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  • 15 juil. 2022

    Les poisons de Katharz de Audrey Alwett - Venenum sumus !

     

    Auteur : Audrey Alwett
    Editeur : Pocket (ActuSF)
    Genre : Fantasy, humour
    Pages : 432 pages (format poche)

    Résumé : À Katharz, la ville-prison où la Trisalliance déverse chaque année ses indésirables, la situation est intenable. Ténia Harsnik, la tyranne en place, est obsédée par un nombre, celui des habitants qui vivent entre ses murs. En aucun cas, il ne faut dépasser les cent mille, car alors CE qui dort sous la ville SE réveillerait. Si cela se produisait, rien ne pourrait L’arrêter, sauf peut-être Dame Carasse… Mais la sorcière la plus puissante de la Terre d’Airain, à ce qu’elle raconte, semble bien plus préoccupée par son bizarre apprenti que par le destin du monde. D’ailleurs, la ville ne compte que 99 500 habitants. Ce n’est pas comme si l’apocalypse était dans un mois… pas vrai ?


    Mon avis : Chaque année je me ménage un ou deux petits rendez-vous rigolos avec Sir Terry Pratchett. Le niveau de ma PAL étant ce qu'il est (c’est à dire troposphérique) et n'ayant pas d'autres tomes du Disque-Monde à dispo immédiate, j'ai dû improviser. Il y avait Les poisons de Katharz de Audrey Alwett qui traînait depuis un moment sur une étagère, et ma foi j’avais entendu que le livre était au moins aussi bon et aussi délirant qu’un Pratchett.

     Le verdict ?
    Moins délirant qu’un Pratchett.
    Mais meilleur qu’un Pratchett.

    Queuuuwa ? J’ose hisser une figure francophone plus ou moins méconnue au dessus du maître de la drôle-fantasy ? Puisque c’est largement mérité, non, je n’ai absolument aucun problème de conscience à faire ça. Et je suis là pour vous expliquer pourquoi je n’en dors pas plus mal la nuit.

    Premièrement, l’inspiration pratchetienne du roman est totalement assumée. L’autrice ne s’en cache pas du tout : Les poisons de Katharz, c’est un hommage personnel au Disque-Monde et à son créateur (c’est écrit noir sur blanc dans les remerciements, j’invente rien). On sent que la dédicace a tenu à coeur à l’autrice et, surtout, que Pratchett a beaucoup pesé dans la construction de son identité littéraire. Audrey Alwett est directrice de collection chez ActuSF et je reconnais à present sa patte derrière quelques-uns des ouvrages drolesques qui me sont passés entre les mains. Le summum de la poilade étant Les poisons de Katharz, cela va sans dire.

    Deuxièmement j’ai trouvé dans Les poisons de Katharz tous les points forts d’un Pratchett, mais sans les points faibles. Les annales du Disque-Monde c’est sympa mais c’est quand même hyper déjanté et tordu : la rigolade prend systématiquement le pas sur le scénario ; le livre est avant tout là pour faire rire et tant pis pour le reste. Ici le dosage est parfait. Il y a des temps forts et des temps morts où les blagues se font plus discrètes, des références populaires que j’ai adoré saisir et chercher (et je suis certaine d’en avoir manqué), un peu d’émotion et surtout une histoire cohérente avec un début, un milieu et une fin.

    Cette histoire, c’est celle du démon Salbëth ronflant sous la ville de Katharz depuis que l’ange Poutrel lui a collé la dérouillée du millénaire (GG pour les noms, vraiment). Seule la présence de cent mille âmes au dessus de sa tête pourra tirer la bête de là ... or Katharz est une ville-prison où les trois Puissances du coin déversent leur racaille, et elle approche dangereusement du nombre fatidique. C’est la responsabilité de Ténia, la Tyranne locale, de veiller à ce que ce seuil ne soit pas dépassé... et elle s’y acquitte par tous les moyens tordus et arbitraires qui lui viennent à l’esprit. C’est au point qu’à Katharz on ne se dit pas “bonjour”, car les bons jours n’existent pas, ou pas longtemps ; on se dit “un jour de plus. Même si on n’y fait jamais long feu, la puissance grandissante de la ville agace toutefois quelques gus qui cherchent à la faire tomber, sans se douter qu’une mise à sac pourrait faire tomber le monde avec. Ténia doit régler le problème une bonne fois pour toutes avec l’aide d’une vieille sorcière et de son nouvel apprenti tout candide, avant que la ville ne soit assiégée (1), ou que le peuple se retourne contre elle (2), ou que la balance décès-naissances ne s’effondre en faveur du démon (3).

     Ca en fait des façons de partir en cacahuète, dis-donc !

    Les poisons de Katharz n’est pas un page-turner à grand suspens, mais sa construction pousse à s’enfiler les chapitres. L’apocalyspse est l’ultime repère temporel du livre : apocalypse J-3, J-2, H-3... etc. La fenêtre de survie des protagonistes se réduit constamment et on se surprend ouvrir le livre dès qu’on a cinq minutes. Son format se prête à une lecture dissolue et ça, c’est son ultime point fort. On peut lire dix pages par-ci, dix pages par là sans problème, et c’est un vrai tour de force pour un livre qui malgré son côté comique se classe tout de même en fantasy, avec donc une intrigue solide. La conclusion est un peu consue de fil blanc, en creusant on devine assez facilement ce qu’il adviendra de Katharz avant la fin, mais vraiment ça n’a pas gâché la lecture pour autant.

    Une vraie bonne recommandation si vous voulez rire un coup et passer un moment de lecture rafraîchissant ... mais n’oubliez pas la devise locale : venenums sumus – nous sommes le poison ! Santé.

    4 commentaires:

    1. En plus de me donner envie de reprendre Pratchett (voir de recommencer à zéro les Annales du Disque-monde...), tu me donnes surtout très envie de lire ce livre (et cette autrice dont j'avais déjà entendu du bien avec Magic Charly) qui a l'air très drôle et très bien ficelé ! Tes chroniques sont décidément très convaincantes et ton enthousiasme communicatif !

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      1. Ah mais oui c'est vrai, maintenant que tu le dis je me souviens qu'elle est l'autrice de Magic Charly (que du coup je n'ai pas lu mais bon, ça ajoute à sa notoriété et c'est pas rien) !
        Mooooh merci *.* ! Et merci à toi d'être revenue faire un tour par ici ; je manque de temps pour alimenter le blog comme je voudrais et être régulière, mais c'est toujours un plaisir de voir que du monde passe ici :'-). Prochaine étape : trouver du temps pour surfer sur les blogs copains.

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    2. Je m'étais beaucoup amusée avec ce titre !

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