Auteur : Gabriel Tallent
Editeur : Gallmeister
Genre : Drame, survivalisme
Pages : 281 pages (format poche)
Résumé : À quatorze ans, Turtle Alveston arpente les bois de la côte nord de la Californie avec un fusil et un pistolet pour seuls compagnons. Elle trouve refuge sur les plages et les îlots rocheux qu'elle parcourt sur des kilomètres. Mais si le monde extérieur s'ouvre à elle dans toute son immensité, son univers familial est étroit et menaçant : Turtle a grandi seule, sous la coupe d'un père charismatique et abusif. Sa vie sociale est confinée au collège, et elle repousse quiconque essaye de percer sa carapace. Jusqu'au jour où elle rencontre Jacob, un lycéen blagueur qu'elle intrigue et fascine à la fois. Poussée par cette amitié naissante, Turtle décide alors d'échapper à son père et plonge dans une aventure sans retour où elle mettra en jeu sa liberté et sa survie.
Ma chronique : La baisse de régime que je traverse actuellement, je la dois à deux choses : un bébé Choupaille et un trop plein momentané de lectures Fantasy. Puisque j'adore consacrer mon temps au premier, j'ai décidé de prendre action en ce qui concerne ce second point avec l'achat tout récent de romans qui (une fois n'est pas coutume) n'ont rien à voir avec le monde de l'Imaginaire. Place donc à la vraie vie et place au drame avec My absolute darling de Grabiel Tallent - dont je me demande toujours pourquoi on n'a pas traduit le titre en Français. Mais bon, ne soyons pas désobligeant dès le premier paragraphe... d'autant que j'ai vraiment adoré ma lecture, oui oui !
Mini disclaimer préalable : j'ai débuté cette chronique et l'ai mise en pause pour ne la reprendre que deux-trois semaines plus tard, donc ça va être pas mal sommaire et décousu - s'cusez !
Turtle s'appelle Julia, mais son père la surnomme Croquette. Ils vivent tous deux dans une propriété reculée au milieu des bois bordant la côte toute proche, et le père élève sa fille à la rude dans l'optique d'une fin du monde toute prochaine. Sur les bancs de l'école Julia attire l'attention, mais face au proviseur le père fait si bonne figure que personne ne soupçonne les horreurs que Julia a intégrées à son quotidien. Au détour d'une échappée belle en forêt, elle croise Jacob, un lycéen cultivé et bourré d'entrain. Leurs deux mondes se télescopent et à mesure que ces deux improbables se fréquentent, Turtle trouve la force de questionner les pratiques paternelles.
Attention, avec My absolute darling, on ne parle pas d'un bouquin à mettre dans toutes les mains. C'est un pur drame contemporain fait de violences ordinaires avec une sacrée dose d'abus en tous genres. A travers le bouquin qui se lit paradoxalement comme du petit lait, on suit une jeune ado au caractère bien trempé - situation familiale oblige - qui vit depuis si longtemps sous la coupe d'un paternel abusif qu'elle peine à prendre le recul nécessaire pour filer hors de son emprise. Maltraitance physique et verbale, inceste, paranoïa, franchement le bouquet est bien garni et dépeint une Amérique profonde qui fait peur à voir. A travers le papa qu'on devine sacrément cultivé (il est très convaincant dans ses tirades apocalyptiques et ne manque pas de verve, il faut bien avouer), la distinction est faite entre culture et savoir-être - tous les connards ne sont pas forcément des ignares comme le démontre Gabriel Tallent. Le personnage du père est vraiment effrayant, mais finalement c'est le détachement de Turtle face à la situation et tout l'amour qu'elle éprouve malgré tout pour lui qui font le plus froid dans le dos. Le thème est inédit pour moi mais je l'ai trouvé magnifiquement traité dans toute sa complexité. On nous épargne les raccourcis et les clichés.
Dans toute cette ambiance hyper lourde, il y a toutefois quelques personnages qui viennent jeter un peu de peps et ça fait du bien ! Comptez sur Jacob et son comparse aux réparties improbables ainsi que sur le grand-père de Julia pour alléger l'ambiance. La narration vaut elle aussi le détour puisqu'on est sur un récit fluide dont Julia est la maîtresse, avec tout son vocabulaire fleuri d'ado. Entre le fond et la forme, ça matche parfaitement. J'émets juste quelques petites réserves sur la fin que je trouve un peu brusque. Bon à savoir avant de vous lancer : on évitera de lire ce roman si on a déjà pas le moral.
Note : 17/20
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