec et compter sur Mémé Ciredutemps, la vieille sorcière adepte de têtologie, pour faire l'éducation de la petite Eskarina et la faire renoncer à son rêve de devenir mage. Car on n'a jamais vu de mage femme et foi de Ciredutemps, c'est pas demain la veille que ça arrivera ... si ?
Comme d'habitude tout part d'une tortue astrale, puis de quatre éléphants cosmiques, puis enfin d'un disque : le Disque-Monde. On connaissait déjà la mythique et odorante cité d'Ankh-Morpork mais le charmant village de Trou-d'Ucques, c'est une exclusivité que nous réserve Pratchett pour ce troisième tome. La recette gagnante est la même que dans les tomes précédents : du farfelu, encore du farfelu et toujours du farfelu ; quoique cette fois-ci Pratchett dégaine une intrigue plus sérieusement ficelée qu'auparavant. Le gag s'estompe alors qu'émerge le récit humoristique, et on a d'autant plus envie de taper dedans et d'en redemander. On accroche plus, d'accord, mais paradoxalement on se bidonne moins que dans les deux premiers tomes. Rien de dramatique cependant, ça reste on ne peut plus sympathique à parcourir, simplement c'est moins déjanté et un poil plus scolaire.
La huitième fille transpire la bonne humeur et encore une fois les protagonistes n'y sont pas étrangers. Mémé Ciredutemps apporte dynamisme, cynisme et personnalité au récit, au point même d'éclipser la jeune Eskarina et son bourdon caractériel - ce dernier d'ailleurs ne sera pas sans rappeler un certain coffre muni de jambes, et ça on adore. Tout comme ses prédécesseurs avant lui, La huitième fille c'est également l'occasion pour Pratchett de dénoncer en finesse deux-trois non-sens et plus précisément d'envoyer paître la tradition pour la tradition. Le conservatisme est mis à mal avec beaucoup de punch et de (non) répartie, et on passe un moment d'anthologie à voir se dépêtrer certains protagonistes dans leur immobilisme absurde.
Pourtant il faut bien avouer qu'au bout de cent-cinquante pages le tout s'essouffle et vous passe par dessus la jambe. Les plus courtes sont les meilleures et la fin est tombée à point quand bien même j'avoue l'avoir un poil précipitée en m'attardant moins dans ma lecture. Forrest Gump ne me contredira pas, Pratchett, c'est comme un boite de chocolats : on ne sait jamais sur quoi on va tomber, mais au bout de la dixième douceur il est temps de s'arrêter. Je compte poursuivre avec le Disque-Monde, ça oui, mais pas tout suite. Il est temps que je préserve ma glycémie et la laisse revenir à la normale avant de ré-attaquer le morceau. Quoiqu'il en soit il fait bon d'avoir un classique tel que Les annales du Disque-Monde dans sa bibliothèque, et je vous recommande au moins le premier tome si vous n'avez pas encore fait la connaissance de Rincevent et Deux-Fleurs.
Note : 14/20
Date : 24 mars 2019 - 27 mars 2019
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire