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  • 31 mars 2018

    Sac d'os de Stephen King

    Auteur : Stephen King
    Éditeur : Le livre de poche (2001)
    Genre : Fantastique
    Pages : 726 (format poche)

    Attention : le résumé officiel de cette édition vous spoile sur un élément final de l'intrigue. Lisez-le en connaissance de cause, ou passez votre chemin au profit du résumé personnel que je vous propose, garanti sans spoil, disponible dans ma chronique.

    Le résumé : Reclus à Sara Laughs, sa maison de campagne, près d'un lac, Mike Noonan n'écrit plus. Depuis la mort brutale de sa femme Jo, enceinte, ce romancier connaît l'angoisse de la page blanche. La rencontre de la petite Kira, puis de sa mère Mattie, jeune veuve en bute à la malveillance de son richissime beau-père, amorce-t-elle pour Mike un nouveau départ ? Il le croit, mais c'est compter sans les ombres qui hantent Sara Laughs. Celle notamment d'une chanteuse de blues, violée et assassinée des décennies plus tôt par les racistes du coin... En devenant l'allié de Mattie et de Kyra, Mike a bravé les forces de l'enfer. Elle vont se déchaîner contre lui, dans les pages enfiévrées de ce roman salué par la critique mondiale.


    Ma chronique : Si l'on m'avait demandé, au début de ma lecture, si j'appréciais Sac d'os, j'aurais répondu non ; et il en aurait été de même si on m'avait posé la question à la mi-récit. Mais au terme de ma lecture, j'admets que King a su m'envoûter sur les derniers chapitres... hélas un peu tard.

    Des sacs d'os. C'est ainsi que Mike Noonan qualifie les personnages auxquels il donne vie dans ses romans. Loin d'être en tête des ventes, il n'a cependant pas à rougir de ses écrits et peut compter sur le soutien de sa femme Johanna. Mais un jour d'août caniculaire, Johanna décède des suites d'un accident vasculaire foudroyant, et Mike se retrouve seul avec ses souvenirs. Mais la ronde des saisons se poursuit, et tandis que son agent le presse à écrire à nouveau, Mike s'aperçoit avec horreur qu'il n'éprouve plus qu'une angoisse démesurée à cette idée. Il s'exile alors à Sara Laughs, sa maison de campagne située dans le TR-90, une communauté si perdue que jamais personne n'a pensé à lui donner de nom convenable. Il y fait la connaissance de Kyra, une petite fille de quatre ans, et de Mattie, sa jeune maman en proie à l'angoisse du procès à venir : celui qui l'oppose à son froid et richissime beau-père pour la garde de la fillette. Touché par l'histoire de Mattie, Mike se décide à leur venir en aide par tous les moyens...qu'importe s'il se met à dos un homme redoutable. Mais Sara Laughs semble s'être éveillée depuis les dernières vacances qu'il y a passées. D'étranges rêves le saisissent nuit après nuit, des mots écrits de Dieu seul sait quelle main sont laissés à son attention, et une présence malveillante, il le sent bien, rôde dans la maison...

    Sac d'os de Stephen King est une sacrée brique de plus de sept cent pages. Quand on connaît et qu'on apprécie  le style de l'auteur, la première pensée qui vient alors est sans doute "chouette, encore un bon gros roman de King à me mettre sous la dent ! ". Voilà donc, à peu de choses près, ce que je me suis dit en entamant ma lecture. Finalement, cet enthousiasme aura tenu bon durant la première centaine de pages du roman. Au delà, j'en étais pratiquement à abandonner ma lecture... du moins jusqu'au dernier tiers du récit.

    Soyez avertis, amis lecteurs, Sac d'os est un ouvrage long et au rythme très, très, très lent. Il faut plus de deux cent septante pages pour que l'intrigue se lance réellement, et encore une centaine de plus pour que le rythme accélère enfin. Ce sens du détail que j'apprécie en général tant chez King m'a ici fait l'effet d'une chape de plomb. La première moitié du récit donne l'impression de n'être qu'une immense digression. A de nombreuses reprises, King passe à côté de l'essentiel et peine à accaparer l'attention du lecteur qui ne voit pas où ce dernier cherche à l'emmener. Cela me chagrine de le dire, mais durant cette première moitié, King m'a semblé se parodier lui-même.

    Mais si le lecteur parvient à s'accrocher et à tenir le coup, il est récompensé à la mesure de son effort. Une fois le récit réellement lancé, on ne l'arrête plus. Les pièces du puzzle angoissant de King s’agencent les unes aux autres au fil des pages, et finissent par s'emboîter avec un style reconnaissable entre mille. Il ne tient qu'au lecteur, donc, de mordre sur sa chique et d'évaluer si, oui ou non, le jeu semble en valoir la chandelle. De mon côté, je me suis dit que oui, et j'ai tenu bon. Grand bien m'en a fait, car la conclusion du roman est aussi inattendue et surprenante qu'elle est maîtrisée ; tout comme le chemin qui y mène, bien que jonché d'innombrables fioritures.

    Outre son amour pour les mots, Stephen King est connu pour la crudité de ceux qu'il choisit d'employer. Un trait particulièrement frappant dans ce roman-ci, et dont il use afin de provoquer chez le lecteur une réaction d'antipathie immédiate, voire épidermique, envers certains protagonistes. Comprenez par là que l'auteur rend volontairement les "méchants" vulgaires, tandis les "gentils", quant à eux, demeurent presque irréprochables dans leurs paroles. Une façon de manipuler le lecteur et de le ranger à son point de vue que j'ai trouvé grossière, offensante et réductrice

    Je ne dirai certainement pas que Sac d'os est LE chef d'oeuvre de Stephen King, pas plus que je n'affirmerai que ce roman est son moins bon. On y trouve du très bon, comme du très moyen. Mais dans l'ensemble, malgré des longueurs interminables, le récit proposé par King est cohérent et aboutiJe crois savoir qu'une adaptation télévisée existe, et j'ai hâte de pouvoir la découvrir.

    Note : 12/20

    Date : 27 mars 2018 - 31 mars 2018

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