Auteur : Marie Brennan
Editeur : L'Atalante
Genre : Fantasy
Pages : 345 (grand format)
Résumé : « Soyez avertis, cher lecteur : les volumes de cette série contiendront des montagnes gelées, des marais fétides, des étrangers hostiles, des compatriotes hostiles et à l'occasion des membres de ma famille hostiles, de mauvaises décisions, des mésaventures géographiques, des maladies dépourvues d'attrait romantique et une abondance de boue. Vous poursuivrez votre lecture à vos risques et périls. » Les mémoires de lady Trent, mises en scène par Marie Brennan, racontent la vie et les recherches d'Isabelle Trent, naturaliste mondialement connue et désormais vieille dame, dont l'esprit et le style empreints d'humour s'avèrent sans pitié pour les imbéciles. Dans ce premier volume, Isabelle, petite fille puis jeune femme, brave les conventions de sa classe et de son temps pour satisfaire sa curiosité scientifique et accompagner son mari lors d'une expédition à la recherche des dragons de Vystranie...
Chronique : Délaisser des livres au fin fond de sa PAL monstrueuse, c'est facile. Les oublier carrément dans une pile de cartons qui traîne au coin d'une pièce depuis six mois, ça l'est encore plus ... et malheureusement pour lui ce premier tome des Mémoires de lady Trent a fait partie des grands délaissés - empaqueté avec soin, soit, mais tellement noyé dans la masse que j'en avais oublié son existence jusqu'à une fouille hasardeuse toute récente. J'en ai profité pour le sortir de son trou et l'inclure à ma troisième participation au PAC, et franchement, quelle belle inspiration ! : ce livre, c'était pile poil ce qu'il me fallait pour célébrer le retour prochain de l'automne (quoique vu les températures qu'on se tape en ce moment, je me demande si l'automne est au menu cette année, mais passons) et continuer à remonter la pente de la panne de lecture. Sans doute qu'il n'a fait cet effet là qu'à moi parce que là où s'exile Isabelle, ça caille neuf mois par an, mais ce livre m'a revigorée comme un thé qu'on déguste sous un plaid avec les pieds en éventail qui roussissent devant le feu. C'était hyper détente, hyper cocooning et j'ai déjà fixé le second tome sur ma wish-list d'anniversaire - y a plus qu'à attendre octobre ! Isabelle Camherst, elle, elle a pas attendu : sa détermination l'a envoyée en Vystranie sur les traces des dragons qui la passionnent tant ; du climat au ton du récit, rien ne manque de piquant - et j'espère que cette brève chronique suivra un peu le mouvement !
En très respectables ladies et gentlemen, les membres de la bonne société du Scirland ont dévolu un rôle à chaque sexe et cultivé chez chacun de ses citoyens l'art de s'y tenir : aux hommes les affaires et la connaissance, aux femmes la maisonnée et l'organisation des tea party. Pas de chance pour sa famille, la petite Isabelle montre dès son plus jeune âge une intrépidité sans égales et une soif d'aventures inextinguible. Faisant fi des convenances de l'époque, elle s'embarque fraîchement mariée à un érudit très ouvert d'esprit à l'expédition de Lord Hilford : direction la froide et hostile Vystranie où l'attendent les dragons dont elle rêve depuis l'enfance - d'authentiques spécimens à étudier sous toutes les coutures ! L'accueil distant voir glacial réservé par les locaux de Drustanev à l'équipée laisse toutefois cette dernière perplexe... jusqu'à ce que survienne l'attaque de dragons : certes pas la première subie par les villageois, ni la dernière. Convaincus que leur science et leurs observations peut apporter une solution aux habitants de la région, Isabelle et ses compagnons déplient bagages et débutent les travaux qui les emmèneront toujours plus loin sur la voie de l'érudition ... mais également toujours plus près du danger. Et ils l'apprendront rapidement : la menace ne vient pas nécessairement du ciel, ni des écailleux qui le dominent.
Et justement, ce qui me faisait peur en débutant ce roman, c'était de tomber sur un récit lent, bourré d'anecdotes et de rapports pointilleux un peu rébarbatifs à force. J'appréhendais de me retrouver avec un carnet de notes de voyage brutes entre les mains, sans fil conducteur ni trame narrative pour brasser tranquillement au travers. En quelques pages, soulagement total, on comprend vite que ça va pas être las cas : déjà parce qu'Isabelle a tellement de style et de mordant et qu'elle rendrait à peu près n'importe quoi digne d'un profond intérêt, et ensuite parce que Marie Brennan a imaginé une aventure à la mesure de sa protagoniste : haute en couleurs, surprenante et bourrée de ressources. Etudier les dragons, c'est bien, aider son prochain, c'est mieux ; et quand bien même chez Isabelle c'est l'intérêt intellectuel qui prime souvent sur l'intérêt des gens méfiants de Drustanev, l'intrigue se diversifie assez rapidement pour ne pas faire la part belle qu'aux reptiles. Derrière les rapports et les découvertes naturalistes sur les dragons méconnus de la Vystranie se cachent des énigmes à échelle humaine : où est passé le maître des lieux, Jindrik Gritelkin ? Quel jeu jouer face aux contrebandiers chiavoriens sillonnant la région avec une nonchalance intrigante ? Quel parti adopter dans les conflits pour le minerai de fer opposant les boyards vystraniens au reste du monde ? Autant de questions qui auront leur réponse - Isabelle s'en assurera en fouinant partout avec la classe de son rang, sa tête bien haute et ses jupes dévastées de courir la montagne de long en large.
