• Livres chroniqués
  • Coups de cœur
  • Acquisitions livresques
  • Tags et challenges
  • Autour du livre
  • 10 mai 2018

    Pandémia de Franck Thilliez

     Auteur : Franck Thilliez
    Éditeur : Pocket (édition de luxe, Angor et Pandémia, 2017)
    Genre : Thriller
    Pages : 696 pages (format poche)

    Le résumé : Comme chaque matin, Amandine a quitté sa maison de verre pour les locaux de l'Institut Pasteur. Mais ce matin-là est particulier. Appelée pour des prélèvements à la réserve ornithologique du Marquenterre, la microbiologiste est déconcertée : trois cadavres de cygnes gisent sur une étendue d'eau. En forêt de Meudon, un homme et son chien ont été abattus. Dans l'étang tout proche, un sac de toile contenant des ossements : quatre corps en kit. Et pendant ce temps, une grippe à la souche non identifiable vire à l'épidémie et fauche jusqu'aux plus robustes du quai des Orfèvres, mettant à l'épreuve Franck Sharko et Lucie Henebelle... 

    Ma chronique : Depuis presque trois mois que ce blog existe, j'en viens aujourd'hui à me demander comment Franck Thilliez n'y apparaît que maintenant. Conquise à chaque récit, j'admire littéralement cet auteur et c'est toujours les yeux fermés que je me lance dans ses romans. Et que dire si ce n'est que Pandémia s'est montré à la hauteur de ses prédécesseurs ?

    France, novembre 2013. Amandine Guérin, microbiologiste à l'institut Pasteur, est chargée de faire un tour par la réserve naturelle du Marquenterre où trois cygnes ont été retrouvés morts. Quelques années seulement après l'émergence de la grippe aviaire H1N1, les populations d'oiseaux migrateurs font l'objet d'une étroite surveillance ; et la mort de trois individus en pleine période migratoire n'augure rien de bon, Amandine le pressent. Rapidement, son intuition se vérifie, apportant de surcroît son lot de mauvaise nouvelles : un virus grippal inconnu de l'Organisation mondiale de la Santé a fait son apparition en Europe, et ce dernier possède tout l'arsenal génétique nécessaire à infecter l'Homme. Du côté du 36, quai des Orfèvres, Lucie Henebelle et Franck Sharko font face à de nouvelles atrocités : un homme retrouvé mutilé dans une forêt, proche d'un site où seront découverts quatre corps en vrac. Mais alors que l'enquête débute, l'hécatombe s'installe dans les bureaux du 36. Fiévreux et tremblants, de nombreux inspecteurs regagnent leur domicile, atteints d'une mauvaise grippe... 

    Si Franck Thilliez fait selon moi partie des plus grands, ce n'est pas tant grâce à son excellente plume et son machiavélisme débordant. Quoique nécessaires à la conception d'un récit réussi, ces deux qualités incontournables passent presque au second plan lorsqu'un lecteur se plonge dans l'un de ses romans. Car la richesse de l'auteur, celle-là même qu'il transmet à son lectorat, c'est cette curiosité volontaire qu'il couple à des recherches abouties. Maître de la vulgarisation, Thilliez use de sujets et de connaissances qui le passionnent et l'intriguent pour tisser la toile de fond de ses récits. Et tandis que [GATACA] rime avec biologie évolutive, que Atom[ka] vibre au rythme de l'atome et de l'infiniment petit, que rêves et réalité se confondent dans RÊVER et que La mémoire fantôme met la notre en défaut ; Pandémia fait de la microbiologie la clef de voûte d'un thriller haletant, envoûtant et contagieux !

    Et c'est une biologiste qui vous le dit : Pandémia est remarquable.

    Mais un Thilliez n'en serait pas un sans des protagonistes tout aussi remarquables, et surtout humains. Roman après roman, l'auteur ne ménage effectivement ni Lucie Henebelle, ni Franck Sharko ... ni, plus récemment, leur équipe. Loin d'accorder à son seul couple de héros le monopole des drames et des fêlures qui en découlent, Thilliez s'assure d'user à parts égales chaque flic du 36, quai des Orfèvres. Un constat d'autant plus flagrant dans Pandémia ainsi que dans le roman qui le précède, Angor ; et qui me laisse penser que s'il décide un jour de laisser Lucie et Franck mener leur barque seuls, la relève est assurée.

    Car bien que j'adore ce couple de flics blessés, j'arrive doucement (tout doucement, je vous rassure) à saturation. D'une nature relativement brusque et solitaire, voilà plusieurs romans que Lucie et Sharko se la jouent plutôt "action perso" que "travail d'équipe". Certes, d'un point de vue narratif et scénaristique la chose a son intérêt, mais de là à en user de façon systématique, non. Et c'est bien dommage, car autrement Pandémia aurait été un coup de cœur. Ceci dit, outre l'équipe du 36, Thilliez façonne ses personnages secondaires avec talent ; Amandine Guérin en est ici la preuve. Tandis que d'aucuns les négligent souvent, peinant à y accorder du temps et donc de la consistance, lui leur consacre autant de pages et de chapitres que nécessaire. Cloîtrée dans une maison faite de plexiglass et de couloirs labyrinthiques où elle mène une lutte acharnée contre tout micro-organisme, Amandine apporte autant au récit que Lucie ou Sharko.

    L'on dit souvent que la lecture est une échappée belle ; hé bien, qui lit du Franck Thilliez voyage effectivement à travers le monde. Bien loin de ne se cantonner qu'aux limites de la France, Thilliez fait découvrir à ses lecteurs des contrées qui lui sont étrangères : Brésil, Allemagne, Russie, Colombie, Egypte et, dans le cas de Pandémia, Pologne. Un voyage qui ne manque pas de donner un contexte nouveau à une intrigue déjà complexe et excessivement bien ficelée ; et qui apporte son lot de réponses. Car Thilliez ne sert jamais ces dernières sur un plateau d'argent ; qu'elles se cachent à portée de main ou bien à l'autre bout du monde, il ne ménage pas à ses protagonistes un accès rapide et privilégié à celles-ci. Toute information s'acquiert de haute lutte dans l'adversité, non sans sacrifices, et pas forcément sur sol français. 

    Enfin, la magie de Thilliez, c'est aussi de se dire à chaque roman ou presque que celui que l'on vient d'achever est meilleur que les précédents ; ou en tout cas tout aussi bon. Pandémia n'échappe pas à la règle et se montre à la hauteur du tome qui le précède, Angor, et dont la lecture préalable est par ailleurs essentielle. Rythmé, hautement addictif, et fabuleusement conclu, il ne m'en fallait pas plus pour me donner envie de poursuivre prochainement avec la lecture de Sharko.

    Note : 18/20

    Date : 05 mai 2018 - 07 mai 2018

    Aucun commentaire:

    Enregistrer un commentaire