Auteur : Pierre Boulle
Éditeur : Pocket (2004)
Genre : Science-fiction
Pages : 192 pages (format poche)
Le résumé : Y a-t-il des êtres humains ailleurs que dans notre galaxie ? C'est la question que se posent le professeur Antelle, Arthur Levain, son second, et le journaliste Ulysse Mérou, lorsque, de leur vaisseau spatial, ils observent le paysage d'une planète proche de Bételgeuse : on aperçoit des villes, des routes curieusement semblables à celles de notre Terre. Après s'y être posés, les trois hommes découvrent que la planète est habitée par des singes. Ceux-ci s'emparent d'Ulysse Mérou et se livrent sur lui à des expériences. Il faudra que le journaliste fasse, devant les singes, la preuve de son humanité.
Ma chronique : Pour moi qui me mets doucement sur la voie de la science-fiction, il était essentiel de passer par la case des classiques. Et quel classique que La planète des singes de Pierre Boulle, dont nous avons tous déjà au moins entendu parler ! Un incontournable pour qui souhaite se constituer une bibliothèque science-fictionnelle digne de ce nom, mais aussi remettre en question l'humanité d'aujourd'hui et d'alors. Dommage, toutefois, que ma lecture n'ait pas été un long fleuve tranquille.
Le professeur Antelle est l'un des scientifiques les plus réputés de la Terre. Passionné de biologie, il est à la recherche de formes de vie extraterrestre et, dans ce but, met sur pied une mission spatiale aux abords de Bételgeuse, une géante rouge autour de laquelle gravitent quelques planètes potentiellement habitables et située à plus de cinq cent années-lumière de notre système solaire. Pour l'assister dans son entreprise, le professeur Antelle s'entoure de deux jeunes hommes prometteurs : Arthur Levain et Ulysse Mérou. Le voyage se déroule sans heurts, et rapidement les trois compagnons décèlent à proximité de Bételgeuse une planète similaire à la Terre, qu'ils baptisent Soror. L'air y est respirable, l'eau y coule en abondance et faune et flore ont conquis les continents. La surprise d'Antelle, Ulysse et Levain est grande, mais sans commune mesure avec celle qui les saisit lorsqu'ils tombent nez à nez avec des autochtones humains, dont l'animalité semble avoir pris le pas sur l'humanité. Mais la surprise devient effroi lorsque, pris malgré eux dans une battue, les trois hommes comprennent que les singes dominent la planète, comme les Hommes la Terre. Ulysse est séparé de ses compagnons et emmené à l'institut zoologique de la ville la plus proche, où les singes se livrent sur lui à des expériences aussi déroutantes que dégradantes pour sa condition d'homme pensant. A lui de faire la preuve de son humanité et d'abattre habilement ses cartes ; sa survie en dépend.
La première adaptation de La planète des singes et son final fracassant m'ont profondément marquée dans mon adolescence. Je me réservais cependant le roman d'origine pour plus tard, et ce n'est que cette semaine que le jour est finalement venu pour moi de m'y lancer. Naturellement, comme à chaque fois que je lis un roman après avoir vu son adaptation, j'étais saisie d'une certaine appréhension. La peur d'être déçue, sans doute, mais aussi celle de ne pas y retrouver ce qui, dans le film de Franklin Schaffner, m'avait tant plu. Finalement, il y a eu du bon et du moins bon.
Premier obstacle rencontré dans ma lecture, la narration. Forcément, avec un livre écrit en 1963, on est loin de ce qu'on rencontre aujourd'hui ; mais je ne m'attendais tout de même pas à ça. Côté narration, La planète des singes de Pierre Boulle est un récit factuel et impersonnel. Mathématique, presque. Le narrateur ne se perd jamais en digressions ni en introversions, il décrit des faits avec une objectivité qui tend à exclure le lecteur de son récit plutôt que de l'y impliquer. Impossible donc, pour ma part, de m'attacher ne serait-ce qu'un instant à Ulysse Mérou, et encore plus de m'insurger avec lui. Et quand, au détour de certaines phrases, les bonnes vieilles mentalités racistes, misogynes et arriérées de l'époque resurgissent, ça passe plutôt mal chez le lecteur d'aujourd'hui. Pierre Boulle fut un auteur de son temps, certes, et un livre est toujours le reflet de son époque. Mais il n'empêche, entendre parler avec tout le sérieux du monde (et de la bouche d'un homme) de « race attardée comme on en trouve en Nouvelle Guinée ou dans nos forêts d'Afrique », en 2018, ça fait saigner les yeux. Tout comme la façon dont Boulle semble mine de rien rabaisser la femme dans son récit à travers la jeune Nova, belle mais bête comme un manche.
