Auteur : Nicolas Beuglet
Éditeur : Pocket (2018)
Genre : Thriller
Pages : 556 (format poche)
Le résumé : À quelques kilomètres d'Oslo, l'hôpital psychiatrique de Gaustad dresse sa masse sombre parmi les pins enneigés. Appelée sur place pour un suicide, l'inspectrice Sarah Geringën pressent d'emblée que rien ne concorde. Le patient 488, ainsi surnommé suivant les chiffres cicatrisés qu'il porte sur le front, s'est figé dans la mort, un cri muet aux lèvres – un cri de peur primale. Soumise à un compte à rebours implacable, Sarah va découvrir une vérité vertigineuse sur l'une des questions qui hante chacun d'entre nous : la vie après la mort...
Ma chronique : A moins que vous n'ayez vécu ces derniers mois dans une grotte, passer à côté du Cri de Nicolas Beuglet est impossible. Personnellement, depuis des semaines que j'en entends parler, il était grand temps que je saute le pas. C'est maintenant chose faite et sachez qu'en dépit de ses défauts, Le cri est un thriller tenant solidement la route. Amateurs des noirs dessous de l'inconscient, foncez !
L'hôpital de Gaustad figure parmi les établissement psychiatriques les plus tristement renommés, et la mort plus que suspecte du patient 488 ne s'annonce pas bénéfique pour la réputation déjà peu reluisante de l'asile. En pleine crise conjugale, la vie en morceaux, l'inspectrice Sarah Geringën ne pouvait espérer pire scène de crime. Mais outre l'atmosphère particulièrement lourde de l'endroit, c'est avant tout l'incohérence des témoignages du personnel qui la saisit, si bien que rapidement, cette enquête qui s'annonçait comme une simple formalité devient la plus conséquente de sa carrière. Qui est 488 ? A quelles immondes expérimentations se livrait-on sur lui depuis près de quarante ans ? Qui tire les ficelles, et pourquoi ? Une enquête dont chaque heure compte, qui la mènera d'un bout à l'autre du globe et l'emportera, elle et les alliés qu'elle trouve sur sa route, aux origines de la peur, la vraie.
Qu'on se le dise franchement, les asiles psychiatriques, ça vend plutôt bien et Nicolas Beuglet l'a compris. Une fascination macabre suinte des murs de ces établissements dont les auteurs n'hésitent pas à tirer les ficelles, et personnellement je tombe à tous les coups dans le panneau. La faute à une curiosité plutôt malsaine, je ne m'en cache pas, que renforce d'ailleurs cette saison hivernale. Pour un premier roman, Nicolas Beuglet a donc eu la bonne idée de frapper fort avec un environnement cent pour cent propice au thriller psychologique, et ce, s'il vous plait-merci, tout en évitant les esquifs. Le risque était là de s'enfermer dans ce que les hôpitaux psychiatriques ont de cliché, mais l'auteur a eu l'intelligence de surprendre son lecteur en partant rapidement dans une direction inattendue.
Quoique survenant peut-être un peu tôt à mon goût dans le récit - j'aurais aimé m'imprégner davantage de l'atmosphère anxiogène de Gaustad avant d'en changer - ce revirement lance l'inspectrice Sarah Geringën sur une affaire colossale. Guerre froide, CIA et programmes gouvernementaux top secrets se mêlent à l'enquête le plus naturellement du monde, et le sens de la narration de Nicolas Beuglet n'y est pas étranger. Chaque chapitre comporte son lot d'indices et de révélations, et page après page, c'est toute une affaire sordide qui surgit devant les yeux du lecteur. Sordide, oui, mais surtout réaliste grâce à l'excellent travail de recherche qu'a mené l'auteur. On sent le scénario travaillé mais non seulement documenté, une vraie réussite doublée d'une petite leçon d'histoire et de neurobiologie.
Quoique survenant peut-être un peu tôt à mon goût dans le récit - j'aurais aimé m'imprégner davantage de l'atmosphère anxiogène de Gaustad avant d'en changer - ce revirement lance l'inspectrice Sarah Geringën sur une affaire colossale. Guerre froide, CIA et programmes gouvernementaux top secrets se mêlent à l'enquête le plus naturellement du monde, et le sens de la narration de Nicolas Beuglet n'y est pas étranger. Chaque chapitre comporte son lot d'indices et de révélations, et page après page, c'est toute une affaire sordide qui surgit devant les yeux du lecteur. Sordide, oui, mais surtout réaliste grâce à l'excellent travail de recherche qu'a mené l'auteur. On sent le scénario travaillé mais non seulement documenté, une vraie réussite doublée d'une petite leçon d'histoire et de neurobiologie.
Hélas l'envie de trop en faire rattrape Nicolas Beuglet aux deux tiers de son récit. Entre kidnapping improbable, ultimatum à rallonge, tueurs à gages surentraînés et théories aussi douteuses qu'improbables, le lecteur perd pied. A l'image des protagonistes, il finit par subir lui aussi l'enquête et perd tout plaisir : il bondit d'un document accablant à l'autre sans temps mort, sans surprise et sans émotion. A trop vouloir offrir du grandiose, Nicolas Beuglet ne laisse pas le temps à son lectorat de reprendre son souffle entre deux révélations scabreuses. Une précipitation sans doute inspirée d'auteurs célèbres comme Dan Brown, mais qui tombe ici complètement à plat et révèle des incohérences majeures.
Moi qui jusque là appréciait l'auteur pour sa mesure, j'ai été sérieusement refroidie par cette escalade ridicule.
Cela dit, mis à part cette précipitation grossière en fin de roman, Le cri remplit plutôt bien son rôle de thriller psychologique. L'esprit humain dans tout ce qu'il a de plus mystérieux est au cœur d'une intrigue prenante, explorant ce que la peur a de plus primitif, et côté protagonistes, même si Sarah Geringën ne révolutionne pas le genre - la flic au passé torturé, on a vu plus inédit - , elle s'intègre tout à fait à l'esprit du roman. Dommage cependant que le piège de la romance policière se referme sur elle ; encore un point dont l'auteur aurait pu se passer pour se démarquer davantage.
En bref, de quoi donner envie de suivre d'un peu plus près le parcours de cet auteur et ses romans à venir.
Note : 15/20
Date : 27 décembre 2018 - 30 décembre 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire