27 août 2019

Eros Automaton de Clémence Godefroy - Mot de passe : Chobits

Auteur : Clémence Godefroy
Éditeur : Chat Noir
Genre : Policier, romance, steampunk
Pages : 282 (grand format)

Le résumé : Quand le Palais des Expositions de Parisore accueille le Salon Galien d'Automatie, c'est toute la capitale qui vit à l'heure des automates, quitte à chambouler quelques destins au passage. Un attentat en plein concours de modélisation met l'inspecteur Balthazar Bouquet sur la piste d'une mystérieuse organisation pro-humaine alors même que sa sœur Adélaïde devient une célébrité dans le monde de l'automatie. Quant à Agathe Lepique, couturière timide et amie de toujours des Bouquet, elle voit sa vie transformée lorsqu'elle est embauchée dans l'atelier d'Edgar Weyland, un ingénieur de génie aussi énigmatique que séduisant. Son projet: créer la femme parfaite pour jouer le premier rôle dans un opéra romantique... Des salles de bal étincelantes aux bas-fonds de la ville, Balthazar et Agathe vont découvrir à leurs dépens que l'amour, la vengeance et la haine ne sont pas réservés qu'aux êtres de chair et de sang.



Ma chronique : Non non, votre mémoire ne vous joue pas des tours : Eros Automaton, je vous en parlais déjà il y a un petit mois à l'occasion d'un billet pas piqué des vers parlant de la grande et de la belle littérature steampunk (c'est ici, c'est cadeau). Le coco faisait partie de la petite sélection que je vous avais concoctée et une fois n'est pas coutume, j'ai suivi mes propres conseils - ça m'arrive, hé oui ! - et me suis lancée dans l'aventure. Est-ce que Eros Automaton a cassé trois pattes à un pauvre canard mécanique ? Clairement, non. Est-ce que j'ai passé un chouette moment en la compagnie d'automates plus vrais que nature ? Clairement, oui. Une lecture sympathique mais guère mémorable, donc ; et y a plus qu'à vous décortiquer tout ça et espérer éveiller votre curiosité. Allez, en selle Giselle, on va faire du crochet et bichonner des automates ! 

Parisore frétille d'une excitation à peine contenue depuis que le prestigieux salon de l'automatie y a ouvert ses portes. Parmi la foule des exposants et des visiteurs, Adélaïde et Agathe trépignent depuis les coulisses à mesure que le grand prix de modélisation suit son cours. A l'annonce des résultats, la joie saisit la modéliste et la couturière : Beatrice, leur automate, a fait carton plein. Mais alors que se dessinent d'incroyables opportunités professionnelles, un homme fait feu dans la foule. A Dieu, son oeuvre ! - tel est son credo. Balthazar, frère d'Adélaïde et inspecteur au flair légendaire, saute sur l'enquête sans se douter des troubles qui guettent la capitale et son célèbre Institut d'automatie - ce même Institut dont Adélaïde et Agathe viennent de voir s'ouvrir grand les portes. Le début d'une nouvelle vie riche en rencontres inattendues, mais aussi d'une sordide affaire de terrorisme mécano-sceptique.

On ne va pas se le cacher, rien qu'au titre et à la couverture, on a plus ou moins cerné l'essentiel du premier roman de Clémence Godefroy : des automates, de l'amour dans l'air et un Paris froufrouteux légèrement revisité ; il ne manquait plus qu'une référence à un sombre parti politique hostile à nos amies les machines, et ça y était. Ce roman n'a donc pas franchement été le roman des surprises, mais en revanche ç'a été celui du temps qui passe en plutôt bonne compagnie. Ici on ne s'embarrasse pas de détails et on file à vive allure à la suite des protagonistes. On les suit à la trace dans un Parisore moins mécanisé que ne le suggèrent la couverture et le synopsis - on y reviendra, bande d'impatients ! - et c'est un petit plaisir de constater que chacun trouve sa place dans l'enquête gentillette que mène Balthazar contre les terroristes anti-automates. D'Adélaïde la modéliste de talent à la frêle Agathe aux doigts de fées, en passant par l'indifférent génie de l'automatie et le jouvenceau crédule, il y a du monde au balcon de ce court roman et tout ça apporte son lot de pep's et de fraîcheur. Alterner les uns et les autres sans jamais s'attarder sur rien ni personne : le secret d'un roman qui se lit à vitesse grand v et sans trop de mal, Clémence Godefroy l'a trouvé. L'ambiance est aux amours, à la famille et à l'amitié ; bref aux liens que chacun tisse avec autrui, mécanique contestée et complots politiques en toile de fond un peu pâlotteÇa se lit vite, ça se lit bien, je suis preneuse.