Premier obstacle rencontré dans ma lecture, la narration. Forcément, avec un livre écrit en 1963, on est loin de ce qu'on rencontre aujourd'hui ; mais je ne m'attendais tout de même pas à ça. Côté narration, La planète des singes de Pierre Boulle est un récit factuel et impersonnel. Mathématique, presque. Le narrateur ne se perd jamais en digressions ni en introversions, il décrit des faits avec une objectivité qui tend à exclure le lecteur de son récit plutôt que de l'y impliquer. Impossible donc, pour ma part, de m'attacher ne serait-ce qu'un instant à Ulysse Mérou, et encore plus de m'insurger avec lui. Et quand, au détour de certaines phrases, les bonnes vieilles mentalités racistes, misogynes et arriérées de l'époque resurgissent, ça passe plutôt mal chez le lecteur d'aujourd'hui. Pierre Boulle fut un auteur de son temps, certes, et un livre est toujours le reflet de son époque. Mais il n'empêche, entendre parler avec tout le sérieux du monde (et de la bouche d'un homme) de « race attardée comme on en trouve en Nouvelle Guinée ou dans nos forêts d'Afrique », en 2018, ça fait saigner les yeux. Tout comme la façon dont Boulle semble mine de rien rabaisser la femme dans son récit à travers la jeune Nova, belle mais bête comme un manche.
Et je vous passe les références à l'essence divine de l'être humain, aussi, chez lesquelles j'ai eu du mal à déceler le sarcasme que j'y attendais pourtant. Après, peut-être suis-je passée à côté du ton que l'auteur avait souhaité leur conférer ; c'est bien possible.
La science-fiction d'autrefois n'a certainement plus rien à voir avec celle d'aujourd'hui, j'en suis consciente. Toutefois, s'il est vrai qu'en près de soixante ans la science a fait des bons de géant en avant, en 1963, on n'était pas démunis non plus, surtout du côté de la biologie et de l'évolution des espèces. Et c'est sur le fond scientifique de son récit que Pierre Boulle a, à mes yeux de biologiste, manqué le coche. Bien loin de se dérouler sur Terre, le roman de Pierre Boulle prend place sur une planète pratiquement jumelle, Soror, située à des années lumières et appartenant à un système différent. De très nombreux indices prouvent que la Terre et Soror sont deux planètes distinctes, et l'auteur nous le fait d'ailleurs bien comprendre dès le premier chapitre - à moins que je ne sois carrément passée à côté d'un truc. Certes, qui dit science-fiction dit fiction, mais sur le fond, je trouve bien trop gros à avaler qu'il pourrait exister, selon Pierre Boulle, une Terre 2.0 avec rigoureusement les mêmes espèces, la même atmosphère, la même technologie et la même culture. Un problème qu'avait résolu Franklin Schaffner avec la conclusion atomique de son adaptation cinématographique, différant pour le coup de celle proposée par Pierre Boulle.
Mais Pierre Boulle n'a pas écrit La planète des singes pour la science ni la pertinence scientifique. Il l'a écrit pour remettre l'espèce humaine à sa place, et ça fait franchement du bien à lire. Retrouver l'Homme de l'autre côté des barreaux, en tant que sujet et non qu'expérimentateur, c'est fort, c'est saisissant, et ça fait réfléchir sérieusement sur notre rapport au monde et notre froide assurance d'en être les maîtres. L'auteur décrit ce qui à mes yeux est un juste retour des choses, et je suis tombée en accord total avec ce dernier plus d'une fois. Sans parler de la bonté et de l'humanité dont fait preuve Zira, la jeune guenon, démontrant que ces dernières ne sont pas l'apanage des Hommes. Un message pertinent et porteur.
Finalement, ce qui m'aura posé le plus de problème dans ma lecture, c’est avant tout la forme du récit, bien différente de celle de la littérature actuelle. Car côté fond, La planète des singes de Pierre Boulle n'a pas démérité son succès ... quand bien même je lui préfère son adaptation cinématographique de 1968 - une fois n'est pas coutume. Un roman à lire malgré tout, et un classique qui se doit de figurer dans une bibliothèque.
Note : 14/20
Date : 14 novembre 2018 - 17 novembre 2018
Bonjour !
RépondreSupprimerJe viens de le lire et mon avis ressemble au tien, même si mon ressenti final est plus positif. Effectivement, certaines réflexions sont un peu limites et j'ai un peu bugué dessus pendant la lecture sans toutefois trop m'appesantir dessus. Après, en étant consciente de cela, je trouve que c'est tout de même une belle baffe pour l'être humain et comme tu dis, ça fait du bien !
*Je réponds trois ans après la guerre mais mieux vaut tard que jamais*
SupprimerHeureuse de voir que je ne suis pas la seule à avoir tiqué ! Après, ce qui est effectivement le plus saisissant, c'est de "nous" voir remis à notre place, qu'importe le reste. Je suis contente de l'avoir lu, même si ma lecture n'a pas forcément été facile :-) !