22 sept. 2023

Les Dieux sauvages, tome 4 de Lionel Davoust - Wer, va te faire encul-t-er !



Auteur 
 : Lionel Davoust
Editeur : Critic
Genre : Fantasy, post-apo
Pages : 976 pages (grand format)

RésuméLa guerre entre les dieux sauvages fait rage. La forteresse de Rhovelle, Loered, est isolée ; Mériane, la Messagère du Ciel, l’espoir du peuple, dispose d’une armée qu’elle ne peut déployer. Ganner fait route librement vers Ker Vasthrion, où gît un pouvoir qui offrira à Aska la domination totale. Wer est en train de perdre, et dans les hautes sphères du pouvoir, les hommes se raccrochent à l’espoir insensé que la vertu les sauvera. L’union des provinces et l’ultime résistance contre l’envahisseur démoniaque doit venir d’un symbole fort. Face à la main-mise du clergé sur le pouvoir, il faut un nouveau roi à la Rhovelle. Parallèlement, l’étau se resserre autour de Mériane : quitte à tout perdre, l’Église de Wer ne saurait accepter qu’une femme la sauve. Trahie par ses alliés, rongée par l’usage prolongé de son armure de l’Ancien Temps, la Messagère du Ciel se voit glisser inexorablement dans les ténèbres. Mais au fond de l'abysse l’attend la clé pour mettre un terme définitif à la guerre. La vraie nature de Dieu.

Parution de cette chronique cinq mois après sa rédaction - nope, même pas honte !

Mon AvisVous connaissez la rengaine: non, je ne suis pas morte, juste occupée à faire de l’aqua-poney sur mon temps libre. Et la lecture passe ainsi à la trappe de même que les chroniques - je ne me fais d’ailleurs aucune illusion sur le peu de monde qui me lit toujours, aha ! Il n’empêche lire, c’est comme le vélo : ça ne s’oublie pas mais surtout, c’est toujours un plaisir ! Et revenir par ici pour discuter de mes dernières lectures aussi. Elles ne sont pas nombreuses, mais elles ont le mérite d’être là, et la première dont j’aimerais parler c’est le quatrième tome d’une saga monstrueusement bonne : Les dieux sauvages de Lionel Davoust, parue aux éditions Critic - et dont le premier tome a pour rappel rafflé le prix Elbakin 2017 du meilleur roman de frantasy français, je dis ça je dis rien. Toujours un vrai régal que de s’en mettre un tome sous la dent !

Lecteurs : Mais de quoi ça cause ton affaire, encore (avec le temps, on a oublié !) ?

Choupaille : De fantasy post-apo, pardi, doublé d’une réinvention de l’histoire de Jeanne d’Arc ! En l’an ± 400 après l’effondrement d’Asreth, en Evanégyre, les envahisseurs ne sont point Anglais mais Askalites : des aberrations de chair et de métal animées par la technologie magique et honnie d’un empire déchu. L’Eglise n’est pas catholqiue mais weriste, et Dieu (Wer) sussurre à l’oreille de Mériane, une paria – mais sourtout une femme, aïe aïe aïe ! Et dans ce tome quatre, plus précisément ...

... Leored, le Verrou du Fleuve, a TENU face aux hordes askalites venues conquérir la Rhovelle grâce à Mériane, le héraut femme de Wer venue inspirer les troupes acculées. Les Rhovelliens paient cependante cher cette victoire : son prix est l’isolement de la cité du mauvais côté du fleuve qu’elle tient. Avant de poursuivre Ganner et son armée qui se tournent à present vers la capitale Ker Vashtrion, Mériane et ses alliés doivent reprendre non sans mal pied sur la rive opposée occupée par le redoutable général Arcis. Au delà de ce défi s’en profile un autre, titanesque : unir la Rhovelle autour d’un nouveau Roi et rassembler les gens de foi autour de la Pucelle de Doélic. Car ce n’est que dans l’unité que Wer triomphera de son frère Aska, dans un épique face à face de leurs hérauts au pied de Ker Vashtrion. A moins que les dieux ne jouent selon leurs propres règles, et que les enjeux ne soient pas ceux que l’on soupçonne ?

