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  • 25 nov. 2018

    Le premier de Nadia Coste


    Auteur : Nadia Coste
    Éditeur : Scrineo (2015)
    Genre : Fantastique
    Pages : 312 pages (grand format)

    Lu dans le cadre du « Pumpkin Autumn Challenge »

    Le résumé : À l'origine, il était humain. Vaïn n'est pas mort. Pourtant, son frère l'a tué. A-t-il ressuscité ? Pourquoi le soleil brûle-t-il sa peau ? Pourquoi seul le sang le rassasie-t-il ? Alors que son désir de vengeance augmente, Vaïn se convainc que la Nature l'a sauvé de la mort pour éliminer son frère et sa descendance maudite... Une traque terrible et périlleuse commence... Elle durera des siècles. La quête du Premier Immortel depuis la fin du néolithique jusqu'au début de Rome.

    Ma chronique : J'aime généralement peu les récits de vampires. Anne Rice c'est trop lent, Buffy c'est trop Urban Fantasy et entre les deux, y a pas énormément de romans dosés comme je veux. On n'est jamais à l'abri d'une lecture renversante (donc après tout peut-être qu'un jour un roman va me faire sortir mes a priori de la tête) mais pour le moment, je suis très, très peu demandeuse de buveurs de sang. Pourtant, assiduité "challengienne" oblige, il a fallu que je trouve chaussure à mon pied. Et dès que j'ai vu Le premier de Nadia Coste surgir d'une liste de romans longue comme le bras et lu sa quatrième de couverture, j'ai su que je tenais le bon roman pour d'un, me réconcilier avec ces créatures pas très sympas, et de deux, passer un chouette moment - tout simplement. Un pari de gagné !

    Vaïn est membre de la tribu de Planha et benjamin de sa famille. Malingre, maladroit et effacé, il vit dans l'ombre de son frère Ùrr, un chasseur puissant et assuré, mais surtout un rival qui lui a volé le cœur de la belle Milana. Comble du malheur, le chef de clan vient d'autoriser leur union ... à la condition, toutefois, qu'Ùrr démontre qu'il est à présent un homme en capturant seul le premier auroch de son cheptel. C'en est trop pour Vaïn qui, sur une impulsion, se lance sur ses traces. Hélas tout ne se passe pas comme il l'avait imaginé. La bestialité d’Ùrr s’éveille durant sa traque ; un changement qui le pousse à assassiner Vaïn. Mais Vaïn ne meurt pas. Ce dernier ignore pourquoi et comment, mais il revient à la vie et acquiert de nouvelles facultés... et de nouvelles faiblesses. De retour chez lui, il découvre avec effroi la progéniture maudite de son frère. Un fléau qu’il faut éliminer à tout prix. Car il est en persuadé, la Nature ne lui rendra son humanité qu'une fois sa quête achevée...

    Le point qui m'a sans doute le plus séduite dans ce roman plutôt court, c'est son univers. Des livres sur les vampires, avouons-le, y en a des tas et pour tous les goûts. De la romance mièvre à l'hémoglobine cramoisie en passant par le plus pur style poétique et l'enquête d'Urban Fantasy classique, le choix est large... et les époques où tout ça se passe aussi. Temps modernes, renaissance, moyen-âge ou époque contemporaine, toutes y ont eu droit ou presque... car à moins de me tromper lourdement, je n'avais jamais entendu parler d'un récit de buveurs de sang prenant place au néolithique (huttes, cavernes et chamanisme en perspective, que du bonheur !) avant d'avoir affaire au Premier. Avec son récit Nadia Coste met à l'honneur une période riche de coutumes inconnues et (malheureusement) peu exploitée en littérature de l'Imaginaire : la préhistoire. Le contexte initial de l'intrigue est très, très fort, le dépaysement garanti ... et il n'en faut pas moins pour que la magie opère. Sur ce point, Le Premier est une réussite totale.

