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  • 9 févr. 2019

    Shâhra, tome 1 : les masques d'Azr'Khila de Charlotte Bousquet - Touffeur ensorcelante

    Auteur : Charlotte Bousquet
    Éditeur : Mnémos (2018)
    Genre : Fantasy orientale
    Pages : 325 (grand format)

    Lu dans le cadre du « Féminibooks Challenge »

    Le résumé : Djiane, héritière d’un art mortel et secret, est donnée contre son gré à un seigneur tyrannique. Arkhane, apprentie chamane, est privée en une nuit de son identité et de ses dons. Abandonnée dans un reg aride, elle ne doit sa survie qu’à la protection d’un étrange vautour. Seule rescapée de l’attaque d’une gigantesque créature des sables, Tiyyi, une jeune esclave tente d’échapper à la fournaise de Tessûa. Recueillie par des nomades, elle découvre peu à peu ses pouvoirs. Et dans l’ombre, un immortel en quête d’humanité, un djinn prisonnier d’un corps vieillissant, prêt à tout pour devenir un dieu…

    Ma chronique : Ce roman de Charlotte Bousquet que je pensais être un one-shot a pulvérisé sans la moindre gêne ma résolution de ne pas débuter de nouvelles sagas. C'est que le filou, malgré son air bonhomme et l'impression qu'il dégage de se suffire à lui-même, est le premier volume d'un diptyque dont la seconde partie est attendue cet été - pour ma défense, sachez que l'info était bien planquée en quatrième de couverture et écrite scandaleusement petit. Je l'avoue, quand je m'en suis rendue compte, j'ai franchement boudé ; puis Charlotte Bousquet a envoyé le paquet et j'ai juste savouré l’instant. Alors ouvrez grand la bouche, car c’est aux pays des 1001 saveurs que vous entraîne Les Masques d’Azr’Khila. Et vous ne voulez pas rater ça.

    Malik est un djinn immortel prisonnier d’un corps vieillissant de jour en jour. Sa jeunesse et sa vigueur apparentes, le sorcier les vole aux kenzis qu’il asservit. Il ponctionne l’énergie des hommes et des femmes qui ont la malchance de croiser sa route, les vide peu à peu de leur substance, et Aya Sin sait que bientôt son tour viendra. Pour oublier le sort qui l’attend, la jeune femme se perd dans les brumes de l'Aziram. La drogue l'apaise. Mais après avoir regardé un nouvel ami mourir sous ses yeux, Aya Sin se fait violence. Dans le plus grand secret, elle use de ses talents d'augure pour explorer les possibles et trouver la voie qui mènera à la chute de Malik. Trois femmes lui apparaissent, trois destins hors-normes mais incertains : Arkhane, chamane androgyne baffouée ; Tiyyi, jeune esclave brisée ; et enfin Djianne, fille de bonne famille éprise de liberté. Et, dans leur ombre, Azr'Khila, déesse de la Vie et de la Mort...

    Un aller simple pour l'Orient, voilà ce que m'a proposé Charlotte Bousquet avec son récit. Mine de rien, en lisant ce premier tome de Shâhra, c'est un voyage vers une destination brûlante que je me suis offerte pour la modique somme de vingt euros - Ryanair, tu dis mieux ? C'est chaud, ça fait beaucoup de bien et ça dépayse clairement. Parce qu'elle est bien loin de Shâhra, la fantasy comme on la connaît ! Plus que jamais dans ce genre, c'est dans un univers totalement étranger que j'ai plongé, surtout côté culture. Difficile de comparer le monde de Shâhra à une contrée de chez nous ; mais s'il fallait se plier à l'exercice, c'est au Maroc d'antan que je l'associerais. Un Maroc brûlant, aussi beau que cruel, parfois, envers ceux qui en foulent le sol. Un monde où poésie et dureté se côtoient sous un soleil de plomb et où la magie revêt de nombreux visages.


    Des dunes désertiques aux souks animés, de l'oasis paradisiaque aux caravanes marchandes et esclavagistes, Shâhra est un monde brûlant de magie, de saveurs et de poésie.

    Et le moins qu'on puisse dire, c'est que la poésie est la bienvenue. Elle se glisse entre la cruauté des Hommes, les élève après qu'ils soient tombés bien bas et fait de ce premier tome un récit ultra contrasté, brut mais toujours authentique. Un vrai portrait de société, avec toutes ses contradictions, ses horreurs mais aussi ses richesses. Un portrait que dépeignaient d'ailleurs déjà les contes des mille et une nuits, et dont Charlotte Bousquet s'est sans doute inspirée en n'oubliant pas, bien entendu, d'y apporter sa touche personnelle. La magie se révèle sous divers aspects travaillés, l'univers s'enrichit de créatures fantastiques et de détails immersifs, et Charlotte Bousquet nous jette là-dedans sans douceur. Comprendre de quoi il en retourne durant la première centaine de pages est un vrai challenge, je ne vous le cache pas, mais une fois acclimaté à Shâhra l’ensorcelante, on n'en sort plus.

    Le récit est brutalement poétique, je vous l'ai assez répété, mais c'est avant tout à travers ses quatre protagonistes principales qu'il marque durablement - des femmes, que des femmes, et c'est aussi bon que c'est rare. Aya Sin, Tiyyi, Djianne et Arkhane ; toutes quatre ont fait les frais de la brutalité de leur monde, et chacune à sa manière tente de s'en relever. C'est avec émotion qu'on les regarde lutter, chuter, recommencer sans cesse dans leur quête de reconstruction, de liberté et d'identité. La narration se fait au son de leurs quatre voix, et à mesure que le récit avance leurs destins s'entremêlent. Le rythme est doux, coloré, presque dansant ; on aimerait que jamais ça ne s'arrête.

    Pourtant toutes les meilleures choses ont une fin, même si le charme ne se rompt pas immédiatement après avoir reposé ce premier tome. Restent dans l'air des saveurs épicées, des airs orientaux et une touffeur ensorcelante qui me font attendre le second volume de pied ferme. Je passe à côté du coup de cœur de peu. Pour ceux qui ne l'auraient pas compris, ceci est un appel bien franc à la lecture de Shâhra. Lancez-vous, mais pas pieds nus - le sable est vachement chaud.
    Note : 18/20

    Date : 29 janvier 2019 - 03 février 2019

    2 commentaires:

    1. Oh tu participes aussi au féminibooks ? Tu l'as mis dans la catégories bonus "fantasy avec beaucoup de féminin" ?

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      Réponses
      1. Ouip ! Enfin ... j'y participe à ma façon. Toutes les consignes ne me bottaient pas, je me suis donc fait une petite sélection, grosso modo une consigne tous les deux mois, et pas de catégorie bonus pour moi. Je joue la SIMPLICITÉ cette fois-ci ^^ . Ma prochaine lecture pour le challenge sera en mars (classique du féminisme : La servante écarlate - pas hyper original mais il me tentait beaucoup !)
        Tu y participes aussi ? Si c'est le cas (ou pas, d'ailleurs), bonnes lectures !

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