Auteur : Sarah Vaughan
Éditeur : Le livre de poche (2018)
Genre : Romance, Récit de vie
Pages : 448 pages (format poche)
Le résumé : Cornouailles, une ferme isolée au sommet d’une falaise. Battus par les vents de la lande et les embruns, ses murs abritent depuis trois générations une famille… et ses secrets.1939. Will et Alice trouvent refuge auprès de Maggie, la fille du fermier. Ils vivent une enfance protégée des ravages de la guerre. Jusqu’à cet été 1943 qui bouleverse leur destin. Été 2014. La jeune Lucy, trompée par son mari, rejoint la ferme de sa grand-mère Maggie. Mais rien ne l’a préparée à ce qu’elle y découvrira. Deux étés, séparés par un drame inavouable. Peut-on tout réparer soixante-dix ans plus tard ?
La chronique : Sortir de ma zone de confort n'est pas dans mes habitudes. Après avoir passé des années à chercher à tâtons mes genres de prédilection, je n'aime clairement pas risquer aujourd'hui mon temps et mon argent sur des livres qui, genre littéraire oblige, ont très peu de chances de me plaire. Ceci dit il arrive que deux à trois fois par an je cède face aux échos que j'entends ; que je me procure un livre que, de moi-même, je n'aurais jamais approché. Parfois ça paie et fait de moi la plus comblée des lectrices, mais parfois pas, et alors gare au retour de chronique - c'est souvent violent. Et ce qui est étrange avec La ferme du bout du monde, c'est que ce roman se situe pile entre ces deux ressentis.
La Cornouailles, Angleterre, 1939. La seconde guerre mondiale vient seulement d'éclater et déjà Maggie, treize ans, voit débarquer dans la ferme familiale Will et Alice, un frère et sa sœur fuyant les bombardements à venir. Alice n'a pas dix ans, Will en a déjà quatorze. Et entre ce dernier et la jeune Maggie, le contact passe immédiatement. En 2014, Lucy, la petite fille de Maggie, est à la croisée de chemins. Entre son mari qui la trompe et son boulot d'infirmière où elle enchaîne les erreurs lourdes de conséquences, la jeune femme perd pied. Désespérée, elle revient à la ferme qui l'a vue grandir. Skylark, perdue dans les landes à-pic de la Cornouailles et où la vie, aussi belle que rude, demande bien des sacrifices. Skylark, qui a connu bien des drames. Dès qu’elle arrive, Lucy apprend que la ferme est au plus mal. Son bilan financier est dramatique malgré le temps et l'énergie qu'y consacrent son frère et sa mère, mais la jeune femme est cependant bien décidée à ne pas laisser sombrer l'exploitation qui depuis six générations est le sanctuaire de sa famille. Un acharnement et une volonté telles qu'elles éveillent les regrets de Maggie, et avec eux un secret tu depuis trop longtemps.
Que son résumé ne vous y prenne pas, c'est une romance que cache La ferme du bout du monde. Une romance dramatique, enrobée de nombreuses couches de secrets et de regrets, mais une romance malgré tout. L'intrigue n'est ni très originale ni renversante, mais elle évite les écueils qui d'ordinaire coulent les récits de ce genre. La mièvrerie n'est à aucun moment au rendez-vous, le récit est brut, parfois cruel et restitué tel qu'on l'imagine s’être déroulé. L'autrice donne l'impression de jouer franc jeu avec son lectorat, de ne pas le bercer de stéréotypes assommants, et j'ai beaucoup apprécié cette spontanéité. Toutefois, j'avoue avoir été à plusieurs reprises au bord du décrochage. Le rythme est désespérément lent, et c'est sans compter les introspections à n'en plus finir. Pas franchement ma tasse de thé, et un gros point noir pour moi qui suis habituée à des récits plus rythmés.
Ce qui fait que je n'ai pas lâché ce roman en cours de lecture, c'est son caractère poignant. Avant d'être un récit, La ferme du bout du monde m'a donné l'impression d'être un témoignage. Celui de deux générations de femmes fortes, ravagées par les claques que leur a mis la vie mais décidées malgré tout à continuer à avancer, quoiqu'il en coûte. Pour la ferme, pour l'amour, pour ce que la vie a encore à offrir. A cet égard, La ferme du bout du monde est un récit de reconstruction, fait d'espoirs et doutes, oscillant entre amour et fureur de vivre. C'est un roman qu'on ressent et qu'on lit avec autant de gravité que de plaisir, et, à sa façon, une belle leçon de vie - sans doute aussi belle que la Cornouailles.
Car justement la Cornouailles fait beaucoup pour ce roman. Le charme de Skylark, dans le fond, tient moins à la famille qui l'habite qu'à l'âme qu'est parvenue à lui insuffler Sarah Vaughan ; or cette âme est indissociable de la Cornouailles - du moins à mes yeux de citadine. La ferme et ses abords sont sans doute possible les éléments du récit les plus importants, le reste étant finalement secondaire. Sans Skylark et ses abords tantôt chaleureux, tantôt désolés, La ferme du bout de monde ne tiendrait pas debout, même avec des portraits de femmes réalistes et percutants.
Vous aimez les secrets de famille, la romance, les paysages à couper la souffle ? Foncez. Et si les uns et les autres ne vous font ni chaud ni froid, vous n'avez rien à perdre mais plutôt tout à gagner à tenter le coup. Avant de faire votre choix, gardez toutefois en tête la lenteur parfois exaspérante du récit.
Ce qui fait que je n'ai pas lâché ce roman en cours de lecture, c'est son caractère poignant. Avant d'être un récit, La ferme du bout du monde m'a donné l'impression d'être un témoignage. Celui de deux générations de femmes fortes, ravagées par les claques que leur a mis la vie mais décidées malgré tout à continuer à avancer, quoiqu'il en coûte. Pour la ferme, pour l'amour, pour ce que la vie a encore à offrir. A cet égard, La ferme du bout du monde est un récit de reconstruction, fait d'espoirs et doutes, oscillant entre amour et fureur de vivre. C'est un roman qu'on ressent et qu'on lit avec autant de gravité que de plaisir, et, à sa façon, une belle leçon de vie - sans doute aussi belle que la Cornouailles.
Car justement la Cornouailles fait beaucoup pour ce roman. Le charme de Skylark, dans le fond, tient moins à la famille qui l'habite qu'à l'âme qu'est parvenue à lui insuffler Sarah Vaughan ; or cette âme est indissociable de la Cornouailles - du moins à mes yeux de citadine. La ferme et ses abords sont sans doute possible les éléments du récit les plus importants, le reste étant finalement secondaire. Sans Skylark et ses abords tantôt chaleureux, tantôt désolés, La ferme du bout de monde ne tiendrait pas debout, même avec des portraits de femmes réalistes et percutants.
Vous aimez les secrets de famille, la romance, les paysages à couper la souffle ? Foncez. Et si les uns et les autres ne vous font ni chaud ni froid, vous n'avez rien à perdre mais plutôt tout à gagner à tenter le coup. Avant de faire votre choix, gardez toutefois en tête la lenteur parfois exaspérante du récit.
Note : 14/20
Date : 01 décembre 2018 - 04 décembre 2018
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