• Livres chroniqués
  • Coups de cœur
  • Acquisitions livresques
  • Tags et challenges
  • Autour du livre
  • 1 nov. 2018

    La formule de Dieu de José Rodriguez dos Santos

    Auteur : José Rodriguez dos Santos
    Éditeur : Pocket (2012)
    Genre : Ésotérisme, Thriller
    Pages : 706 pages (format poche)

    Lu dans le cadre du « Pumpkin Autumn Challenge »

    Le résumé Printemps 1951, deux espions de la CIA épient une rencontre de la plus haute importance entre David Ben Gourion, Premier Ministre de l'État d'Israël, et Albert Einstein. L'objet de leur discussion : l'obtention de l'arme nucléaire par le jeune état juif et l'existence de Dieu. Cinquante ans plus tard, Tomas Noronha, expert en cryptologie, est appelé au Caire par une mystérieuse jeune femme. Sa mission : déchiffrer un cryptogramme caché dans un document détenu par le gouvernement de Téhéran. Un manuscrit écrit de la main d'Albert Einstein dont le contenu pourrait bousculer l'ordre mondial. Tomas Noronha devient alors un agent double censé collaborer avec les Iraniens pour informer l'Occident. Mais au cours de son enquête, il découvre que le fameux manuscrit contient beaucoup plus de choses que ne l'espéraient ses différents commanditaires. Il serait tout simplement la preuve scientifique de l'existence de Dieu.

    Ma chronique : J'ai déjà affirmé précédemment que, s'il n'y avait pas eu le Pumpkin Autumn Challenge, certains livres de ma bibliothèque en seraient difficilement sortis. C'est vrai, bien entendu ; mais ça ne l'a sans doute jamais été autant que pour La formule de Dieu de J. R. dos Santos. Avec le recul, je me dis avoir senti le mauvais coup venir - malheureusement à raison.

    Tomas Noronha est un éminent cryptologue portugais. Professeur universitaire et négociant au service des musées à ses heures perdues, codes et chiffres n'ont aucun secret pour lui. Mais un jour, le quotidien de Tomas bascule. Au Caire, il fait la connaissance d'Ariana, une beauté iranienne, professeure en physique et mandée par le gouvernement de son pays. Le travail qu'elle lui propose est simple et très généreusement rémunéré : décoder un manuscrit crypté de la plus haute importance ... signé de la main même du grand Albert Einstein : Die Gottesformel - La Formule de Dieu. Une proposition bien loin de plaire au gouvernement américain pour qui il est vital que l'arme nucléaire ne tombe dans les mains de l'Iran. Or, Iraniens et Américains en sont convaincus, Die Gottesformel recèle le secret de la bombe atomique. Contraint de jouer l'agent double à ses dépens, Tomas s'engage dans une aventure bien plus dangereuse qu'il ne l'avait imaginé... avec toutefois la conviction grandissante que Die Gottesformel n'est pas ce qu'il paraît. 

    Au terme de ma lecture, je me sens flouée. Flouée par les éditions Pocket mais aussi par J. R dos Santos qui ont choisi de faire passer ce livre pour un roman, ce qu'il n'est décidément pas - du moins pas à mes yeux. Une petite encyclopédie vaguement romancée, voilà ce qui définit bien mieux La formule de Dieu. Selon moi, en effet - et vous êtes évidemment libres de ne pas adhérer à mon point de vue - un roman se différencie des autres ouvrages littéraires par l'intrigue autour de laquelle il se construit. Qu'on soit dans la fiction ou la non-fiction, l'auteur élabore et enrichit peu à peu une trame que le lecteur suit avec plaisir ; et c'est via cette trame que l'auteur, si l'envie lui en prend, fait passer les messages qu'il souhaite. En somme, si message et connaissances il y a à faire passer à travers un roman, cela ne se fait pas au détriment de l'intrigue, mais plutôt avec l'intrigue. Autant être franche, si vous êtes friands de cet équilibre, oubliez tout de suite La formule de Dieu, vous passeriez un très mauvais moment. Car rapidement, le lecteur se rend compte que l'intrigue de La formule de Dieu n'est qu'un vague prétexte pour étaler une trentaine de théories scientifiques et ésotériques. Elle manque très cruellement de consistance et sa transparence fait presque peur à voir. A trop vouloir partager ses connaissances, J. R. dos Santos est passé complètement à côté de ce qui fait un bon roman - voire un roman tout court : le scénario. Et quand on n'est pas préparé à se prendre ces théories brutes dans la figure, sans intrigue solidement ficelée pour faire passer la pilule, ça fait mal. Très mal. Conséquences, les incohérences sont légion.

    Mais j'aurais éventuellement pu passer l'éponge si le héros avait été à la hauteur, s'il avait pu assumer le poids du récit sur ses seules épaules. Mais non. Tomas est un protagoniste d'une naïveté, d'une inconsistance et d'un banal à pleurer. Prétendument cryptologue, il lui faut sept cent pages pour déchiffrer une anagramme (sérieusement ?), amenant d'ailleurs une chute précipitée et très moyenne. Jamais il ne hausse le ton ni ne s'insurge face à ce qui lui tombe dessus - et Dieu sait qu'il lui en tombe sur le dos, des mésaventures, face à deux gouvernements pour qui il n'est rien et qui jouent littéralement avec sa vie. Une candeur et un manque de caractère toutefois bien pratique pour l'auteur, évidemment, puisqu'il lui permet de s'adresser indirectement au lecteur. C'est que Tomas est, à l'image du lecteur, plus ou moins vierge de toute connaissance scientifique. Chance pour lui, il croise sur sa route quantité de protagonistes aptes à combler ses nombreuses lacunes, et qui ne se font justement pas prier. Coïncidence, tous usent pratiquement des mêmes métaphores et expressions ... Mouais. Ainsi, à travers les leçons qu'ils donnent à Tomas - pour la plupart d'une quarantaine de pages minimum, le lecteur en prend lui aussi plein les neurones, voire même beaucoup trop. C'en est à se demander comment Tomas, lui, tient le coup ! 

    Car ce n'est pas une petite dizaine de théories que J. R. dos Santos nous expose, mais une trentaine. Et s'il est vrai que l'auteur a un certain talent pour la vulgarisation, trop, c'est trop ; encore plus lorsque l'auteur, à travers un scientifique lambda, avoue au cours d'un dialogue que les connaissances qu'il étale depuis trente pages ne seront d'aucune utilité à Tomas. Pourquoi en parler, alors ?! Certes, c'est toujours beau d'apprendre et d'étoffer ses connaissances - d'autant que ces dernières ont de quoi faire rêver, mais si le lecteur parvient à ingérer sans trop de problème les dix premières théories, pour le reste, il ne sait plus où donner de la tête. Surtout lorsque l’hindouisme s'en mêle à grand renfort de vocabulaire spécifique, difficile à maîtriser et encore plus à intégrer. 

    Sans parler de la manie stéréotypée du moine menant alors la conversation, qui se plait à parler par énigmes et à citer Lao Tseu, Chuan Chuan, Confucius et toute la compagnie à tout bout de champs. En toute bonne foi, lire « Machin-chouette a dit ... » à chaque réplique, je vous jure que ça agace !

    Un élagage aurait donc été le bienvenu. Au lieu de quoi, l'auteur se perd en répétitions et théories purement figuratives, à grand renfort de vulgarisation parfois scabreuse, notamment lorsqu'il est question de Dieu, de la vie et de l'intelligence. Vulgariser, oui ; le faire n'importe comment, non. C'est qu'à certains moments, à trop vouloir simplifier pour faire passer une idée à son lectorat, J. R. dos Santos n'est vraiment pas loin du raisonnement absurde, du genre : « Un chat a quatre pattes ; un chien a quatre pattes, donc un chien est un chat. » Si si, je vous jure. Parfois, on touche du doigt ce genre de raisonnement, et c'est bien dommage. Ceci dit, malgré ces défauts de fond et de forme, il faut avouer que le sujet développé dans La formule de Dieu a de quoi fasciner. Je ne sais pas vous, mais dès qu'il est question de l'univers, j'ouvre grand les yeux et les oreilles, et absorbe autant d'informations que je le peux. A certains moments, j'ai même stoppé ma lecture pour penser aux mystères insolubles du monde qui nous entoure.

    De quoi se questionner sur notre place au sein de ce grand Tout qu'est l'univers, et garder les yeux ouverts, entre fascination, respect et interrogation une bonne partie de la nuit.

    C'est au final cela qui aura sauvé cette lecture à mes yeux ; cela et le style malgré tout très fluide et lisible de l'auteur. Car pour le reste, vous l'aurez compris, j'ai eu énormément de mal. Peut-être que, si j'avais su avant d'entamer ma lecture que La formule de Dieu n'avait rien d'un roman, j'aurais pu m'y faire. Je ne le saurais jamais, et en l'état des choses, je ne souhaite pas lire de nouveau J. R. dos Santos. A entamer en toute connaissance de cause !

    Note : 10/20

    Date : 28 octobre 2018 - 31 octobre 2018

    Aucun commentaire:

    Enregistrer un commentaire