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  • 29 avr. 2018

    Le mari de mon frère, tomes 1 à 4 (fin) de Gengoroh Tagame

    Auteur : Gengoroh Tagame
    Éditeur : Akata (2016-2017)
    Genres : Manga, littérature engagée
    Format : poche

    Le résumé : Yaichi élève seul sa fille. Mais un jour, son quotidien va être perturbé... Perturbé par l'arrivée de Mike Flanagan dans sa vie. Ce Canadien n'est autre que le mari de son frère jumeau... Suite au décès de ce dernier, Mike est venu au Japon, pour réaliser un voyage identitaire dans la patrie de l'homme qu'il aimait. Yaichi n'a alors pas d'autre choix que d'accueillir chez lui ce beau-frère homosexuel, vis-à-vis de qui il ne sait pas comment il doit se comporter. Mais ne dit-on pas que la vérité sort de la bouche des enfants ? Peut-être que Kana, avec son regard de petite fille, saura lui donner les bonnes réponses...

    Ma chronique : J'ai acheté Le mari de mon frère sur un coup de tête, soucieuse de renouer avec la littérature japonaise et, surtout, de me remettre aux mangas. Si je ne regrette pas un instant mon achat, je dois bien avouer que je m'attendais à autre chose.

    Bien que le Japon soit une destination rêvée pour de nombreux Européens, peu d'entre eux savent de quoi est fait le quotidien de ses habitants. Là où travail, respect de la norme et mesure règnent en maîtres, Yaichi, jeune père au foyer, doit soudain faire face à un événement perturbateur de taille : son beau frère Mike Flanagan, fraîchement débarqué du Canada. Le mari de son défunt frère. Contraint d'honorer cet homme qu'il n'a jamais vu en lui offrant le gîte et le couvert, Yaichi se sent à la fois perdu et en colère. Il ne sait comment se comporter vis-à-vis de cet homme qui en aime d'autres, et s'inquiète de l'effet que Mike pourrait avoir sur sa fille, Kana. Mais Kana qui a déjà tout d'une grande pose sur Mike un regard accueillant, ouvert et compréhensif qui aura tôt fait de heurter son père. Pour Mike, Kana et Yaichi, c'est le début d'un cohabitation inhabituelle où, petit à petit, chacun apprendra des autres.

    Le mari de mon frère se revendique clairement comme une oeuvre engagée dans la lutte des droits homosexuels. Cependant, j'y ai trouvé autre chose qu'une ode à la différence et au respect de celle-ci. A plus large échelle, cette série est une remise en question de la norme nippone sous de nombreuses formes. C'est une oeuvre à large spectre d'action réalisée par un artiste portant un regard critique sur les dysfonctionnements et les aberrations de la société dans laquelle il évolue.

    Et l'acteur de cette remise en question, c'est Yaichi, un Japonnais moyen à qui la vie joue un tour cruel. D'abord réticent à accueillir Mike, le voilà rapidement à considérer son beau-frère pour ce qu'il est réellement : un homme ayant perdu un être cher, tout comme lui. Véritable point de départ d'une réflexion parfois maladroite et minimaliste mais néanmoins touchante, Yaichi apprend à voir en Mike autre chose qu'un homosexuel en deuil. D'inconnu aux mœurs différentes des siennes, Mike devient bientôt un membre à part entière de la famille. Et la famille, la famille moderne, c'est justement un autre grand thème de cette série. Une réflexion d'autant plus bienvenue que cette notion est aujourd'hui en train d'évoluer dans les esprits. De quoi couper l'herbe sous le pied de l'odieux slogan de la Manif pour tous : "un papa, une maman".

    "  - Je me demande comment ils nous voient, les membres du personnel de l'hôtel... C'est à peu près sûr qu'on donne l'impression d'être un couple avec une fille recevant un ami venu de l'étranger. Mais pourtant toi et moi nous avons divorcé, et Mike n'est pas tout à fait un simple ami. Je me demandais justement... comment peut-on appeler nos relations ?

    - Eh bien, je crois que famille ferait parfaitement l'affaire."

    J'ai cependant parlé de maladresse et de minimalisme. Format manga oblige, l'auteur est forcé de ne pas faire traîner son récit ; et cela se traduit par certaines réflexions grossières, parfois amenées avec très peu d'habilité. Comparer l'homosexualité à des sushis-tempura en concluant que tant qu'on a pas goûté, on ne peut pas juger ... désolée, mais non. Je reste également convaincue que l'auteur aurait pu creuser plus loin plutôt que d'emprunter les directions les plus prévisibles, car il se dégage du récit un côté scolaire très prononcé contrastant nettement avec l'aspect engagé de l'oeuvre. 

    Malgré cela, Le mari de mon frère demeure une oeuvre touchante qui mérite de faire bien davantage parler d'elle. Donnez-lui sa chance, car après tout vous ne risquez que d'en ressortir l'esprit plus ouvert.

    Note : 15/20

    Date : 19 avril 2018 - 21 avril 2018

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