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  • 22 sept. 2018

    Belle de Robin McKinley

    Auteur : Robin McKinley
    Éditeur : Pocket (2015)
    Genre : Réécriture de conte
    Pages : 246 pages (format poche)

    Lu dans le cadre du « Pumpkin Autumn Challenge »

    Le résumé : Vous croyez connaître l'histoire de la Belle et la Bête ? Pourtant, celle-ci ne commence pas par " Il était une fois... ". Belle ne l'est pas, belle ; la grâce et le charme sont allés à ses deux sœurs. Son prénom, elle le doit à son esprit et à l'ironie de la vie. Mais peu lui importe, elle fuit les mondanités et n'a que faire des robes élégantes. Elle leur préfère les vieux livres et les longues cavalcades. L'atout de Belle, c'est son fort caractère, qui lui sera bien utile. Car son père est ruiné. Bientôt, ils partent pour le Nord, cette étrange contrée où vivent lutins, sorciers et dragons. Et là-bas, la Bête se cache...

    Ma chronique : Découvrir la réécriture de ce conte de mon enfance dans ma Kube mensuelle, voilà qui fut une excellente surprise. D'autant plus excellente, d'ailleurs, que dans sa globalité sa lecture a été un vrai et grand plaisir.

    Il était un fois un marchand prospère, mais veuf, qui avait trois filles. Grâce, élancée et d'une blondeur de blé ; Élégance, au maintien de princesse et à la chevelure d'un brun chocolat envoûtant ; et enfin Honneur, qui ne se satisfaisant pas du sens de son nom, se rebaptisa Belle. Mais belle, caprice du destin, elle ne le fut pas. L'enfant devenue jeune femme avait les mains et les pieds trop larges, la taille trop petite - à peine arrivait-elle au menton de ses sœurs ; mais son esprit, elle l'exerçait et l’entretenait plus que tout. Leur vie était faite de riches dîners et de réceptions mondaines. Un jour cependant parvint aux oreilles du marchand une malheureuse nouvelle. Ses vaisseaux perdus ou fracassés par les vagues, il dut renoncer à la ville et se retirer avec sa famille à la campagne, faisant contre mauvaise fortune bon cœur. Mais bien que leur quotidien se révélât finalement plus riche encore que le précédent - riche d'amour et d'eau fraîche ; un second malheur les frappa. La Bête du bois enchanté d'à côté réclamait en réparation d'un malheureux forfait du père l'une de ses filles. Fidèle à elle-même, Belle ne se déroba pas ...

    Belle de Robin McKinley est un roman dont j'avais déjà entendu parler, mais sur lequel je ne me serais jamais arrêtée de moi-même. Les réécritures de compte n'étant pas ma tasse de thé, je me laisse plus volontiers charmer par d'autres genres. Mais le recevoir, voilà qui fût une belle surprise ; et l'apprécier encore plus. Car le problème que je rencontre, avec les réécritures de conte, c'est justement leur côté réécriture : un auteur qui détourne et revisite un roman, une nouvelle ou un conte ayant déjà fait ses preuves et séduit un large public. Un auteur qui, d'une certaine manière, profite du succès de l'oeuvre originale pour s'assurer celui de la sienne, parfois infiniment différente et personnelle, mais d'autres fois, hélas, à peine distinguable de l'originale. Et ce qui est étonnant, avec Belle, c'est que Robin McKinley se situe à cheval sur ces deux catégories. De neuf, elle n'apporte pratiquement rien, qu'importe ce que vous suggère le synopsis, si ce n'est le physique désavantageux de son héroïne, sa situation familiale et la nature plutôt douce et compréhensive de la Bête. Et pourtant, voilà qui suffit à donner un nouveau souffle à un conte mille fois vu et revu. Les balises du conte original sont bel et bien là, elles guident le lecteur et le rassurent ; tandis que les éléments nouveaux apportés par l'auteure attisent sa curiosité. La magie opère, et c'est là l'essentiel. Le récit se dévore à une vitesse hallucinante et avec grand plaisir.

    Bien que Robin McKinley s'inspire d'un conte fort, elle parvient à faire de Belle une héroïne différente du récit original. Sortant des dictats de beauté ridiculement surreprésentés en littérature de l'imaginaire, la jeune femme s'attire la sympathie du lecteur en quelques pages à peine. Car Belle, c'est une héroïne accessible dont chacun peut se sentir proche et qui envoie un message pertinent. Un pari osé de la part de l'autrice, mais qui porte ses fruits et démontre qu'une tête bien pleine vaut souvent mieux qu'une tête bien faite. Même constat du côté de la Bête que la solitude et les regrets ont manifestement adouci et rendu humain. En somme, deux protagonistes, et deux contrastes forts : beauté versus esprit, et bestialité versus sensibilitéMais voilà, comme dans la très grande majorité des cas, l'auteure finit par rentrer dans le rang, la queue entre les jambes. Au fil du récit, Belle porte en effet de mieux en mieux son nom et s'accorde finalement à la perfection à son charmant prince. Un manque de cran voire une hypocrisie totale que je n'en peux plus de rencontrer. Pour tout vous dire, j'en ai ma claque de ces héroïnes au physique peu flatteur mais qui, comme par magie, finissent en canon de beauté. J'en rencontre trop souvent, et ça commence à m'agacer sérieusement.

    Ben oui, une héroïne moche, ça tient deux cent pages grand max ; après on se sent obligé de la rendre belle parce que sinon, l'histoire ne finit pas bien, vous comprenez ? On ne peut pas « vivre heureux et moche pour toujours ».

    Un faux pas qui coûte beaucoup à ce roman et qui, couplé à une conclusion expédiée en un temps record, presque bâclée, le fait passer à mes yeux de l'excellente découverte à l'appréciation simple. En somme, une bonne lecture et une réécriture dans laquelle je suis ravie d'avoir fourré mon nez, malgré un accroc du côté de Belle hélas trop fréquent aujourd'hui, et une conclusion hâtive.

    Note : 15/20

    Date : 15 septembre 2018 - 16 septembre 2018

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