Quand on y débarque, le climat de la capitale de Galie est donc assez tendu et l'atmosphère plutôt lourde : les scandales impliquant les automates se multiplient, la grogne monte peu à peu au sein des populeux et un mystérieux groupuscule se fend la poire à attiser le brasier. L'occasion en or pour l'autrice d'embrayer ni vu ni connu sur un discours familier de ceux que l'avènement de la machine sur l'humain rend sceptiques voire totalement furax - les caisses automatiques, le do-it-yourself-online, l’écœurante course aux gadgets électroniques, ouais, vous voyez de quoi je parle. On se questionne mine de rien sur la place de la machine et de l'automate, sur la course au progrès et la finalité de tout ce boxonPas de quoi hyperventiler, je vous rassure : le tout arrive avec légèreté et trouve sans mal sa place au sein du combat que mènent les progressistes de Parisore face à ses technophobes. Finalement c'est à vous de voir ce que vous voulez retirer de cette lecture, vous êtes seuls maîtres à bord et je vous souhaite bon vent quoi que vous préfériez !

Et pour ceux qui ont la référence, Eros Automaton a aussi un petit côté de Chobits assumé qui fait du bien par où il passe.

Eros Automaton c'est donc une enquête, une romance, une lutte de politiques et un nid à automates ... mais peut-on pour autant parler de littérature steampunk ? Mouais, on peut, mais sur ce point le roman est extrêmement décevant. Hormis les automates qui occupent une place clé de l'intrigue et une unique mention de zeppelin pour la hype, tous les marqueurs steampunk que je m'attendais à trouver ici sont aux abonnés absents. Il y a bien des automobiles et des téléphones, mais à part les renommer avec style - autolocomotrice et phonotone, ça claque ! - et les jeter au détour d'un paragraphe comme on lance un bifteck à un puma, rien n'est exploité. L'autrice ne laisse pas de place à son monde si intelligemment revisité : la Galie, la Brittanie et l'empire alléman nous resteront à jamais inconnus, tout comme la belle Parisore, l'aspect de ses rues, la chaleur de ses dîners mondains et les rouages du monde mécanisé auquel elle appartient. Aucune description : rien qu'un texte au service d'une intrigue qui manque souvent de consistance et étouffe et un univers que je crevais de connaître.

Tout ce qui fait un excellent roman steampunk est sacrifié sur l'autel des dialogues qui n'en finissent pas de tomber et des amourettes difficiles à assumer. Reste un roman qui manque de piment, mais qui fait le taf' malgré tout et qu'on ne se déplaît pas à parcourir.

Si vous avez la chance de posséder Eros Automaton quelque part sur vos étagères et que la curiosité vous pousse à vous faire votre propre avis sur la bête, surtout chérissez-le bien car les éditions du Chat Noir n'en éditent plus. Le marché de l'occasion en voit passer un de temps à autres : 'y a plus qu'à aller à la pêche aux bonnes affaires ! Pour les petits curieux, Clémence Godefroy a plus récemment sorti Les Héritiers d'Higashi, premier tome d'une saga d'inspiration asiatique, et malgré ce premier rendez-vous en demi-teinte j'ai bien envie de tenter l'expérience un de ces quatre, OmbreBones y a veillé avec sa chronique d'enfer que je vous engage à parcourir (ici).

Note :  14/20

Date :   22 août 2019 - 24 août 2019

2 commentaires:

  1. C'est sympa de voir d'anciens bouquins ressortir de temps en temps, ça nous rappelle leur existence ^^

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    1. Bah, il est pas si vieux que ça, si ? :-D
      Enfin ça dépend, si tu l'as lu/vu à sa sortie, je comprends ! Ca nous rajeunit pas, tout ça ^^

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