10 juin 2019

La trilogie du Tearling, tome 3 (fin) : Destin de sang de Erika Johansen - Prochainement dans vos salles

Auteur : Erika Johansen
Éditeur : Le livre de poche
Genre : Fantasy
Pages : 648 (format poche)

Le résumé : En moins d'un an, Kelsea Glynn est devenue Reine du Tearling, une reine puissante et visionnaire qui a transformé le royaume. Dans sa quête de justice, et pour mettre fin à la corruption, elle s'est fait de nombreux ennemis, notamment la Reine rouge, sa rivale la plus féroce, qui lui a déclaré la guerre. Pour protéger son peuple de l'invasion, Kelsea se livre à l'adversaire avec son saphir magique, et nomme Massue, son fidèle chef des gardes, comme régent. Massue va alors tout faire pour sauver sa reine, prisonnière de Mortmesne.



Ma chronique : Allez, autant ne rien se cacher : ma lecture de cet ultime tome de la trilogie du Tearling, j'y allais clairement à reculons. Maintes fois reportée et autant de fois dénigrée, j'ai fini par sentir le bon moment pointer le bout de son nez en cette fin de mois de mai et, sans me poser plus de questions que ça, j'ai plongé. Après deux tomes satisfaisants mais aux souvenirs guère impérissables (ici), je me voyais déjà me débattre inélégamment dans une eau glaciale alors que c'était plutôt une petite brasse tranquille dans de la flotte tiédasse qui m'attendait. En deux-trois longueurs reposantes, c'était plié. J'ai pas bu la tasse, j'ai pas eu de crampe impromptue ; franchement, c'était agréable et j'en ai été la première surprise.

Après une confrontation sanglante, l'armée Mort se retire enfin du royaume ravagé du Tearling. Suivant les ordres de la Reine Rouge, elle ne laisse dans son sillage ni pillage ni méfait d'aucune sorte. La grogne de la piétaille monte en conséquence et la position de la maîtresse de Mortmesne se fragilise alors que Kelsea vient de relâcher sur le Fairwitch un prédateur à la rancune tenace. Un individu que redoute la Reine Rouge par dessus tout malgré sa récente acquisition des légendaires saphirs Tear. Prisonnière volontaire de Mortmesne, Kelsea a laissé les rennes de ce qui reste de son royaume à Massue. De la détresse populaire à la démesure et l'ambition des instances religieuses du pays, Massue n'en oublie pour autant pas sa reine qui, aux dires de ses informateurs, croupit dans les geôles de la capitale Mort. Mais du fond de sa cellule et bien que privée de ses précieux saphirs, Kelsea fait toujours l'objet de visions en provenance du passé. Des visions riches en réponses et qui, peut-être, détiennent les clés de l'avenir ...

Une fois n'est pas coutume, c'est par le négatif qu'on va se lancer - on en cause une à deux minutes, puis on passe tranquillou à autre chose et sans rancune l'ami ! Malgré les manières de petite fille capricieuse que j'ai pu faire avant de me lancer enfin dans ce dernier tome, tout ce que j'ai finalement déploré dans cette saga ne tient qu'en un nom : celui de Kelsea. Arrêtez, chers auteurs, avec ces héroïnes de soi-disant caractère, arrêtez ! Enrober puérilité, bêtise, égoïsme et orgueil dans un nuage de nobles sentiments, non, ça ne fait pas une jeune femme admirable. Ca donne une empotée insupportable et à moins de partager le point de vue d'Anne-Sophie Girard selon lequel  « La femme parfaite est une connasse »,  ça passe mal côté lecteur : ça s'agace, ça grogne, ça râle. Point besoin d'avoir mauvais caractère pour être une femme remarquable, pardi ! Quand c'est qu'on percute enfin ? Quand c'est qu'on propose autre chose que des épouvantails transposables d'un roman YA à l'autre ? Bref j'ai bien grincé des dents, mais heureusement le récit en avait suffisamment sous le coude par la suite.

C'est qu'à part précipiter le pays dans le guerre avec force de geignements, d'impulsivité et de puérilité, elle a pas fait grand chose, la grande et noble Kelsea, et pourtant on la vénère à tour de bras. Ah, si j'avais su que c'était si simple de se mettre un peuple en poche ...

Car que de chouettes surprises dans ce dernier tome que j'ai dévoré en deux coups de cuiller à pot ! Les arcs narratifs se diversifient enfin, l'on y découvre une reine Mort au pied du mur, un régent un peu paumé dans ses nouvelles bottes et surtout des réponses très attendues. Le second tome nous en disait plus sur l'ère pré-traversienne et c’est à présent au troisième de nous éclairer sur les premiers moments qui l'ont suivie. Le cauchemar qui succède au rêve, la longue et lente dégénérescence d'une société utopiste, on y assiste par des yeux nouveaux : ceux de la jeune Katie. De l'origine des saphirs à la chute du rêve Tears, Erika Johansen révèle enfin ce qui végétait dans sa tête depuis un petit moment. C'est souvent brouillon mais l'essentiel est d'en tirer satisfaction et de ce côté-là, on est servis ! Le roman se lit pratiquement d'une traite, le ton est d'une fraîcheur et d'une légèreté à toute épreuve et la saison estivale le moment parfait pour s'y jeter. 

Ajoutez à cela une nouvelle menace façon buveurs de sang maudits et une conclusion à la X-men : days of future past, et le récit vire de l'aile pour offrir encore davantage de fantastique ... à défaut d'être systématiquement abouti et apprécié.

Destin de sang est à l'image de ses prédécesseurs : absolument pas contraignant et parfait pour qui souhaite faire une pause entre deux lectures plus riches. C'est le mojito qui fait des heureux en terrasse, rafraîchissant et passe-partout à défaut d'avoir du caractère. Une aventure hautement dispensable pour les lecteurs de fantasy assidus en quête de personnalité littéraire forte, donc, mais qui fait malgré tout du bien par où elle passe malgré une fin un poil simplette. Ca manque de piment, on frôle du doigt le bon vieux « et tout ça n'était en fait qu'on rêve ! », on craint de s'y casser les dents avant de réaliser qu'en fait tout va à peu près pour le mieux. Il y a bien un goût de « tout ça pour ça ? » qui reste comme en travers de la gorge, mais finalement rien de dramatique ni d'insurmontable. J'imagine que c'est là le lot des sagas qu'on apprécie parcourir d'un air distrait : on accepte davantage d'approximations et d'erreurs que d'ordinaire, on se fait concilliant parce que c'est là l'état d'esprit qui nous a accompagné tout du long. 

J'ai toutefois quelques réserves quant à l'adaptation prochaine du récit avec Emma Watson en première ligne - joli coup marketing en couverture, d'ailleurs - mais il y a matière à être agréablement surpris. A vous de voir si vous souhaitez vous lancer d'ici là, mais de mon côté je vous le dis :  rien ne presse. J'oublierai certainement cette saga, mais pas le moment rafraîchissant qu'elle m'a fait passer. Et comme mon système de notation est purement subjectif, va pour un petit quinze bien glacé !

Note : 15/20

Date :   31 mai 2019 - 03 juin 2019

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