Auteur : Marie Brennan
Editeur : L'Atalante
Genre : Fantasy
Pages : 342 (grand format)
Résumé : « Bien que peu de gens soient assez âgés pour s'en souvenir, et encore moins assez impolis pour en parler, je fus autrefois vilipendée dans les feuilles à scandales. C'est à cette époque de mon existence que je fus accusée de fornication, de haute trahison et d'être la plus mauvaise mère de tout le Scirland. C'est plus que la plupart des femmes peuvent réaliser en l'espace d'une vie et j'admets que j'éprouve une sorte de fierté perverse à y être parvenue. Ce livre est également, bien entendu, le récit de mon expédition en Érigie. Les avertissements de ma première préface s'appliquent toujours : si les descriptions d'actions violentes, de maladies, de mets étrangers au palais des habitants du Scirland, de religions étranges, de nudité en public ou de gaffes diplomatiques idiotes sont susceptibles de vous gêner, fermez ce livre et passez à quelque chose de plus plaisant. Mais je peux vous assurer que j'ai survécu à tous ces événements ; il est donc probable que vous survivrez à leur lecture. »
Chronique : La chronique du premier tome des Mémoires de lady Trent est à peine tiède que je vous régale déjà avec celle du second ... et quelle fierté de progresser dans la bonne direction, celle des gens bien qui avancent dans leurs sagas ! Derrière l'acquisition de ce livre, il y a le Choupaille birthday qui a été l'occasion de se faire pourrir et gâter puisque Monsieur m'a enterrée sous les bouquins, dont celui qui nous occupe à l'instant (en plus des trois qui suivent derrière, naturellement). La lecture de ce deuxième volume a été un peu plus rude à suivre que celle du premier, mais ça n'en a pas moins été un moment détente réussi. Faut juste aimer la vase, les moustiques et la chaleur : trois choses qui ne font pas peur à Isabelle Camerhest, pas plus que de se joindre aux tribus indigènes des marais d'Erigie.
Et attention : avant d'aller plus loin, sachez qu'ici y a un poil de spoil du premier tome.
Trois années ont passé depuis le retour d'Isabelle Camerhest au Scirland. Aujourd'hui veuve et mère d'un petit Jacob de deux ans qu'elle peine à prioriser à ses travaux, elle se heurte à l'indifférence des institutions scientifiques pour ses écrits. Pourtant derrière les innocentes parutions de façade, Isabelle travaille en secret sur un vaste projet : un procédé de synthèse qui pourrait révolutionner l'industrie et préserver les dragons qui la passionnent. Un savoir que certains convoitent avidement ... mais qu'il lui faut mettre entre parenthèse le temps d'une nouvelle expédition, cette fois-ci en Erigie. Là-bas deux empires se disputent le territoire médian du Bayembé, or ce sont dans ses marais peuplés d'indigènes que se terrent les reptiles tant recherchés par Isabelle et son équipe. L'expédition pourra-t-elle être menée à son terme, ou bien faudra-t-il jouer finement une partie plus politique pour éviter de repartir bredouille ?
Pour répondre à cette question et casser direct le suspens (promis, je ne vous divulgâche rien), sachez que l'impossibilité de dissocier la chose scientifique de celle plus politique, c'est justement le nerf de ce volume - une question d'autant plus d'actualité qu'aujourd'hui vaut mieux éviter certaines surfaces du globe, même si c'est juste pour y vadrouiller en toute neutralité. La grosse désillusion d'Isabelle, ici, c'est de réaliser que la neutralité finalement, ça n'existe pas, et qu'on peut pas débarquer sur un territoire troublé sans s'attendre à devoir prendre parti. L'expédition va s'en rendre compte sans tarder ... d'abord à ses dépends, puis ensuite en toute connaissance de cause après adoption d'une position plus résolue dans le conflit qui les occupe. Et si a priori tout ce bordel politique n'a rien à voir avec les dragons (ça, c'est que Marie Brennan nous fait croire, la petite coquine), on comprend très vite un peu comme au premier tome que tout est lié et qu'il va falloir plaider pour leur cause au passage... ainsi que pour celle des indigènes des marais dont tout le monde se fout royal (mais sept mois de vadrouille bienveillante à leurs côtés, ça va changer le regarde d'Isabelle, je vous rassure). Bref le rôle de nos amis naturalistes dépasse largement ce pour quoi ils pensaient avoir débarqué en Erigie, et c'est très sympa d'en être témoin.
Mais dans Le tropique des serpents, ce que j'ai préféré, c'est qu'on s'attarde beaucoup sur le développement des personnages, avec une très nette évolution hyper bien menée. L'équipée d'Isabelle compte cette fois-ci trois membres : elle-même, sa pupille Nathalie (s'il convient bien de l'appeler ainsi) et M. Wilker. Avant d'embarquer pour leur nouvelle expédition, Marie Brennan plante le décor social du Scirland : on a droit à un petit tour du côté de l'Académie où règnent en maîtres les hommes de Science de la haute, et outre leur refus de prêter juste un poil de légitimité aux écrits d'Isabelle (parce qu'il viennent d'une femme et que donc, c'est forcément des conneries qui causent broderie), on constate aussi toute leur condescendance pour les hommes qui occupent une position plus modeste que la leur... comme c'est justement le cas de Thomas Wilker. La relation Thomas-Isabelle prend donc une nouvelle tournure puisqu'on creuse ici les points qui les rapprochent. Après un tome un où ces deux là pouvaient pas se blairer et où tout était source de querelle (querelles qu'on éclaire d'un regard neuf, justement), c'est une amorce de rapprochement et de compréhension mutuelle vachement réussie. Ça m'a beaucoup plu de voir que dans le livre ne fait pas de tous les hommes des connards prétentieux. Et puisque ce tome deux est très travaillé, Marie Brennan fait aussi le point sur les choix difficiles d'Isabelle qui lui ont valu d'abandonner son fils pour aller courir les dragons au péril de sa vie. La vie de famille bouscule les ambitions professionnelles et légitimes d'Isabelle, et les questions d'actualité que ça soulève m'ont beaucoup parlé. Nathalie, pour sa part, livre un peu le même combat qu'Isabelle dans le premier tome - à la différence qu'elle n'a pas la "chance" d'avoir un mari derrière pour légitimer ses décisions auprès de ses proches conservateurs.
Attention toutefois, il y a beaucoup de positif dans ce tome deux (dont la situation géographique de l'intrigue qui porte son nom à merveille : l'Enfer Vert), mais il faut pas mal s'accrocher au début. Il y a de très nombreux partis dans cette histoire, des titres et des cultures nouvelles et c'est pas de tout repos à appréhender sur la première centaine de pages. On peut toutefois compter sur l'art de vivre so british d'Isabelle pour rendre la chose marrante, alors ça aide - moi j'ai passé l'obstacle sans trop m'y perdre et j'ai même bien ri. Comme second bémol, j'ai noté que les dragons tardaient vraiment à prendre une place plus centrale. Globalement dans Le tropique des serpents on vadrouille beaucoup pour ne tomber que tardivement sur les dragons (en la compagnie d'un gars qui d'ailleurs rappelle vachement M. Clayton dans Tarzan - et j'ai trouvé ça comique). Si vous cherchez une lecture avec des reptiles et que des reptiles, c'est pas à celle-ci qu'il faut penser en premier lieu. Personnellement j'ai adoré tous les petits à-côtés qui décentrent le roman des dragons qui ont déjà la part belle des histoires en Fantasy, alors c'est avec plaisir que je vais continuer à suivre Isabelle dans ses aventures !
Note : 16/20
Je suis vraiment super intriguée par cette série, j'ai hâte de pouvoir me plonger dans le premier tome =)
RépondreSupprimerTrop de lectures, pas assez de temps : le problème de toutes les générations de lecteurs ^-^' ! Si jamais tu te lances un de ces quatre, fais-moi signe !
SupprimerJe suis vraiment intriguée par cette saga qui semble posséder de bons atouts !
RépondreSupprimerAtout principal : l'héroïne qui dépote :-D !
SupprimerJe m'étais un peu ennuyée avec le premier tome donc je compte pas lire la suite. Par contre, ces couv' sa maman, elles sont trop belles !!
RépondreSupprimerOuais c'est pour ça que j'ai craqué et que je me suis embarquée dans la série (grosse influençable ici !) :-D
SupprimerJe te comprends : si on attend des dragons et des renversements rocambolesques, cette saga c'est pas la priorité. Je m'estime heureuse d'avoir accroché, parce qu'un roman un peu plus terre-à-terre de temps en temps, ça fait du bien ^-^ !