Soyons brefs, j’ai vraiment beaucoup d’admiration pour Lionel Davoust. Entre autres projets professionnels il tient avec une constance et une rigueur épatantes une saga de déjà quatre tomes bien touffus dans un univers qui l’est encore plus. Dès le premier tome, on sait que Les dieux sauvages est une saga avec une fin déjà murie de longue date. S’en rapprocher un peu plus encore avec ce quatrième volume, faire quelques detours par les ruines d’Asrethia l’empire maudit et en apprendre toujours plus à son sujet, c’est hyper satisfaisant ! ... mais attention, il faut apprécier prendre son temps. Certains éléments de l'intrigue traînent à aboutir, et quand je dis ça je pense notamment à une certaine révélation concernant Wer et Aska : ça fait pas mal de bornes qu’on voit la destination se profiler au loin, alors entretenir encore tout ce mystère sur nos amis les dieux, au bout de quatre tomes déjà à teaser, ça commence à faire long. Mon petit message à l’auteur : ON. A. COMPRIS. Et j’aurais aimé que les protagonistes percutent aussi un peu plus vite – parce que là, le franc n'est toujours pas tombé chez tout le monde.

Non pas qu’ils soient lents d’esprits, hein, mais disons que quand on a été effectivement élevé dans la liturgie wériste, c’est le genre de révélation massive pour laquelle on est prêt à se coller toutes les oeillères du monde. Et puisque le récit se déroule pratiquement à vitesse réelle, ça explique que le sujet traîne sur un coin de table depuis quatre tomes. Mais il n’empêche en tant que lecteur, on a un peu envie de leur coller la tête sur ladite table pour accélérer le rythme ~ juste un peu.

« T’as imprimé là, Mériane ? T’as impriméééééé ? »

En parlant de rythme, comme je l’ai dit, le récit évolue à vitesse réelle. Pas (trop) de sauts improbables dans le temps : le conflit qui oppose les weristes aux askalites se déroule au rythme des armées qui piétinent et des chevaux qui trottent dans la forêt. Ne vous découragez pas, on a quand même droit à de grosses scènes de baston bien vivantes : le siège de Ker vashtrion, pour ne citer que lui, s’étend sur le dernier tiers du livre. J’ai quand même trouvé ça long, et j’ai eu du mal à passer au travers (il m’a presque fallu deux mois pour venir à bout du livre, on ne juge pas). Avis aux amateurs d’empoignades et de batailles pas si rangées : a défaut de quantité, il y a de la baston de qualité.

J’apprécie beaucoup cette approche réaliste qui renforce la dimension très humaine de l’histoire. Le rythme posé offre une meilleure proximité avec tous les personnages, surtout dans ce quatrième tome où chacun se complexifie encore advantage. Leopol et Chunsène, juste waouw. Je sens venir la question à un million : QUOI, Mériane n’est pas ma protagoniste number one ? Hé non, c’est la troisième sur la liste, mais vraiment parce que Chunsène et Leopol sont un niveau au dessus. D’autant que Mériane déguste si sévèrement dans ce tome qu'elle en devient méconnaissable voire un poil lassente – tout ça pour revenir avec davantage de fougue dans l’ultime ligne droite et, je n’en doute pas, dans le cinquième et dernier volume à paraître.

La fin de ce tome est incertaine pour une majorité de personnages (en plus d’avoir souffert tout du long, chacun est en fâcheuse position). La dream-team de Leored est explosée à travers la Rhovelle et j’ai hâte de savoir comment tout se mettra en place pour le grand final. Sans parler de mon excitation à savoir ce qu’il adviendra de ce petit merdeux de Wer et ses cultistes. Encore une fois ma lecture m’a donné envie de plonger dans les récits parallèles d’Evanégyre, alors en attendant la sortie de La succession des Âges, 2023 est peut-être la bonne année pour m’y coller ?

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