Spoil spoil spoil, vous n’avez rien à faire là si vous n’avez pas lu les trois excellents tomes précédents! Ceux qui ont fait leurs devoirs peuvent rester.
Ce tome est probablement celui que j’ai eu le moins envie de commencer. Zoé n’était jusque là qu’un personnage lambda pour moi : pas le meilleur mais pas le moins bon de la saga ; disons un second rôle tout juste sympa mais sans plus. A bientôt vingt-neuf ans, le mieux que je puisse faire aujourd'hui c'est m'identifier à des trentenaires, alors l'héroïne adolescente ne me vendait pas du rêve. Et je ne vais pas vous cacher que l’idée de relire la même histoire que le tome 3, mais de son point de vue à elle, ça ne me bottait pas des masses non plus - l’exercice du “tome revisité” a trop été vu et revu sans que j'y adhère beaucoup. Je n'ai sauté le pas que parce que Zoé était un passage obligé, d’abord à reculons et puis à mesure que le livre évoluait, avec surprise et conviction. Zoé ne sera jamais mon tome préféré, mais c'était un aparté très intéressant.
D'abord Zoé est un tome qui apporte son lot d'éclaircissements et de consistance à l’affaire Roanoke, qu’on avait jusqu’alors vécu qu’à travers John et Jane, anciens soldats des forces de défense coloniale et administrateurs de la colonie. Il y était beaucoup question de politique et de diplomatie, et on n'avait finalement à peine effleuré la dimension humaine de la colonisation. Scalzi se rattrape avec ce tome mettant en avant la formidable résilience des colons, leur volonté farouche et surtout celle de ses colons ados. Malgré toute la place que la tranche douze - dix-huit occupe dans le roman, on ne vire pas dans le pur cliché adolescent. Le risque de brosser des portraits adolescents, c'était de devenir un roman à leur destination unique. Tous les publics sont finalement les bienvenus : les jeunes et les moins jeunes, l'important étant comme d'habitude d'avoir le sens de l'humour !
En matière de blague et de répartie mordantes, difficile de rivaliser avec Zoé. Son personnage est solaire, vif et bienveillant. Parfois même tellement qu'il en vient à manquer de naturel, aussi Zoé est-elle restée pour moi une gamine fictive. Ça ne l'a pas empêchée d'être particulièrement touchante à plusieurs moments à l'issue d'introspections d'une justesse impeccable. Déesse, "fille (adoptive) de" ça fait beaucoup pour quinze bougies, et elle en a gros. Comme pour les autres titres de la saga, la science-fiction n'est donc finalement pas le seul objet du livre, même si ça reste un gros morceau.
Comme je le disais plus haut Zoé apporte de nouveaux éléments à l'aventure Roanoke et à la politique des forces de défense coloniale. On en apprend davantage sur la quête solitaire qui a permis à Zoé de sauver Roanoke avec le renfort du peuple obin - pour qui on fond littéralement tous d'affection (en tout cas moi je les aime vraiment bien). A contrario les Consus apparaissent une fois de plus dans toute leur supériorité détestable. J'ai été ravie de les retrouver (j'aime l'ambivalence, oui oui), un peu comme je suis ravie de retrouver un bon méchant. J'espère les revoir prochainement, me semble-t-il qu'on n'a pas fini de sonder leurs secrets. Détiennent-ils notre salut à tous ? Telle est la question !
En bref ce quatrième tome fut une bonne lecture. Il me tarde malgré tout de retrouver une intrigue plus globale, recentrée sur le déploiement difficile de l'Humanité dans l'espace, avec la dose habituelle de mauvaise foi des FDC.
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