Auteur : Ariel Holzl
Éditeur : Mnémos (2017)
Genres : Urban Fantasy, Fantastique, Humour
Pages : 267 chacun (grand format)
Le résumé du premier tome : Merryvère Carmine
est une monte-en-l'air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les
manoirs pour gagner sa vie. Avec ses sœurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune
fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre cité gothique où les moeurs
sont plus que douteuses. On s'y trucide allègrement, surtout à l'heure du thé,
et huit familles d'aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône. Après un vol
désastreux, voilà que Merry se retrouve se retrouve mêlée à l'un de ces
complots ! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d'efforts
pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui
hantent les rues...
Ma chronique : Génialement irrévérencieux, scandaleusement drôle et
bien plus encore ! Qu'il va être difficile de rendre hommage à Ariel Holzl en
une chronique, en quelques dizaines de lignes, alors que lui m'a fait fait rire
aux éclats en quelques mots. Attention : aventure et humour noir
(saveur vitriol, évidemment) en perspective !
Grisaille, ville
dont les passe-temps favoris des habitants sont le meurtre et la tromperie (et
en toute classe, s'il vous plaît), Novencre 1888. Merryvère Carmine, jeune
monte-en-l'air de dix-huit ans, rejoint son domicile persuadée que, ce coup-ci,
son larcin lui permettra d'éponger une partie des dettes familiales. C'en est
assez des plans foireux, elle en est sûre. Mais lorsqu'elle ouvre l'écrin
prometteur tout juste dérobé, elle y découvre une petite cuillère. Une petite
cuillère ! C'est à croire que la malchance la suit à la trace !
Furieuse et déconfite, Merryvère confie la pièce d'argenterie inutile à sa
petite sœur Dolorine, qui se fait une joie de l'intégrer à sa dînette. C'est
alors que les ennuis se mettent à pleuvoir sur Merryvère. Enfin, plus que
de coutume : les Vermeils s'en prennent à sa sœur Tristabelle (les inconscients
!), et bientôt les deux jeunes femmes sont prises en chasse par la moitié de la
ville ; tandis que Dolorine, tout à son affaire avec son doudou psychopathe,
Monsieur Nyx, tient d'édifiantes conversations avec l'occupant de ladite
cuillère... Mais que veulent tous ces gens, pardi ? La cuillère ... non, vous
croyez ?!
Les Sœurs Carmines
fait incontestablement partie de ces livres que je qualifie volontiers de petits
plaisirs coupables. Ceux qu'on se plait à adorer quand bien même on sait
que, ce faisant, on frôle l'intolérable. Et que c'est bon, de rire de tout
sans complexe, sans personne pour vous juger et vous rappeler à la
bien-pensance ! Que ce soient les réflexions du narrateur, de
Merryvère, Dolorine, Monsieur Nyx ou bien de Tristabelle, toutes se veulent
diaboliquement sarcastiques et irrévérencieuses. Elles surprennent constamment
le lecteur à l'en faire éclater d'un rire sincère, presque coupable, tant il se
sent mauvais de se bidonner à propos de sujets aussi joyeux que les
éviscérations et les noyades. Et alors le fou rire redouble, et les larmes
s'invitent au rendez-vous, car vous vous savez scandaleux. Une grosse
cure d'humour décomplexé bienfaitrice, assumée de A à Z par Ariel Holzl. Voilà
ce que sont les Sœurs Carmines.
Et dès les première phrases du Complot des Corbeaux (volume 1, voir ci-dessous), le ton est donné. Le lecteur sait exactement où il met les pieds, à lui de voir s'il souhaite poursuivre à Grisaille ou non... A titre personnel, je lui conseille de faire ses bagages pour un bon moment. Et de toujours garder un coutelas sur lui. Au cas-où.
"L'oiseau matinal attrape le ver. Ou parfois, un poignard
en plein plumage."
Il n'en aura pas fallu plus pour me rendre réceptive.
On peut cependant se sentir désarçonné en passant du premier au second tome. C'a été mon cas. Le narrateur, jusque là omniscient et particulièrement mordant, cède dans le deuxième volume la place à Tristabelle, maîtresse de sa propre histoire et caustique au delà de l'imaginable. Comprenez par là qu'avec Tristabelle, ça pique encore plus. Ca vous empale, presque. Car Tristabelle est une force de la nature. Que dis-je, une force de la nature ... un véritable bulldozer prêt à écraser homme, femme et enfant qui se mettrait en travers de sa route ! Là où Merryvère se faisait discrète auprès du lecteur, Tristabelle l'interpelle directement et renforce l'immersion dans le récit... ainsi que les maux de ventre, pour cause d'abdominaux trop sollicités. Avec les sœurs Carmines et, surtout, en la compagnie de Tristabelle, rire devient une activité physique journalière.
Ceci dit, l'intrigue des deux premiers volumes souffre parfois de la
place centrale qu'occupe l'humour. Bien que ne manquant pas d'action,
il est parfois difficile de se sentir totalement concerné par le scénario.
Question d'enjeux, je dirais. Récupérer une petite cuillère et trouver la tenue
parfaite pour le Bal de la Reine, c'est léger, même si ça s'intègre
parfaitement au récit d'Holzl et en scelle le charme. A titre personnel, ça ne
m'a pas suffit.
Mais si les personnages de Merryvère et de Tristabelle brillent de mille feux scandaleux, c'est tout autant grâce à Grisaille et son monde qu'à la myriade de personnages secondaires qui les mettent en valeur. Parlons Grisaille et immersion. Des mois de septembre, octobre, novembre et décembre, Holzl a créé ceux de sept-tombes, opprobre, novencre et démembre. Des contes, mythes et légendes mondialement connus, il a fait des familles. Marbres, Vermeils, Sépulcres, Du Lys, Ternes, Tourmente. Autant d'éléments qui, l'un dans l'autre, tissent un univers aussi riche qu'ingénieux et, surtout, diaboliquement immersif. A ses risques et périls, le lecteur y trouve ses marques, y pose ses bagages et accueille avec le sourire chaque nouvel élément dévoilé.
Nulle surprise pour
les lecteurs, le troisième volume portera sur la petite dernière des filles
Carmines, Dolorine, huit ans. Il me tarde déjà de retrouver Grisaille et
de découvrir ce qu'Ariel Holzl réserve à sa cadette... et à Monsieur Nyx. En
bref, Les Sœurs Carmines s'annonce pour moi comme la saga
humoristique de mon année 2018.
Ma note : 18/20
Date de lecture : 24 février 2018 - 01 mars 2018
J'ai lu le tome un tout récemment. Il m'a fallu du temps pour rentrer dedans mais l'univers est juste incroyable, je lirai très probablement la suite. :)
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