16 août 2019

La mort du temps d'Aurélie Wellenstein - L'anachronisme décomplexé

Auteur : Aurélie Wellenstein
Éditeur : Pocket
Genre : Fantastique, post-apo, science-fiction, survivalisme
Pages : 281 (format poche)

Lu dans le cadre du « Hold my SFFF Challenge »

Le résumé : Un éclair aveuglant, suivi d'une terrible onde de choc... En l'espace de quelques minutes, un séisme ravage la Terre, et la vie de Callista bascule. Le monde qu'elle connaissait n'est plus. Les siècles se sont mélangés, pièces hétéroclites d'un puzzle temporel qui modifie l'architecture, mais également les gens. Callista fuit Paris pour partir à la recherche d'un refuge dans ce chaos. Sur sa route, elle rencontrera d'étranges créatures, issues d'époques différentes. Mais talonnée par le Flash, réplique mortelle du tremblement de terre, elle ne peut, elle ne doit pas s'arrêter. Sinon, à la prochaine pulsation du Flash, elle sera anéantie. 

Ma chronique : Exception faite de l'imposante trilogie des Seigneurs de l'instrumentalité, La mort du temps d'Aurélie Wellenstein était le dernier vestige de ma razzia au Trolls & Légendes. Un peu oublié dans tout le fatras sous lequel croulent mes étagères - j'avoue - le petit tombait sacrément à point pour le HMSFFF challenge et son mois d'août couleur post-apo. Emballé c'est pesé, j'ai plié l'affaire en deux coups de cuiller à pot bien sympas à défaut d'être mémorables. Que les adeptes de l'autrice se réjouissent et que ses détracteurs se tapissent : la patte d'Aurélie Wellenstein est là pour le bon tout comme l'un-peu-moins-bon habituels ; mais qu'à cela ne tienne, on s'amuse bien dans cette France temporellement déchirée. Joignez-vous à la procession des survivants et lésinez pas sur les Compeeds, je vous embarque pour une chronique faite de réalités alternatives et d'anachronismes assumés !

Callista a seize ans, la vie devant elle, une meilleure amie du tonnerre et une vie familiale sur le fil. Un soir où éclate une énième dispute parentale, elle prend sa décision : ce sera la fugue avec Emma plutôt que d'assister une heure de plus à l'éternel concert d'invectives et de regrets. Mais alors qu'elle s'apprête à s'élancer vers l'inconnu, le ciel explose. Un cataclysme effroyable s'abat sur Paris, déchirant la ville et ses habitants pour n'en laisser qu'un patchwork d'époques imbriquées inélégamment les unes aux autres. Les survivants son rares, Callista démunie et réduite à fuir droit vers l'inconnu pour échapper à la réplique de la catastrophe : un flash lumineux réduisant tout en poussière sur son passage. Mais plus que sauver sa peau, c'est retrouver Emma qui motive Callista à marcher encore, à marcher toujours dans ce monde temporellement ravagé et où quelques alliés ne seront pas de trop... d'où qu'ils viennent.

Aurélie Wellenstein est l'une des autrices dont j'ai le plus de bébés en stock et à défaut d'être ma préférée, c'est sans doute l'une de celles que j'ai le plus de plaisir à suivre. Une valeur sûre faite de bons moments à passer qui fonce droit au but sans vous laisser en rade sur le trottoir, des romans conçus pour s'arracher vite fait bien fait du train-train quotidien et tuer le temps comme pas permis entre deux romans plus lourds : voilà ce qui me plaît chez elle, voilà ce qui m'a plu dans La mort du temps et doux Jésus, « tuer le temps », j'aurais pu su dire mieux ! La trame spatio-temporelle qui se déchire en plein Paris et qui se rafistole comme elle peut, jamais j'aurais pensé y assister, mais c'est maintenant chose faite. Le temps, Aurélie Wellenstein le malmène et le fracasse en un roman surprenant, parfois approximatif mais très sympa malgré tout, et si la route de Callista parait longue et harassante, nous, le temps, on ne le voit pas passer en sa compagnie et en celle de ses amis les hybrides. Quelle que soit votre époque ou votre ère de prédilection, vous la trouverez d'une manière ou d'une autre au coin d'une rue ou en pleine cambrousse - périls compris et courage l'ami !


Le monde avec lequel Callista doit composer désormais est fait d'aberrations glauques et d'anachronismes parfaitement assumés ; on ne demande qu'à découvrir l'étendue des dégâts et quand viennent enfin les ennuis, on fait pas les fiers.

Parce que des ennuis et des embûches, Callista en a un bon gros paquet qui l'attend sur sa route et on reconnait bien là la patte un poil sadique de l'autrice. Les héros qui en prennent plein la poire et qui se font bouffer tout crus par des quêtes qui les dépassent, c'est la dada d'Aurélie Wellenstein et La mort du temps ne fait pas exception. Car au delà de la bonne copine qui va à la rescousse de l'être aimé, Callista c'est aussi une jeune ado en proie au doute, bientôt confrontée à ses nouvelles responsabilités et aux choix très, très difficiles qui vont avec. Ça passe ou ça casse auprès des lecteurs - après tout tout le monde n'est pas taillé pour lire du YA, moi la première - mais surprise !, comme tous les autres romans de l'autrice, c'est passé chez moi sans problème. Merci à la noirceur du récit, au rythme accrocheur et aux surprises temporelles glissées de-ci de-là qu'on découvre avec horreur et délice. Ce monde au temps détraqué s'impose en force et je tire un chapeau virtuel à Aurélie Wellenstein pour cette idée ambitieuse à la réalisation franchement chouette. Pas le temps de s'ennuyer, on fonce à toute vitesse à travers ce nouveau monde sans s'embarrasser plus que ça des états d'âmes de Callista. Ça file tout seul, on passe à travers le roman comme dans du beurre et comme tout bon post-apo qui se respecte, on croise deux-trois dizaines de fanatiques détraqués - mon péché mignon.

Sitôt commencé, sitôt fini : l'idéal pour déconnecter entre deux lectures plus denses.

N'empêche, quand on a justement l'habitude des grosses briques bien denses, on est quand même demandeur d'un peu plus de matière que le commun des mortels. Et à moins de tenter le coup en toute connaissance de cause, tomber sur un roman aussi linéaire que La mort du temps, faut savoir le gérer et apprendre à apprécier le petit goût d'inachevé qu'il laisse en bouche. Je vous le dis donc tout net : si vous cherchez un roman tentaculaire et terre-à-terre, avec des explications et des liens de cause à effet solides - le genre un peu cérébral façon SF - misez pas sur Callista, misez pas sur ce roman. L'idée ici n'est pas ne proposer du béton armé mais de faire plaisir à un lectorat en quête de divertissement immédiat : l'évasion facile sur fond de survivalisme passionnant - le club-med du roman fantastique qui rogne un peu sur la SF. On notera donc des révélations un peu bancales, une trame qui ne s'embarrasse pas de détails et des incohérences pas bien méchantes - Roland le chevalier croisé qui sait te soutenir une conversation avec la jeunesse du XXIe siècle, je sais pas vous mais moi je suis dubitative, quand même.

Mais est-ce important finalement ? Pas vraiment : tout dépend de l'état d'esprit avec lequel vous sautez dans l'aventure. Moi j'y suis allée en attendant rien et j'ai passé un moment sympa et surprenant - les réalités multiples qui s'en mêlent, je m'y attendais pas et c'était une jolie découverte. Pas mémorable mais jolie, et d'ici à ma prochaine lecture d'Aurélie Wellenstein, j'espère retrouver le même état d'esprit. C'est comme ça qu'on savoure au mieux la dame, et c'est pour ça que j'y retourne à chaque fois. A vous de voir si vous vous risquez à mettre un pied dans cette apocalypse temporelle sans ambition démesurée ou si vous laissez couler.

Note :  15/20

Date :   10 août 2019 - 12 août 2019

5 commentaires:

  1. Je l'avais bien aimé, mais il m'aura moins marqué que Le roi des fauves. Toutefois, les sujets étaient passionnants et l'ambiance était très captivante. J'en garde un bon souvenir.

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    1. J'ai justement découvert l'autrice avec Le Roi des Fauves et j'étais sortie de ma lecture un peu déçue. Entre-temps j'ai fini par saisir son style, et je savoure davantage mes lectures ^^ ! Fallait juste que je me fasse la main !

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  2. C'est avec le PLIB et le roman Le Dieu oiseau que j'ai eu l'occasion de découvrir l'autrice et c'était bien sympa

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    1. Un très belle entrée en matière ! Tu as déjà lu Mers Mortes ? C'est son dernier en date et de loin mon préféré :-)

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    2. Aucun autre pour l'instant mais le pitch de celui-ci me tente bien oui

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