2 juin 2019

Le pays de la liberté de Ken Follett - La romance qui fait dans le social

Auteur : Ken Follett
Éditeur : Le livre de poche
Genre : Roman historique, Romance
Pages : 476 (format poche)

Le résumé : Entre le jeune Mack, condamné à un quasi-esclavage dans les mines de charbon des Jamisson, et l'anti- conformiste Lizzie, épouse déçue d'un des fils du maître, il n'a fallu que quelques regards et rencontres furtives pour faire naître l'attirance des cours. Mais dans la société anglaise du XVIIIe siècle, encore féodale malgré les idées neuves de ses philosophes, l'un et l'autre n'ont de choix qu'entre la soumission et la révolte. Rebelle, fugitif, repris et condamné, Mack ne reverra Lizzie que dans la plantation de Virginie où on l'a déporté pour le travail forcé. Alors seulement ils comprendront que le bonheur se gagne en forçant le destin. Des crassiers de l'Ecosse aux docks de la Tamise, de l'Amérique esclavagiste aux premières incursions vers l'Ouest encore vierge, l'auteur des Piliers de la Terre nous entraîne ici dans une superbe épopée où la passion amoureuse se confond avec l'aspiration de toute une époque à la liberté et à la justice.

Ma chronique : Ken Follett c'est un peu la valeur sûre vers laquelle j'aime me tourner quand je végète dans l'incertitude et l'indécision. C'est le dessert qui passe crème après un repas copieux, c'est le casse-dalle idéal quand il y a trop - ou pas assez - dans les placard pour se satisfaire ; bref, c'est un petit refuge littéraire hors du temps qui ne fait jamais défaut. Et pourtant, pourtant, que de difficultés à passer au travers du Pays de la liberté. Que de difficultés à mastiquer et à admettre avec regret que, clairement, ce mets-là n'est pas le meilleur du chef mais peut-être bien son moins bon. Coup d’œil sur une lecture en demi-teinte mais pas dégueu pour autant - faut pas déconner, ça reste du Ken Follett, quand même.

Irlande, 1767. Malachi McAsh, dit Mack, travaille dans l'enfer des mines de charbon de la famille Jamisson depuis sa petite enfance. La tâche est éreintante, dangereuse, et si Malachi ne fait rien c'est dans ces boyaux obscurs qu'il terminera sa vie. Volontaire et futé, il contacte un homme de loi londonien et obtient gain de cause : le maître de la mine n'a pas le droit de l'asservir de la sorte. Mal en point mais déterminé, Mack quitte son village natal sans regret - si ce n'est celui de laisser derrière lui sa sœur jumelle et, surtout, la belle et indépendante Lizzie Hallim, promise à Jay Jamisson. Mais leurs routes sont destinées à se croiser de nouveau, au gré des épreuves que traversent l'un et l'autre. Des ténèbres des mines irlandaises aux grands espaces virginiens, en passant par les docks londoniens ; le récit du combat de Mack et Lizzie pour une liberté et une indépendance qu'il leur faut durement arracher aux mains de ceux qui les leur ont dérobées.

Ken Follett n'est plus un auteur à présenter. Romancier émérite, historien officieux, il a le sens du détail, de la narration et du suspens et à chaque roman c'est une déferlante temporelle qui m'arrache à mon XXIe siècle. J'atterris là où le bon vouloir de l'auteur m'emporte, et en général ça vaut largement le déplacement. Avec Le pays de la liberté, c'est l'Europe du XVIIIe et le Nouveau-Monde qui nous ouvrent leurs bras déjà bien chargés des luttes sociales de l'époque, et le moins qu'on puisse dire c’est que ça remet pas mal d'idées en place et de pendules à l'heure. Il y a comme un écho entre le roman et la grogne actuelle, et à filer au travers on saisit avec étonnement - ou pas - certains rouages communs au passé et au présent. La lutte de Mack pour la liberté et la justice salariale parle à chaque travailleur et ce d'autant plus que le climat actuel s'y prête sans mal. On s'insurge avec lui mais, surtout, on en apprend davantage sur les combats menés, gagnés ou perdus, dans un monde où la révolution française et la guerre d'indépendance américaine commencent gentiment à pointer le bout de leur nez.

Dis-moi d'où tu viens, je te dirais où tu iras et tout le tralalala ; Le pays de la liberté est un must-read pour les militants qui souhaitent comprendre ce qu'il y eut pour savoir ce qu'il adviendra.


Comme dans tout bon roman de l'auteur il y a donc matière à réflexion, mais pour en arriver jusque là il faut hélas gratter longuement et avec acharnement une large couche de romance pas forcément bien jouée. La recette gagnante d'un bon Follett en comprend forcément une, c'est une constante chez le bonhomme et il faut avouer que d'ordinaire ça passe crème, sauf dans ce cas précis où le flop est retentissant. La romance entre Mack et Lizzie phagocyte l'entièreté du récit et n'en laisse qu'une bouillie peu appétissante pour qui se délecte ordinairement des écrits touchent-à-tout de l'auteur. On sent le roman fragile, pratiquement inexistant sans elle ; un déséquilibre qui fait peine à voir et qui rend la progression du lecteur moins passionnante que ce qu'elle aurait pu être si le dosage avait été plus équilibré. Il y avait matière à creuser plus loin, notamment lorsque Mack débarque en Virginie et se met à rêver du grand ouest, et c'est une vraie déception de constater que Ken Follett souhaite ce coup-ci en rester là.

Le pays de la liberté vacille et boitille, fermement accroché à une béquille à l'eau de rose qu'on aimerait voir plus discrète. Il n'empêche, passer au travers du roman est loin d'être un calvaire. Il y a suffisamment de leçons à tirer de cette époque pas si lointaine pour rendre le récit intéressant et enrichissant malgré ses défauts, et moi ça m'a suffi. Je n'en attends que d'un pied encore plus ferme la prochaine parution du bonhomme !


Note : 15/20

Date :  28 mai 2019 - 30 mai 2019

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