Auteur : John Scalzi
Editeur : Bragelonne
Genre : Science-fition
Pages : 382 (format poche)
Résumé : Les brigades fantômes sont des troupes d'élite issues de l'ADN de personnes décédées et entraînées jusqu'à devenir les soldats les plus mortels qui soient - jeunes, forts et totalement dépourvus de pitié. Lorsque le scientifique Charles Boutin trahit l'humanité en s'alliant à trois autres espèces, les brigades implantent une conscience clonée de celui-ci dans un corps artificiel afin de découvrir ses projets. La tentative échoue et le nouveau soldat, rebaptisé Jared Dirac, est enrôlé dans leurs rangs. Mais petit à petit, la conscience de Butin émerge et menace d'écraser la personnalité de Jared. Pour arrêter le traître, faudra-t-il sacrifier un soldat ?
Ma chronique : La découverte du Vieil homme et la guerre, ç'a été pour moi une double réussite. Premièrement parce que ç'a été une excellente lecture, vraiment pas loin d'un bon coup de cœur (et ça, pour du space-opéra, j'ai pas forcément l'habitude) ; deuxièmement parce que Monsieur Choupaille s'est emparé du truc, a dévoré le premier, enchaîné sur le second, le troisième et est présentement dans sa lecture du quatrième tome, Zoé. Bref il m'a coiffée au poteau (rien que ça !) et ça les copains c'est gage de la grande qualité de la saga ! J'ai mis le temps pour me lancer dans ce second tome mais le voici, le voilà ; j'ai eu un peu peur au début mais passé le tiers du récit, j'avais plus de doute : Scalzi poursuit sur sa lancée et il pourra compter sur moi pour la suite. On cause traîtrise, forces (très) spéciales et conscience de soi - venez faire la connaissance du soldat Jared Dirac : deux jours de vie et déjà armé de son gun !
L'humanité a un problème : Obins, Eneshans et Rraeys se sont ligués contre elle en vue de la mettre à genoux et de la bouter hors de ses colonies. Un génocide massif se prépare dans les coins le plus perdus de l'univers et c'est lors d'une mission de routine que les forces spéciales découvrent le pot-au-rose : l'un des leurs a trahi l'humanité nourricière. Le docteur Charles Boutin, spécialiste de l'Amicerveau et de ses secrets, cherche à livrer la faille des soldats humains aux espèces ennemies. Chance pour les membres des brigades fantômes : Boutin a inopportunément laissé derrière lui une copie de sa propre conscience dupliquée à l'aide de la technologie consu. Afin de débusquer le traître et de cerner ses intentions, la décision est prise de transférer cette conscience dans l'enveloppe encore vierge d'un soldat à naître. Ainsi émerge Jared Dirac, nouvelle recrue des brigades fantômes et véritable bombe à retardement : impossible de savoir si la personnalité de Boutin émergera finalement, ni quand ...
Si vous avez déjà fait main basse sur le premier volume du Vieil homme et la guerre, vous connaissez la chanson : l'humanité se cherche de nouveaux berceaux et bastonne pour ce faire des centaines d'espèces aliens aux quatre coins de la galaxie. Soldats améliorés, éthique douteuse, « obéis et ferme ta gueule » ... un concept clair et malgré tout sympa qui vous fait voir une bonne tranche d'univers, avec en prime des questions de premier choix sur l'Homme et son rapport à l'autre. Ça, c'était le tome un et c'était déjà méchamment chouette. En découvrant de quoi état fait le deuxième, j'ai été joie totale. On parle ici de l'inné et de l'acquis, de la place laissée au « moi » dans un monde technologiquement si poussé que l'homme d'autrefois n'y a plus vraiment sa place. On cause de prédestination, de la force du vécu et des expériences qui construisent l'individu brique après brique en partant de fondations communes, et pour ça vous pouvez remercier la recrue Jared Dirac, cobaye des brigades fantômes le temps d'un roman. Le premier soldat issu d'un corps synthétisé par les FDC et d'une conscience dupliquée : celle qu'un traître a inopportunément laissée derrière lui avant de partir avec ses cliques et ses claques. La manipulation est osée, sujette à des controverses que les FDC calculent même pas (pour ne pas changer) et les chances de réussite bien faibles. Il n'empêche, grâce à la technologie consu chipée par Perry dans Le vieil homme et la guerre et son pote médecin Harry Wilson, le transfert de conscience a bel et bien lieu ...
... et Jared s'éveille. Jared, pas Boutin. Passé le comique du réveil, la déception et l'échec de ne pas pouvoir confronter le scientifique qui a trahit l'humanité, le pragmatisme des forces spéciales reprend le dessus et c'en est finalement presque comique : Jared sera formé comme toute autre recrue des brigades fantômes, intégré à son escouade et au réseau Amicerveau qui les lie tous, et formé dès le troisième jour de son existence à tirer dans le tas et suriner dans le dos - pas de gaspillage de main d'oeuvre chez les FDC, le zéro déchet de la conquête galactique ! Dans les hautes sphères du commandement, chacun surveille cependant ce soldat qu'on sait être l'engeance d'un traître et personne n'exclut la possibilité d'un éveil soudain de la personnalité de Boutin. Une bataille de trop, un souvenir qui émerge au mauvais moment : Jared est une bombe à retardement mais derrière la menace qu'un second traître en latence représente, y a la possibilité de comprendre le pourquoi du comment et de couper l'herbe sous le pied à ceux qui œuvrent contre l'humanité. Un mal pour un bien, finalement, mais un soldat instrumentalisé et naturellement dans l'ignorance totale de ses origines - tout ça est aussi borderline que touchant et révoltant ; je signe et je resigne si nécessaire !
Derrières ces questions magistralement traîtées d'inéluctabilité, de prédestination et de fatalisme, y a également un contexte très travaillé de navires spatiaux, de colonies à conquérir et d'espèces aliens à estourbir. Si on savait déjà les FDC prêtes à tout pour se tailler une place de choix dans l'univers, Les brigades fantômes apporte de nouveaux éléments sur la table qui soudain vous remettent les yeux en face des trous. D'une espèce intelligente parmi les autres (pas pire mais pas meilleure), on passe finalement dans la case « gros connards belliqueux » habituelle. Refus de collaborer, de temporiser, de parlementer, de débattre ; manipulation de masse, contrôle des conscience ; maintien d'une Terre exsangue dans une immobilité technologique crasse dont les grands tirent un profit très discutable : Scalzi fait le point sur tous ces travers et plante déjà le décor des tomes suivants qu'on sent aussi mouvementés que profonds - mais jamais illisibles ! En bref Les brigades fantômes est un roman à deux niveaux de lecture : il y a d'un côté les aventures de Jared et de ses copains super-soldats, et de l'autre le combat très personnel qu'il mène contre lui-même et les travers de l'humanité - à vous de voir sur quel niveau vous tablez !
Ce tome deux, c'est enfin l'occasion de découvrir les forces spéciales dont on n'avait eu qu'un petit avant-goût dans Le vieil homme et la guerre. On retrouve une certaine Jane Sagan qui n'a pas pris une ride ni cédé un pouce de terrain, mais surtout on vit le processus forces spéciales de A à Z, de la « naissance » à la mort qu'aucun d'eux ne vit seul, agglomérés comme ils le sont les uns aux autres au sein d'une grande conscience collective - merci Amicerveau ! Ça donne lieu à beaucoup de situations comiques, touchantes mais aussi terribles limite insoutenables - et croyez-moi, je suis plutôt du genre insensible d'habitude donc je dis pas ça dans le vent. Entre la vie et la mort il y a toutefois un entraînement à faire pâlir Shaun T d'Insanity et qu'on subit en même temps que les nouvelles recrues des brigades fantômes : niveau rythme ç'a m'a profondément déplu mais bon, la suite a totalement relevé le niveau, donc je pardonne !
Pour en savoir plus il faudra vous plonger vous-même dans ce space-opéra tout public ; pour ma part je me planifie la lecture du troisième dans les semaines qui viennent !
