Auteur : Pierre Bordage
Éditeur : Bragelonne (2018)
Genre : Fantasy
Pages : 475 pages (grand format)
Le résumé : Après le massacre de son clan, Oziel, fille de la maison du Drac, a réussi à fuir dans les bas-fonds de la cité labyrinthique d'Arkane. C'est là qu'elle va se mettre en quête de son frère aîné et organiser leur vengeance... De leur côté, Renn, l'apprenti-enchanteur de pierre, et Orik, guerrier venu d'une lointaine contrée arrivent en vue de la grande cité porteurs d'une bien sinistre nouvelle : l'arrivée imminente de l'invincible armée d'invasion qui a déjà anéanti le royaume d'Orik. Bientôt les destinées du trio vont s'entremêler et décider de l'avenir d'Arkane.
La chronique : Après ma lecture mouvementée et pas franchement concluante du premier tome d'Arkane, autant vous dire que Pierre Bordage ne partait pas gagnant avec ce second volume. Pour ne rien vous cacher, c'est avant tout la grande qualité graphique de ce dernier qui m'a décidée à me le procurer et à lui donner sa chance. Et bien que je ne regrette pas mon choix, le second volume d'Arkane ne m'a pas réellement convaincue - et, avec lui, la saga dans son ensemble. Ce n'était pourtant pas faute d’avoir du potentiel !
La famille du Drac a été trahie : celles de l'Aigle, de l'Ours, du Dauphin, du Loup, du Corridan et de l'Orbal ont assassiné chacun de ses membres - ou presque. Oziel, seule survivante du massacre, a fui les Hauts de la cité colossale d'Arkane pour retrouver son frère Matteo, banni il y a sept ans de cela dans le Fonds. Un périple semé d'embûches tant Oziel est traquée comme une bête. Contrainte aux sacrifices les plus difficiles, l'héritière du Drac progresse à travers les six niveaux de la ville vaille que vaille, portée par sa seule volonté et les rares alliés qu'elle rencontre sur sa route. Sur les rives du fleuve Odivir, le père nourricier d'Arkane, Renn et Orik poursuivent également leur périple. L'enchanteur de pierre et le guerrier du nord sont les seuls à savoir l'armée Conquérante en route, les seuls à avoir connaissance du complot menaçant la mythique Arkane. Des informations que tous n'estiment pas bienvenues dans la cité ... Le temps presse, les pièces sont dressées et la chute d'Arkane imminente. Oziel, Orik et Renn parviendront-ils à sauver la cité millénaire ?
Résumé à l'appui, le second volume d'Arkane n'apporte pas grand chose de neuf au premier : Oziel parcourt toujours la cité à la recherche de son frère tandis Renn et Orik marchent vers Arkane. Les protagonistes tels qu'on les retrouve dans La Résurrection sont englués dans la même situation que celle dans laquelle ils pataugent dans La Désolation, et cette impression constante de tourner en rond, cette sensation que rien ne bouge, que rien ne change vraiment m'a suivie tout le long de la saga. Je ne vais pas me faire des amis en disant ça, mais de mon point de vue Pierre Bordage est un sacré prestidigitateur, maître dans l'art de faire croire qu'il se passe quelque chose dans son récit, alors qu'en réalité on est pas loin du vide complet. Il entube ses lecteurs ni vu, ni connu, en leur servant deux tomes durant des courses poursuites et des escarmouches à n'en plus finir. Et non content de ne pas faire avancer l'intrigue d'un pouce, celles-ci se soldent systématiquement par l’intervention d'un protagoniste sorti de derrière les fagots dont le lecteur n'entendra plus jamais parler une fois le chapitre achevé. Les héros pourtant prometteurs d'Arkane deviennent des assistés perpétuels et franchement, à force, j'en ai été sérieusement agacée.
Si c'est ça, le style du si grand et si renommé Pierre Bordage, je passe mon tour et vous le laisse volontiers.
Heureusement, l'idée même de la saga l'a sauvée à mes yeux. Arkane, cette gigantesque ville que je me représente comme une pièce montée aux dimensions colossales m'a finalement envoûtée. Pierre Bordage prend enfin le temps de lui donner une réelle profondeur et de développer davantage son histoire, son mythe. Paradoxalement, bien que les deux s'y déroulent, on sent la cité plus présente dans le second que dans le premier tome, à tel point qu'elle en devient un protagoniste à part entière - mon préféré, sans aucun doute. Complexe, tortueuse, riche d'histoire et de secrets, Arkane prend enfin la place qui lui revient. Je reste cependant sur ma faim, car j'aurais souhaité que Pierre Bordage aille plus loin et donne encore plus de relief à cette cité. Il faut l'avouer, sur les mille pages que compte la saga, l'auteur ne laisse que peu d'espace à Arkane. Un déséquilibre qui me dérange, surtout en regard de la manie de l'auteur à multiplier les scènes futiles quand d'autres points auraient mérité son attention - comme notamment les retrouvailles entre Oziel et son frère ainsi que la conclusion de son récit, expédiées en dix pages à tout casser.
Enfin, si au premier abord l'intrigue peut faire penser au Trône de Fer, les deux n'ont rien à voir. Arkane, c'est l'histoire d'Oziel et de sa quête de vengeance ; c'est l'histoire de Renn et de son apprentissage d'enchanteur de pierre ; c'est l'histoire d'une cité sur le point de s'effondrer sous l'orgueil de ses familles régnantes ; c'est l'histoire du complot qui met cette dernière à genoux. Et justement, ce qui m'a profondément dérangé dans l'intrigue - outre le fait qu'elle n'avance pratiquement pas - c'est d'être simple spectatrice des conséquences de ce complot. De ne pas vivre son élaboration, de ne pas ressentir la haine, la peine, la frustration et l'admiration machiavélique qui vont avec. Pierre Bordage met son lecteur devant le fait accompli et le prive d'une partie de l'intrigue qui aurait pourtant valu la peine d'être développée.
Moi qui pensais que l'auteur couvait une trilogie, c'est finalement un diptyque qu'il aura écrit. Et je dis tant mieux, car j'ignore si j'aurais eu la volonté de me lancer dans un troisième tome dans la même veine. Arkane n'est pas une mauvaise saga, elle a de grands points positifs - Arkane, justement - simplement elle ne me correspond pas tout à fait. Tous les ingrédients étaient pourtant là, mais ça n'a pas pris. Pierre Bordage n'est sans doute pas un auteur pour moi, je le laisse à d'autres.
Note : 14/20
Date : 07 décembre 2018 - 14 décembre 2018
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire