11 août 2019

Alone, l'intégrale de Thomas Geha - On the road again !

Auteur : Thomas Geha
Éditeur : Critic
Genre : Post-apo
Pages : 436 (grand format)

Lu dans le cadre du « Hold my SFFF Challenge »

Le résumé : Pépé est un Alone, un solitaire qui trace sa route dans une France dévastée. Son créneau : la survie. Son credo : le mouvement. Armé de ses couteaux, il va affronter tous les dangers pour retrouver un fantôme de son passé : Grise. Mais suffit-il de survivre ? Car un vent de renouveau souffle sur les débris de l’ancien monde, porteur de dangers autant que d’espoir.

Ma chronique : Thomas Geha est devenu mon nouveau petit chouchou depuis ma formidable découverte de son Sorciers et des Hommes - débuter 2019 par un coup de cœur, c'était pas gagné, mais il l'a fait ! Quand il a donc fallu faire une petite sélection de romans post-apo pour le HMSFFF challenge, j'ai pas hésité cinq secondes : Alone, premier roman du bonhomme, en ferait partie. Non négociable. J'étais chaude patate, dans les starting-blocks et prête à savourer cette lecture dont la couverture signée François Baranger (un autre excellent auteur, tiens !) envoie du lourd, quand soudain la réalité m'a rattrapée. Ce roman, il promet beaucoup mais offre moins que prévu. Le temps que je vous explique le pourquoi du comment, dégainez couteaux, arbalète et sabre et apprêtez-vous à arpenter le bitume ; y a de la route !

Des siècles après un mystérieux conflit entre l'électronique nadrone et la race humaine, le monde est toujours dévasté. Les villes sont des ruines que personne n'ose approcher, la campagne une friche sauvage riche en bestioles mutantes et seules quelques poches éparses de survivants jalonnent la France : les Rassemblés - Rasses pour les intimes. Souvent fanatiques, rarement amicaux, les Alones ont appris à s'en méfier et tracent leur route en solitaires à travers la France ravagée. Dans ce monde nouveau, on ne peut compter que sur sa propre couenne. C’est la philosophie de Pépé, un Alone parmi les autres bien déterminé à vivre sa petite vie autant que faire se peut. Et quand dans sa planque d'hiver atterri un baroudeur aguerri mal en point, Pépé ne se doute pas que son quotidien s'apprête à basculer - en bien ou en mal, c'est là toute la question. Ni une ni deux, le voilà sur des routes que jamais il n'aurait imaginé prendre ... en quête d'une femme qu'il pensait ne plus jamais voir.

« Avec ta bite et ton couteau », c'est la consigne très élégante de ce mois d’août pour le HMSFFF challenge. Ça vend du rêve, avouez, mais surtout ça colle à cent pour cent à ce roman et à son protagoniste principal. Le Pépé, c'est un bonhomme taillé pour la survie qu'on suit dans une narration à la première personne pleine de gouaille et de franchise. N'en déplaise au nom qu'il se donne, le gars a la vingtaine, vit de ses couteaux et de son sabre et ne porte pas grand intérêt à la longévité de sa couenne. Si je vis, tant mieux, si je crève, tant pis ; telle est sa devise et tant qu'entre temps il peut mener la vie dure aux Rasses fanatiques qui croisent sa route, c'est bingo. Il est futé, terre-à-terre et pragmatique : la base pour survivre dans un monde post-apo qui veut ta peau, où la nourriture se fait rare et les amis encore plus. Un sacré personnage de caractère au parler franc qui te prend à partie comme un vieil ami, étudié pour passer crème et en mettre plein les mirettes : j'adore, je dis oui et j'en veux encore. Et l'ambiance à la Tarantino qui suinte de tout ça, c'est cadeau.

Tout du long Pépé interpelle, raconte sa vie à l'écrit comme il le ferait à l'oral. On se sent comme un bon pote de galère dans la confidence, chapeau de cow-boy, cigarette au coin des lèvres et mitrailleuse au poing : seuls face au monde et YOLO, envoie la sauce !

L'univers, les amis, voilà une chose à laquelle j'attache également une grande et belle importance. Et celui-ci, il est au top. La France est dévastée, on ne peut plus faire confiance à personne et même si on manque cruellement d'infos sur la fin des temps et l'après-catastrophe, on le prend bien tant on a du plaisir à suivre la voie de Pépé et de ses comparses. On s'imagine le tout sans problème : les nationales désertes, les villes en ruines, les mutants et autres joyeusetés qui courent un peu partout et surtout la nécessité de pas se faire remarquer dans tout ce boxon. Les Alones qui se croisent de temps à autres, guère très causant, les sociétés Rasses menées par des despotes plus fourbes et inventifs les uns que les autres : le tout est décrit avec bonne humeur et humour noir et sur un ton copain-copain qui y est pour beaucoup dans l'immersion. L'univers post-apo de rêve et le Pépé, c'est un duo gagnant, surtout lorsqu'on découvre un sympathique clin d’œil aux éditions Critic dans le tas.

Mais à part tout ça, c'est à peu près tout côté charmes - m'en voulez pas, je suis passée à côté du reste. Cette intégrale signée du sceau des éditions Critic rassemble deux romans initialement paru chez Rivière blanche en une version revisitée par l'auteur : A comme Alone et Alone contre Alone ; et franchement pour ce qui est de l'intrigue, y a pas foule au balcon et c'est bien dommage. Tout aussi sympa que c'est de vivre à ses côtés, suivre Pépé dans ses pérégrinations au jour le jour, ça manque de dynamisme et d'intérêt. Il n'y a pas vraiment d'objectif ni de but clair, ça manque de finalité et résultat des courses : on s'ennuie à attendre une aventure bien définie qui n'arrive jamais - ou bien sur le tard. Pas de début, de milieu ni de fin : juste une succession d'échauffourées et de retrouvailles, un peu à la façon de ce qu'on attend d'un recueil de nouvelles - mais hélas pas d'un roman. Ça m'embête sincèrement de le dire parce que le reste est top moumoute - juré craché - mais je me suis ennuyée sévère, à deux doigts de lâcher l'affaire.

A l'image du roman je sens cette chronique un peu vide, car comment aborder des points points qui n'existent pas ? Je vous le demande !

Question d'état d'esprit ou de mauvais timing ? Peut-être bien, mais un rendez-vous presque manqué malgré tout - heureusement, y avait Pépé ! L'auteur vaut cependant le détour, d'autant que ces romans-ci sont ses tout premiers et que Des Sorciers et des Hommes dépote. Il y a matière à ouvrir l'intégrale par vous-même : certains ont été séduits, pourquoi pas vous ?

Note :  14/20

Date :   05 août 2019 - 09 août 2019

6 commentaires:

  1. Il m'intrigue pas mal ^^ Je suis très intéressée par l'ambiance et par ton avis sur le personnage principal. Je pense que j'aimerais bien tester, même si l'histoire paraît moins captivante que prévue. Merci pour cette découverte !

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    1. Ah oui oui, pour l'ambiance et le personnage, il faut tenter ! :-D Et bon, je suis juste passée à côté de l'intrigue, peut-être que ça ne sera pas ton cas - il y a des chroniques vachement convaincues sur la blogo ! ^^

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  2. Ah mince dommage ! il me faisait bien envie celui-là aussi !

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    1. On trouve de tout comme avis sur le net : le mien n'en est qu'un parmi d'autres qui sont davantage convaincus ^^ S'il te faisait envie, lâche pas l'affaire !

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  3. Des sorciers et des hommes a été une si bonne lecture que j'ai bien envie de lire d'autres livres du monsieur. Quant à savoir si ce sera celui-ci, ce n'est pas dit après ton excellente chronique qui donne très envie au début, puis plus du tout !

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    1. Je me sens un peu comme un OVNI après lecture de la bonne dizaine d'avis beaucoup plus convaincus et enthousiastes que le mien sur la blogo - notamment en ce qui concerne l'intrigue. Je suis sans doute un cas à part :-D ... donc ça vaut le coup de voir par toi-même, je pense ^^ !

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