... et Jared s'éveille. Jared, pas Boutin. Passé le comique du réveil, la déception et l'échec de ne pas pouvoir confronter le scientifique qui a trahit l'humanité, le pragmatisme des forces spéciales reprend le dessus et c'en est finalement presque comique : Jared sera formé comme toute autre recrue des brigades fantômes, intégré à son escouade et au réseau Amicerveau qui les lie tous, et formé dès le troisième jour de son existence à tirer dans le tas et suriner dans le dos - pas de gaspillage de main d'oeuvre chez les FDC, le zéro déchet de la conquête galactique ! Dans les hautes sphères du commandement, chacun surveille cependant ce soldat qu'on sait être l'engeance d'un traître et personne n'exclut la possibilité d'un éveil soudain de la personnalité de Boutin. Une bataille de trop, un souvenir qui émerge au mauvais moment : Jared est une bombe à retardement mais derrière la menace qu'un second traître en latence représente, y a la possibilité de comprendre le pourquoi du comment et de couper l'herbe sous le pied à ceux qui œuvrent contre l'humanité. Un mal pour un bien, finalement, mais un soldat instrumentalisé et naturellement dans l'ignorance totale de ses origines - tout ça est aussi borderline que touchant et révoltant ; je signe et je resigne si nécessaire !
D'un côté il y a le sympathique Jared, de l'autre la conscience ensommeillée de Boutin : le roman travaille à fond la question de la fatalité, du contrôle et de la marge de manœuvre qu'on exerce sur nos « moi » profonds. Comme dirait un certain Dumbledore « Ce ne sont pas nos aptitudes qui définissent ce que nous sommes, ce sont nos choix » ; Scalzi le fait lui comprendre en un roman de space-op', à sa sauce et avec des répliques pleines de sens qui vous trottent longuement en tête.
Derrières ces questions magistralement traîtées d'inéluctabilité, de prédestination et de fatalisme, y a également un contexte très travaillé de navires spatiaux, de colonies à conquérir et d'espèces aliens à estourbir. Si on savait déjà les FDC prêtes à tout pour se tailler une place de choix dans l'univers, Les brigades fantômes apporte de nouveaux éléments sur la table qui soudain vous remettent les yeux en face des trous. D'une espèce intelligente parmi les autres (pas pire mais pas meilleure), on passe finalement dans la case « gros connards belliqueux » habituelle. Refus de collaborer, de temporiser, de parlementer, de débattre ; manipulation de masse, contrôle des conscience ; maintien d'une Terre exsangue dans une immobilité technologique crasse dont les grands tirent un profit très discutable : Scalzi fait le point sur tous ces travers et plante déjà le décor des tomes suivants qu'on sent aussi mouvementés que profonds - mais jamais illisibles ! En bref Les brigades fantômes est un roman à deux niveaux de lecture : il y a d'un côté les aventures de Jared et de ses copains super-soldats, et de l'autre le combat très personnel qu'il mène contre lui-même et les travers de l'humanité - à vous de voir sur quel niveau vous tablez !
Ce tome deux, c'est enfin l'occasion de découvrir les forces spéciales dont on n'avait eu qu'un petit avant-goût dans Le vieil homme et la guerre. On retrouve une certaine Jane Sagan qui n'a pas pris une ride ni cédé un pouce de terrain, mais surtout on vit le processus forces spéciales de A à Z, de la « naissance » à la mort qu'aucun d'eux ne vit seul, agglomérés comme ils le sont les uns aux autres au sein d'une grande conscience collective - merci Amicerveau ! Ça donne lieu à beaucoup de situations comiques, touchantes mais aussi terribles limite insoutenables - et croyez-moi, je suis plutôt du genre insensible d'habitude donc je dis pas ça dans le vent. Entre la vie et la mort il y a toutefois un entraînement à faire pâlir Shaun T d'Insanity et qu'on subit en même temps que les nouvelles recrues des brigades fantômes : niveau rythme ç'a m'a profondément déplu mais bon, la suite a totalement relevé le niveau, donc je pardonne !
Pour en savoir plus il faudra vous plonger vous-même dans ce space-opéra tout public ; pour ma part je me planifie la lecture du troisième dans les semaines qui viennent !
Ma note : 16/20
Date : 24 janvier 2020 - 28 janvier 2020
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