L'âge des Ténèbres, tomes 1 à 3 (fin) de Stephen Aryan

Auteur : Stephen Aryan

Éditeur : Bragelonne (2016-2017)

Genre : Fantasy

Pages : 560 pages chacun (format poche)

Le résumé du tome un : Balfruss est un Mage de Guerre qui a juré de se battre jusqu'à la mort pour Seveldrom, un royaume qui redoute pourtant ceux de sa race. Vargus est un simple soldat qui, lorsque les mages exercent leurs pouvoirs depuis les remparts de sa ville, se bat en première ligne sans craindre de souiller sa lame. Réunis par le souverain de Seveldrom, ils devront repousser les hordes sauvages du Roi Fou et affronter le terrifiant Nécromancien, le plus féroce des alliés de l'ennemi...

Ma chronique : Je referme seulement cette saga que je vois depuis un long moment en librairie et, déjà, je m'interroge sur son obtention du prix Hellfest 2017. Sans remettre en question les goûts respectifs des membres du jury (dont la composition m'intéresse pas mal, pour le coup), il m’apparaît que de tous les candidats, Mage de Guerre devait être le moins mauvais pour qu'il lui attribue le premier prix. De fait, si Mage de Guerre et la saga à laquelle il appartient (à savoir L'âge des Ténèbres) ne sont pas vilains, ils ne figurent certainement pas parmi les meilleurs représentants du genre. De mon côté et à plusieurs reprises, on n'est pas passé loin du flop ; mais Stephen Aryan est parvenu à se rattraper in extremis. 

Le royaume de Seveldrom vit ses heures les plus sombres. La coalition de l'Ouest est à ses portes, et, dirigées par le terrible Nécromancien, les armées du Roi Fou s'apprêtent à ravager Charras, sa capitale. Le Roi Fou, rendu invincible grâce à un artefact venu d'au-delà du Voile, fait l'objet des rumeurs les plus folles, entretenant sa légende à grand renfort de massacres. Mais aussi insoutenables soient-ils, les actes du Roi Fou ne parviennent pas à la cheville de ceux commis par le Nécromancien et ses disciples décharnés, semant la peur et le chaos dans les cœurs adverses. Cependant, aussi démuni qu'il paraisse, Seveldrom ne fait pas face seul et peut compter sur le soutien de six Mages de Guerre - parmi lesquels Balfruss, ainsi que sur un certain vétéran sans âge, prompt à éveiller le meilleur chez ses soldats. Pourtant, le roi Matthias et sa fille Talandra le savent, les guerres ne se gagnent pas uniquement sur le champ de bataille. La partie s'engage, les deux camps abattent leurs cartes, et quelles qu'elles soient, les conséquences marqueront le monde à jamais... ce dont certains comptent bien profiter pour œuvrer dans l'ombre.

Durant ses lectures chacun attache une attention particulière à des éléments différents. A titre personnel et sans aucune prétention, la syntaxe m'importe beaucoup. J'aime qu'une phrase soit fluide et claire, que les mots qui la construisent soient les bons ; mais surtout j'aime quand un auteur me donne l'impression que je n'aurais jamais ô grand jamais pu faire mieux. Et c'est là tout le cœur du premier problème que j'ai rencontré avec L'âge des Ténèbres. Le vocabulaire est très pauvre, le style bien trop répétitif à mon goût, et les mots souvent employés de travers. Plier la langue anglaise à sa volonté est un exercice avec lequel l'auteur parait un peu hésitant, et cela se ressent à la lecture de chacun des trois tomes - lus, pour le coup, en VF. Tout du long j'ai butté sur des formulations approximatives et maladroites, rien de tel pour casser net le rythme du récit qui, pourtant, ne partait pas si mal. 

Et je parle bien ici d'un problème de rédaction plutôt que de traduction. Ayant lu d'autres œuvres traduites par Jean Claude Mallé sans relever le moindre problème du genre, j'en conclus que c'est avec Stephen Aryan que ça ne colle pas. Dommage.

Ceci dit ma plus grosse déception concerne le scénario. Qu'il soit question des trois volumes pris séparément ou de la saga dans son ensemble, le récit, bien que sympathique, est plat. On suit l'intrigue sans trop de problème et avec plaisir - malgré toutefois quelques éléments superflus - , mais côté rebondissements ça reste plutôt plat. L'âge des Ténèbres est un long fleuve tranquille et le lecteur pagaie gaiement à sa surface. Un moment agréable mais qui ne surprend pas et n'en fait certainement pas voir des toutes les couleurs. Les éléments susceptibles de mettre le feu aux poudres sont là, simplement l'auteur ne les exploite pas. Il les laisse en plan et tombe dans une linéarité banale.

Enfin, côté protagonistes, l'auteur n'est pas parvenu à me convaincre non plus. Le potentiel est là et on nedemande qu'à voir grandir les personnages, mais Stephen Aryan peine à mettre les mots qui conviennent sur leur évolution. Des amitiés profondes et fraternelles naissent sans transition ; des méchants-méchants sortis de derrière les fagots font leur apparition en dernière minute, déroutant le lecteur qui n'en avait jusqu'alors jamais entendu parler ; et des peuples entiers passent en un clin d’œil de l'adoration à la peur et au rejet. Bref, les lacunes littéraires de l'auteur se ressentent sur l'évolution psychologique de ses personnages et leur crédibilité. Et c'est bien dommage parce que certains auraient largement valu le coup qu'on y mette les formes, comme c'est le cas de Balfruss et Vargus, auxquels je me suis mine de rien attachée.

Et pourtant, malgré tous ces bémols, je suis arrivée au bout de cette trilogie. Aussi surprenant que ça puisse paraître, L'âge de Ténèbres exerce un pouvoir ensorcelant. Peu complexe, cette saga apaise et appelle à l'évasion immédiate. On n'est pas pris par l'intrigue, mais on la suit parce que c'est agréable et que, dans le fond, si on n'est pas demandeur de plus, elle nous contente parfaitement. Finalement, voilà une lecture accessible pour qui cherche un moment loin de son quotidien, sans prise de tête à la clef, juste histoire de déconnecter un instant.

Note : 13/20

Date : 12 août 2018 - 31 août 2018