« Classique » ça fait désuet et ça renvoie à une fantasy d'un autre temps, alors je préfère parler de référence. Du genre que vous offrez chaque année à Noël à un proche (véridique, j'ai déjà offert le premier tome trois fois, alors c'est dire) et qui se taille une place de choix dans votre bibliothèque. Pour résumer ce qui fait d'Olangar un grand succès, je dirais : une fantasy sale et crasseuse dans une ville qui l'est tout autant (1), une trame aux revendications sociales modernes dans un contexte industriel émergeant (2), des héros meurtris et malmenés comme on aime (3).
Alors, on est tentés de mettre un pied à Olangar ?
Spoilers alert, j'attaque le retour plus spécifique du quatrième et dernier volume – décampez si vous n'avez pas lu les trois premiers !
Olangar souffre, Olangar pleure, mais Olangar se bat : depuis les égouts et les caves des tavernes, la résistance harcèle comme elle peut le nouveau pouvoir en place, celui des Duchés qui d'une poigne de fer étouffe la ville à l'agonie. Le peuple a froid, le peuple a faim et quand ce n'est pas la maladie qui sévit, ce sont les exécutions pour l'exemple qui fauchent les citoyens. Mais avec le Groendal aux côtés des Duchés ce sont les nains qui paient le prix fort de cette occupation depuis les treppos, ces camps de travail où le pouvoir les parque comme des bêtes. En bref Olangar meurt, et l'urgence de la situation pousse Torgend et Evyna dans leurs retranchements : ils ébauchent un plan fou pour libérer la ville de la férule des duchés, un plan désespéré qui nécessitera l'appui de la résistance naine plus que jamais divisée... et de quelques figures haut placées.
Quelle suite et quelle conclusion que voilà ! Un an après les évènements de Une cité en flammes, nous retrouvons Olangar et ses protagonistes-clés dans une détresse absolue : Olangar, c'est la terre des lions après que Scar en ait pris possession (à la différence qu'il n'y a jamais fait bon vivre initialement) ; ou plus sérieusement, c'est n'importe quelle ville européenne étouffée par l'occupation allemande lors de la seconde guerre mondiale. Clément Bouhélier nous a précédemment parlé de la lutte des classes, de la question écologique et de la chose politique ; il nous adresse aujourd'hui une piqûre de rappel sur l'importance de faire bloc face à l'intolérance et l'inhumanité, et les conséquences de la haine de l'autre (entre autres, loin de moi l'idée de surinterpréter et de politiser un texte à plusieurs niveaux de lecture). Une leçon qu'on vit à mille à l'heure à travers son récit haletant et ses personnages meurtris.
A l'image du profond désaccord entre les protagonistes de ce volume (Nockis, Baldek, Evyna, Torgend, Keiv, Reginald Laupos, Lec Rossio et j'en passe) et de leur incapacité à agir de concert, l'intrigue se veut sombre et tentaculaire. C'est chacun dans leur coin qu'ils vont agir à leur façon pour le bien (ou la chute) d'Olangar. Les méthodes et les résultats sont discutables et la situation part rapidement à vau-l'eau : dès les premières pages le rythme se veut très soutenu. On ne s'ennuie pas et on se délecte de ce capharnaüm regrettable et maîtrisé. Leçon numéro deux du Combat des ombres : « seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ». Une grosse partie du récit n'est que désaccord et actions persos, mais bien entendu sur la fin l'ordre fait son grand retour via des retournements de situations ingénieux (je ne m'étais pas laissée dupée et je n'en suis pas peu fière, a-ha !) et on assiste à des scènes d'anthologie dignes des émois du premier tome Bans et barricades.
Olangar rejoint le club très select des sagas qui tiennent la route de leurs débuts à leur conclusion.
Pour terminer sur un point plus fâcheux qui n'engage que moi (histoire de nuancer un peu cette chronique, quand même), j'ai regretté l'utilisation abusive du flash-back le long de ce dernier volume. Pratiquement tous les retournements de situation tournent autour de ce procédé. On en fait trop usage pour moi, même s'il faut avouer que la double narration présent/passé et ses allers-retours permanents insufflent beaucoup de rythme à l'ensemble. Le nouvel arc narratif autour du dispensaire mystérieusement mis à sac et du ténébreux preneur de visages ne m'a pas passionnée non plus, mais ensuite, enfin, il y a cette conclusion douce-amère, belle et tragique à la fois qui met un point final à quatre volumes qui m'ont régalée.
Une référence, je vous dis !
Note : 17/20
Je suis pas mal curieuse, je ne connaissais pas du tout, mais ton super avis sur ce tome me donne bien envie de découvrir cette saga et cet auteur ^^
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