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  • 30 déc. 2020

    Shâhra, tome 2 (fin) : les voiles d'Azara de Charlotte Bousquet - La traversée du désert

     

    Auteur : Charlotte Bousquet
    Editeur : Mnémos
    Genre : Fantasy orientale
    Pages : 336 pages (grand format)

    Résumé : Malik est aux abois. La magie des kenzi ne suffit plus à nourrir son corps ravagé. Pour protéger les membres de la caravane de sa folie, Aya Sin n'a d'autre choix qu'accepter son héritage. Prête à tout pour retrouver Riwan, Djiane guide la troupe vers le nord - peu importe les morts et les larmes. En pleine tempête de sable, Tiyyi retrouve Arkhane, gravement blessée et ses compagnons... Pendant ce temps l'Asag s'étend lentement en corrompant les terres. À sa source, Kéfrou, le dieu fou, que nul ne semble pouvoir arrêter ...

    Chronique : Pour une fois j'ai été du côté des chanceux, ouiiiiii ! Ce second volume tant et tant attendu (plus de deux ans ont passé depuis le premier, quand même), j'ai eu l'immense plaisir de le gagner à un concours organisé par les éditions Mnémos. De tout mon petit cœur de beurre, merci à eux et surtout merci à la main qui est allée pêcher mon petit nom parmi tous les participants ! C'a été un délice de ne pas débourser un sou pour une lecture (mon côté pingre de jeune maman), et de deux la lecture en question a justement été très agréable - notamment parce qu'elle m'a fait boucler une nouvelle saga, et que ça se fête ! Mais de là à trouver la conclusion géniale comme c'est le cas de pas mal de lecteurs hyper emballés sur le net, non. J'ai trouvé ce tome-ci assez décevant, et je m'en vais à travers monts et marrées sablonneuses vous expliquer pourquoi. Attention, ça tape !

    Comme sa sibylle Aya Sin le lui avait prédit, Malik dépérit depuis que Djianne a rejoint sa troupe pour lui offrir ses services. Les kenzi qui l'accompagnent peinent désormais à le sustenter de leur énergie mystique, et Malik puise en eux avec de moins en moins de discernement. Une situation qui ne peut plus durer, chacun en est conscient, et à laquelle s'apprêtent à mettre un terme Tiyyi et Arkhane, en route pour retrouver Djianne et accomplir à elles trois la prophétie d'Aya Sin. Les élues d'Azr'Khila et d'Azara se doivent d'arrêter au plus vite le sorcier prisonnier de son corps mortel avant qu'une entité plus malfaisante encore n'en prenne possession. Sur leurs épaules pèse le sort des kenzi asservis par Malik... mais aussi celui de Shâhra tout entier. L'union de ces quatre femmes sera-t-elle suffisante pour contrer le retour de l'infâme Kerfou ?

    C'est beau, c'est chaud, c'est écrit d'une plume remarquable : c'est Shâhra de Charlotte Bousquet. Ici le constat est le même que pour le premier tome du diptyque, on a affaire à un texte d'une grande sensibilité qui ne ressemble à aucun autre, et surtout qui ne ressemble à aucun autre texte typé fantasy. Le genre a beau se diversifier de plus en plus avec l'apparition d'univers d'inspiration nord-africaine (je peux notamment citer Les douze rois de Sharakaï), ces derniers ne sont pas légion et à ma connaissance, Shâhra est le seul à jouer dans sa cour. Le récit ne se veut ni dynamique, ni ambitieux, ni grandiose. Il est conté avec beaucoup de subtilité et de douceur. Ce n'est pas une grande fresque épique même si dans ses grandes lignes on retrouve le b.a. - ba de la fantasy : la prophétie (dont on nous rabâche d'ailleurs les oreilles un peu trop souvent), le péril mondial, la magie en veux-tu en voilà et les héroïnes élues des dieux. Cependant ce qui occupe le devant de la scène ce n'est pas une quelconque dimension épique (ce livre n'en a pas donc ne misez pas sur lui si vous voulez de l'action), mais quatre super nanas torturées dont on suit le parcours de vie : Aya Sin, Djianne, Tiyyi et Arkhane. Ce panel entièrement féminin dans un genre qui a longtemps été typé masculin, il continue à passer très bien.

    La question qu'on se pose au début de ce tome est la même que celle qui nous venait déjà en tête à la lecture du premier : comment à elles seules vont-elles stopper le sorcier qui les tient toutes sous sa coupe ? 

    Et c'est là que le bât blesse : sur la question du comment défaire Malik, le livre ne fait pas preuve de beaucoup de complexité. On se traîne un plan très simple qui n'évolue jamais sur plus de cinq cent pages réparties en deux tomes, et j'ai trouvé le temps très long. D'autant plus long, en fait, qu'aucune des quatre protagonistes ne se demande jamais vraiment comment procéder : elles subissent une prophétie hyper floue et ça leur paraît normal. Plutôt que de se questionner activement (ce qui aurait amené beaucoup de dynamisme et peut-être une ou deux quêtes annexes), il y a des errances infinies dans le désert, beaucoup de passages introspectifs sur les épreuves personnelles passées et des petites scènes de discorde qui se ressemblent toutes. Même avec deux déesses dans l'équation pour influer sur leurs élues, la sauce ne monte pas. Le chapitre du dénouement est d'ailleurs très banal et l'affrontement expédié en deux pages. De quoi se demander si ça valait tant de chichis, mêmes jolis. Bref la quête principale est d'une lenteur exaspérante, et toutes les jolies tournures et chansonnettes adressées aux dieux ne suffisent pas à insuffler du rythme, ni à donner envie de s'accrocher. Ces dyns comme les appelle l'autrice ont même fini par m'agacer un poil - trop de oyeeeee oyaaaaaa pour votre Choupaille. Je pense toutefois que c'est un vrai parti pris de la part de Charlotte Bousquet : faire dans le beau plutôt que dans le sensationnel. Dommage que l'ensemble n'ait pas été plus équilibré, j'attendais vraiment de ce tome deux qu'il décolle un peu plus.

    Soyez donc prévenus, Shâhra n'est pas un cycle passionnant même si Les voiles d'Azara offre une belle conclusion avec une jolie fin ouverte. C'est une belle pièce à la lecture, mais c'est à peu près tout.

    J'ajouterai pour finir qu'après plus de deux ans d'attente, un bref petit résumé du tome un aurait été sympa pour débuter sur de bonnes bases. J'ai mis un temps fou à me remémorer le parcours approximatif de chacune des protagonistes, et ça m'a gâché les premières dizaines de pages. De même avec le recul je m'interroge sur le nécessité de scinder cette aventure en deux tomes quand un seul de taille plus raisonnable aurait sans doute eu un peu plus de poids et limité la frustration. La série reste belle et atypique malgré tout, dans un univers d'inspiration nord-africaine qu'on ne voit pas souvent et qui a lui seul vaut le petit détour. Tenterez-vous la traversée du désert ?

    Note : 14/20

    2 commentaires:

    1. Je suis pas mal tentée, je prendrai sûrement les deux d'un coup si je me lance dedans ^^ Merci pour ce retour sur ce second tome, ça me donne une idée de l'ambiance, des thèmes ^^

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    2. Les couvertures de cette saga sont tellement belles, mais j'ai vu des avis qui m'ont un peu refroidie du coup je pense pas que je la lirai (mais peut-être sait-on jamais 🤔)

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