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  • 24 mars 2019

    Déracinée de Naomi Novik - Il était une fois du pep's

    Auteur : Naomi Novik
    Éditeur : J'ai lu (2018)
    Genre : Conte, Fantasy
    Pages : 509 (format poche)

    Le résumé : Depuis toujours, le village de Dvernik est protégé des assauts du Bois - une forêt maléfique douée d'une volonté propre - par le "Dragon", un puissant magicien. Celui-ci, en échange de ses services, prélève un lourd tribut : à chaque génération, la plus jolie jeune femme de la communauté disparaît dans sa tour. Cette année, c'est Kasia qui sera choisie. Forcément, c'est la plus belle, la plus populaire. Personne n'en doute, et encore moins Agnieszka, qui n'a jamais voulu de cet honneur. Mais les choses ne vont pourtant pas se passer comme prévu, et Agnieszka va découvrir un monde au-delà de l'entendement...


    Ma chronique : Après ma lecture saisissante de La servante écarlate de Margaret Atwood, j'avais besoin d'un roman à l'atmosphère plus légère et détendue pour remonter sur la selle de la joie et la bonne humeur sans avoir à donner de ma personne. Et bingo, avec Déracinée de Naomi Novik, j'ai frappé à la bonne porte et au bon moment, s'il-vous-plaît. Comme quoi le timing, mes aïeux, a sa petite importance ! Parce que si j'avais attaqué ce petit pavé dans d'autres circonstances, pas sûre que j'aurais été aussi charmée.

    Agniezka a dix-sept ans et habite Dvernik, un petit village logé dans une riche vallée. La terre y est fertile, le climat plutôt clément et la population solidaire. Hélas bien qu'il paraisse y faire bon vivre, l'atmosphère à Dvernik est lourde et tendue, car à quelques lieues de là à peine s'étend le Bois dont les maléfices et la malveillance terrifient les villageois. Heureusement la population de la vallée peut compter sur le Dragon pour contenir les assauts mortels du Bois, un sorcier solitaire redouté de tous pour ses pouvoirs hors du commun. Mais le tribut que ce dernier exige en retour de sa protection est lourd : tous les dix ans, la plus jolie et douée jeune fille de la vallée disparaît dans sa tour. Malgré le jour de la sélection qui approche, Agniezka a la chance de ne pas craindre d'être choisie. Toute la vallée le sait, c'est Kasia, sa meilleure amie, que le Dragon emportera. Pourtant, lorsque s'en vient le sorcier, c'est à la stupeur générale que son choix se porte sur Agniezka. Emmenée dans la tour du Dragon dont elle pense devenir la prisonnière, la jeune fille se découvre un pouvoir au delà de l’entendement même du sorcier. Un pouvoir qui, peut-être, fera la différence face au Bois, plus déterminé que jamais à absorber la vallée toute entière.

    Déracinée est un hybride de conte et de Fantasy très réussi. A cheval sur les histoires de notre enfance pour le fond et la bonne Fantasy pour la forme, il régale à la façon d'un  feu d'artifices tout en pep's et contrastes. Il met des étincelles plein les yeux et réveille l'enfant qui sommeille en nous tous, quand bien même le ton du récit se veut adulte et franc. Enchantements et maléfices sont de la partie de la première à la dernière page de ce pavé, et quelques fois on regrette presque la présence de Maman ou de Papa pour nous réconforter tant la malveillance du Bois colle des frissons. Le pire comme le meilleur des contes de notre enfance se côtoient, et Naomi Novik parvient à construire autour de ces lieux communs une atmosphère tantôt décalée, tantôt anxiogène. On oscille sans arrêt entre ces deux extrêmes richement décrits et pour peu qu'on se laisse prendre au jeu, on en sort plutôt convaincu malgré de nombreuses longueurs et une intrigue gentillette.


    Le récit est à mi-chemin de l'enfance et de la vie adulte, avec ce que ça implique de magie, de mignonneries et d'horreur.

    Inspiration enfantine oblige, l'univers de Déracinée n'a rien de très approfondi ni de très original. Comme dans tout bon conte qui se respecte, histoire et ambiance importent clairement plus que worldbuilding, mais sans qu'on puisse pour autant le regretter réellement. Car se mettre à développer abondamment le monde de Polnya, tous axes confondus, ç'aurait été dénaturer l'essence même de ce récit, et Naomi Novik l'a bien compris. Cela ne l'empêche toutefois pas de nous bercer à la slave dans un univers librement inspiré de sa Pologne natale ; ainsi quand ce n'est pas le folklore slave qui dépayse, c'est la sonorité inhabituelle des noms qui déroute et enchante. Le récit sonne aussi frais que réchauffé, et à le parcourir on se croirait volontiers ailleurs que dans un canapé à lire un bon livre - en plein bois, pourquoi pas, à profiter du côté sylvestre très prononcé du récit.

    Là où Déracinée se gâte pourtant, c'est du côté de ses personnages. Leur faiblesse et leur manque de relief fait peine à voir, même pour un récit qui se veut conté - et donc pas forcément tourné vers l'introspection. Il y a des tentatives pour les rendre attachants et profonds, pour en faire des protagonistes proches de notre réalité, mais le tout sonne creux et tombe à plat. Naomi Novik travaille ses héros en façade, néglige ses seconds rôles et ignore ses figurants, et c'est le récit qui paie. La narration à la première personne devait assurer proximité et complicité avec Agniezka et ceux qu'elle côtoie, mais de mon côté ç'aura été tout l'inverse. Pas même une déception, un rejet pur et simple de ma part du traitement négligé réservé à des protagonistes qui, pourtant, partaient avec les meilleures des chances, dans le meilleur des contes.

    S'il n'y avait eu ces longueurs et ce gros bémol concernant les protagonistes, j'aurais été totalement conquise par ce petit pavé à l'univers enchanteur. C'est frais sans être novateur, ça pétille avec malice malgré une intrigue peu fouillée ; bref c'est assez réussi et ça en fait voir de toutes les couleurs. Sans y aller toutefois de toute ma conviction, je vous recommande ce récit si vous cherchez à renouer avec l'enfant en vous, sans négliger pour autant l'adulte que vous êtes.

    Note : 15/20

    Date :  11 mars 2019 - 16 mars 2019



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