Mais ce que j'ai particulièrement savouré dans l'expédition d'Hilford and co. en terre franchement inhospitalière, c'est de voir une jeune femme faire des pieds et des mains pour y prendre part, et ce au mépris de la ridicule bienséance du Scirland - ridiculement en phase, en fait, avec les conneries des discours passés et actuels dont on se passerait bien. En faisant preuve d'audace, d'une bonne dose de manipulation et d'innocente sournoiserie, la lady bientôt mondialement connue pour ses travaux se taille une place là où personne chez elle n'aurait cru voir un jour de femme : à flanc de montagne, les mains dans les entrailles de dragon et un fusain entre les dents. Pour Isabelle pas question de n'aspirer qu'aux dîners mondains et de renoncer à sa passion (elle en dépérirait et elle le sait) et heureusement que son personnage envoie du lourd et montre les dents quand c'est nécessaire : du caractère, il en faut pour se hisser jusqu'en Vystranie, même avec l'appui d'un époux admiratif. Et attention, le plus beau arrive : Isabelle, c'est pas une femen qui crache sur tout ce qui passe et qui hurle au vilain patriarcat pendant trois cent cinquante pages. C'est une érudite qui vaut être reconnue pour ses compétences naturalistes et avoir les moyens de les exercer en dépit de l' utérus que la nature lui a collé, point barre. Le roman ne creuse pas plus loin ni ne s'insurge contre vents et marrées, et j'en suis super grée à Marie Brennan de ne pas avoir cédé à la tentation d'en faire trop et de pousser le bouchon plus loin que nécessaire. Les héroïnes qui gueulent à tort et à travers, ça me met en boule et ç'aurait pas été de bon ton dans ce récit. Louons donc l'autrice : Isabelle, c'est la crème de la crème - et personnellement je lui trouve un petit air de ressemblance avec la comtesse douairière de Downton Abbey, pour ceux qui ont la référence.
Je suis donc carrément prête à signer de nouveau pour une seconde expédition ... et si j'en crois la couverture du prochain tome des Mémoires de lady Trent, plutôt que de se les geler on va suer sous les tropiques -ça, c'est un programme qui me botte, et y a certainement de la place pour vous aussi !
Ma note : 18/20
Ce livre me faisait tellement envie et franchement tu me tease encore plus!
RépondreSupprimerVue ma dernière lecture (pseudo récit de voyage féministe qui est tout sauf féministe...) je pense qu'un truc avec une femme ultra badass et marrante ça pourrait etre super sympa et me changer un peu les idées hihi
Malheureusement je crois pas qu'il y ait une édition de poche... Mon porte monnaie est pas prêt à ca xD
Non il n'y a pas de version poche à moindre coût, MALHEUUUR ! Qui sait peut-être qu'au détour d'un bouquiniste tu finiras par le dénicher ? Perso je l'avais acheté d'occasion sur Momox, et dès qu'un tome s'y présentera je compte bien sauter dessus ^-^ !
SupprimerSi j'ai réussi à te donner envie, mission accomplie ! Fais-moi signe si jamais tu le débutes, j'ai déjà hâte de voir si tu vas aimer aussi *.*
J'avais repéré ce livre en librairie grâce au dragon sur la couverture mais je ne me suis jamais réellement penchée sur le livre. Il a l'air sympa en tout cas parce qu'il y a des dragons mais aussi une héroïne forte.
RépondreSupprimerComme toi : c'est le dragon qui a fait le job de racolage, à l'époque :-D Aujourd'hui, je peux dire que l'intérieur est VRAIMENT à la hauteur.
SupprimerJ'avais vu venir pas mal de twists dans l'intrigue mais sinon c'était plutôt sympa. Même si l'héroïne m'a titillé XD (je l'ai trouvé pompeuse voir arrogante ^^)
RépondreSupprimerRaaaanh moi j'ai adoré ses petites manières "so british", ça a contribué pour moi à en faire un carnet de route léger avec une intrigue sympa à suivre grâce à son héroïne ^-^ !
SupprimerDu coup je présume que tu n'as pas poursuivi avec les autres tomes ?
J'ai super hâte de pouvoir m'y coller, vu que j'ai l'e-book ^^ Il me faisait déjà de l'oeil, mais avec cet avis, je suis encore plus curieuse !
RépondreSupprimerOh oui oh oui !
SupprimerBonne lecture en avance si tu arrives à le caser prochainement ^-^ !
Si je n'en avais pas oublié l'existence, le roman dort dans ma PAL depuis un moment...
RépondreSupprimerEn tout cas, j'adore ton avis qui donne envie de le lire, notamment pour la super personnalité de Lady Tren qui a l'air d'avoir une forte tête ! Et tu me rassures sur le rythme que je craignais également assez lent...
Je sortais d'un gros morceau de Fantasy assez classique donc j'avais besoin de changement, et ce livre-là est SUPER bien tombé. Ça ne suit pas un rythme endiablé, attention, mais c'est pas "juste" un carnet de naturaliste non plus : on est entre les deux et c'état pile ce que je demandais ! Y a plus qu'à espérer que ça le fasse pour toi aussi ^-^ ...
SupprimerIl est vrai que je pensais aussi que le roman n'était qu'un carnet de route, un journal scientifique sur les dragons - et que l'histoire allait en pâtir niveau rythme et profondeur des personnages. Tu m'as convaincu du contraire, et j'en suis rassurée. Isabelle m'a juste l'air fascinante à découvrir, et heureusement elle n'est pas énervée H24 sur son monde - même si certaines personnes ne sont pas très évoluées. Je serais donc curieuse de tester l'aventure de mon côté !
RépondreSupprimerTu peux voir avec ta sœur pour un petit trafic d'e-book ? :-D
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