    Mais si on débute au temps des mammouths et des dents-de-sabre, Vaïn traverse bien des époques en sa qualité d'immortel. C'est d'ailleurs sans transition qu'il laisse son néolithique derrière lui, mais trop subitement à mon goût, en fait, puisqu'en l'espace d'une page à peine on fait un bond de mille cinq cent ans en avant - et ça secoue franchement à l'arrivée. Je n'ai pas de problème les coups de fouet qui font bondir les intrigues en avant sur quelques siècles, par contre me priver de scènes clé intervenant dans l'évolution du héro, ça, ça me chatouille un peu... surtout quand la transition est aussi violente et que seule la facilité semble avoir motivé l’autrice à procéder ainsi. Un bond d'une quinzaine de siècles en avant, c'est facile ; mais faire grandir son personnage au travers des ans, ça l'est moins, or Vaïn aurait mérité qu'on s'attarde un peu plus sur son cas. Avec une quatrième de couverture qui promet, je cite, "La quête du premier immortel depuis la fin du néolithique jusqu'au début de Rome", on se sent un peu con quand on réalise qu'on devra passer de l'un à l'autre sans transition.

    Ah, ces quatrièmes de couverture aussi aguicheuses que trompeuses !

    On se rassure cependant : dès qu'on parvient à remettre un pied dans le récit, on se laisse de nouveau emporter. Car outre la simplicité de quête de Vaïn (dégommer les loups garous, pour rappel), c'est toute la culture populaire vampirique qui trouve ici de nouvelles origines, de nouvelles interprétations. A travers son roman, Nadia Coste se réapproprie un mythe vu, revu et re-revu ; et d'ailleurs les vampires ne sont pas les seuls à bénéficier de ce sérieux lifting : les loups-garous prennent eux aussi un coup de neuf, une surprise qui m'a fait beaucoup d'effet (parce que je lis plus trop les résumés, ou en diagonale) et qui permet à l'autrice de conclure son récit sur une note plus mythique encore que tout le reste... pour peu qu'on saisisse la référence - mais bon, c'est gros comme une maison donc je ne me tracasse pas pour vous.

    Introduire des loups-garous dans l'affaire, c'est bien, mais Le premier reste avant tout l'histoire de Vaïn. Le récit est donc pauvre en protagonistes, ce que Nadia Coste assume du début à la fin. Difficile cependant de suivre l'autrice dans ses choix lorsque Vaïn (le seul héros du roman, pour rappel) se révèle assez agaçant. Cela étant ça va bien avec le personnage : Vaïn est un ado en début de roman et le vampirisme aide pas particulièrement à lui donner meilleur caractère. Nadia Coste ne cherche à aucun moment à rendre Vaïn sympathique, elle se contente de décrire sa façon d'être et nous laisse toute la largesse pour apprécier ou non. Une démarche qui me plaît et qui tranche avec les héros habituels caressant le lecteur dans le sens du poil en quête de son affection. En plus de ça le récit peut compter sur un second protagoniste pour lui donner du relief :  un crâne d'auroch nommé Qu'Une-Corne, particulièrement bavard et sarcastique, que l'immortel emporte partout avec lui. Le duo est aussi improbable qu'assorti ; une vraie réussite... avec quelques échanges bien pimentés à la clé !

    Le Premier n'est pas un long roman - un peu plus de trois cent pages, mais à peine passée la première vingtaine, j’étais franchement sous le charme. Côté style, il faut dire que Nadia Coste fait beaucoup penser à Aurélie Wellenstein. Même côté sombre et brut, même simplicité redoutable - on reconnaît bien là les auteurs de la maison d'édition Scrinéo ! Et si chez Aurélie Wellenstein je regrettais justement cette simplicité et cette manie d'aller parfois trop vite en manège, je l'apprécie chez Nadia Coste qui m'a moins laissée sur ma faim, quand bien même un peu plus de profondeur n'aurait pas fait de mal. Cependant le récit possède en rudesse ce qui lui manque en profondeur, et ça fait le taf à merveille. Le premier n'est pas un roman tendre, loin de là, mais contrairement à certains, question violence je ne l'ai pas trouvé gratuit - il est quand même question de vampires, donc bon. Buveurs de sang obligent, l'hémoglobine est de la partie mais pas à outrance. Il y a juste ce qu'il faut pour que ce récit de luttes et de malédiction tienne debout, et j'ai justement adoré qu'on n'y fasse pas dans la dentelle. Un peu de bestialité, ça fait pas trop de mal.

    Amoureux des grands espaces, des quêtes initiatiques et des mythes et légendes revisités accessibles à tous, ne cherchez plus votre bonheur, Le premier le fera malgré quelques défauts, d'accord ... mais promis derrière y a plein de bons points qui assurent !

    Note : 15/20

    Date : 19 novembre 2018 - 21 novembre 2018

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