• Livres chroniqués
  • Coups de cœur
  • Acquisitions livresques
  • Tags et challenges
  • Autour du livre
  • 30 nov. 2018

    L'enfant des cimetières de Sire Cédric

    Auteur : Sire Cédric
    Éditeur : Pocket (2011)
    Genre : Fantastique, Thriller
    Pages : 529 pages (format poche)

    Le résumé : Ce pourrait être un simple fait divers. Un fossoyeur tue sa femme et ses enfants au fusil à pompe avant de se donner la mort. David et Aurore, journalistes, sont sur les lieux, certains de tenir un sujet en or. Le lendemain, c'est Kristel, la compagne de David, qui est victime d'un tueur dément. Pour le commandant Vauvert, cette affaire présente trop de zones d'ombres, et celles-ci ne vont cesser de s'étendre. La vague de meurtres se répand, emportant David jusqu'au bord du précipice, jusque dans les rêves de l'enfant des cimetières...


    La chronique : Je l'avoue, il y a des fois où entendre  parler d'un auteur à répétition me donne envie de prendre mes jambes à mon cou plutôt que de me ruer sur ses œuvres. Une méfiance et un recul nécessaires à la survie de mon porte-monnaie mais aussi à l'évitement de grandes déceptions. Je ne vous le cache pas, Sire Cédric a longtemps été de ces auteurs-là, mais aujourd'hui, c'est fini. Et après ma lecture haute en couleur de L'enfant des cimetières, il est certain que je n'en resterai pas là avec cet auteur.

    David et Kristel filent le parfait amour. Elle est artiste peintre excentrique, lui photographe de presse pour le canard local. Une profession qu'il a adoptée par nécessité et que lui reproche souvent sa compagne, surtout lorsque c'est avec la belle Aurore qu'il couvre les faits monotones des environs. Mais un jour la monotonie éclate. Raymond Mendez assassine sa femme et ses enfants à coups de fusil à pompe avant de se donner lui-même la mort. Une affaire difficile dans laquelle se lance le commandant Vauvert tandis qu'incrédules, David et Aurore se saisissent du fait divers - l'un à reculons, l'autre avec une franche excitation. Les clichés sont tirés, l'article bouclé, et pourtant David ne parvient pas à se défaire de son mauvais pressentiment. Le lendemain, le neveu de Raymond fait feu en plein hôpital et tue Kristel. Mais avant de pousser son dernière soupir, Kristel décèle chez ce dernier l'innomable, le démon. Un démon qui vous rend fou d'un simple regard, peuple vos rêves de cauchemars et lance à vos trousses ses légions ombreuses. L'enfant des cimetières qui, à présent, semble décidé à faire de David sa nouvelle victime.

    Si les frissons et l'horreur teintés de fantastique vous font de l'effet, alors L'enfant des cimetières est fait pour vous. Si ce n'est pas le cas, passez votre chemin. On pourrait presque en rester là côté chronique tant ce roman ne tient pratiquement qu'en deux mots  : angoisse surnaturelle. Mais vous vous en doutez, j'en ai davantage sous le coude pour vous. 

    Je pèse soigneusement mes mots lorsque parle d'angoisse, d'horreur et de frissons ; et si je vous décris L'enfant des cimetières en ces termes, c’est qu'en le lisant j'ai sérieusement flippé. Voilà, c'est dit - pfiou ! Et bien que mon amour propre en prenne un sacré coup, ma satisfaction, elle, se porte au mieux. Quelle joie en effet d'avoir enfin déniché un auteur autre que King ou Thilliez parvenant à me coller la chair de poule ! A la lecture de ce roman, j'étais moins lectrice que spectatrice en pleine séance de cinéma. Les images que d'ordinaire je mets plusieurs chapitres à constituer ont ici surgi avec une effroyable facilité, donnant naissance à un film qui n'avait rien à envier aux meilleurs des genres fantastique et horreur. Un peu du Ring, de Sinister et des Dossiers Warren, voilà ce qui fait à mes yeux ce premier roman de Sire CédricUn cocktail détonnant et horrifique couplé à une enquête à la fois policière et journalistique - l'occasion pour l'auteur, d'ailleurs, de placer une ou deux réflexions de fond quant à la presse à sensations. C'était discret, je l'avoue, mais ça m'a bien plu.


    « Si la profession change, c'est parce qu'on la tire vers le bas, tous autant que nous sommes. Avec chacun de nos papiers, avec chaque horreur qu'on déterre, qui ne concerne personne et qu'on leur jette pourtant en pâture.»

    A peine les premières pages assimilées, c'est donc un tourbillon de malfaisance qui emporte David et le lecteur avec lui. Une lente descente aux enfers comme je les aime, où l'auteur y va crescendo, une touche d'horreur après l'autre. Ceci dit, Sire Cédric ne fait pas dans la dentelle, et on le comprend très vite à la lecture de son roman. C'est sanglant, c'est brut, et ça suinte la peur primitive. Son style est direct, parfois même un peu trop simpliste, mais le tout se lit sans heurtsMalheureusement, horreur mise à part, l'intrigue fait souvent les frais de la volonté de l'auteur à faire peur à tour prix. Les incohérences sont fréquentes, et j'avoue avoir décroché plus d'une fois. Avec l'ésotérisme qui petit à petit se mêle au fantastique, l'occasion était pourtant là de produire un roman fourni et documenté ; un récit qui, mine de rien, informe et apprend à son lecteur. Exorcisme, démonologie, mythologie, il y avait tant de sujets à traiter ! Autant de pistes à côté desquelles est très royalement passé Sire Cédric, à ma plus grande déception.


    Et quand David se met à lire un manuscrit de 1633 tombé du ciel avec la même aisance que s'il s'agissait du dernier Musso, croyez-moi, il a de quoi froncer sérieusement des sourcils.

    Finalement L'enfant des cimetières fut une bonne lecture, pleine de rebondissements frissonnants et de chapitres glaçants. Pour un premier roman, la mission est accomplie haut la main. Dommage cependant que Sire Cédric ait décidé de n'emmener son récit que dans une unique direction, celle de la peur à tout prix, au détriment d'une sous intrigue mythologique qui aurait fait mouche à tout les coups si on l'avait développée.

    Note : 16/20

    Date : 24 novembre 2018 - 28 novembre 2018

    Aucun commentaire:

    Enregistrer un commentaire